Le tiers payant, qui permet de ne pas avancer l’argent d’une consultation chez le médecin, sera généralisé en 2017, annonce la ministre de la Santé Marisol Touraine dans un entretien au quotidien Libération à paraître lundi.

«D’ici à 2017, quand vous irez voir votre médecin, vous n’aurez plus à avancer le prix de la consultation» et «dès la fin de l’année prochaine», le tiers payant sera ainsi possible pour les ménages aux revenus modestes», indique la ministre, dont les propos ont été confirmés par son entourage.

Mme Touraine doit détailler lundi la stratégie nationale de santé du gouvernement. Cette proposition de généraliser le tiers payant pour les consultations chez des médecins du secteur 1 (ne pratiquant pas de dépassement d’honoraires) figure dans le rapport du comité des sages présidé par Alain Cordier, ancien directeur de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).

Actuellement, le tiers payant est octroyé seulement aux bénéficiaires de la CMU-C (couverture maladie universelle) et de l’AME (Aide médicale d’Etat).

Le tiers payant, qui se pratique déjà en pharmacie, permet au patient de ne pas avancer l’argent de la consultation, remboursée directement au médecin par l’assurance maladie et la complémentaire.

Si certains syndicats sont tout à fait favorables à cette pratique, à l’image de MG-France, principal syndicat de généralistes, d’autres sont plus sceptiques, pointant les difficultés techniques de mise en oeuvre.

La ministre de la Santé annonce aussi dans Libération que pour faciliter l’accès aux soins dans les déserts médicaux le gouvernement va ouvrir «très prochainement» plus de 300 maisons de santé pluridisciplinaires  et installer les «praticiens territoriaux».

«Il y en aura 200 à la fin de l’année, indique-t-elle. «Ce sont des médecins généralistes qui s’installent dans des zones désertées, et on leur assure un revenu garanti de 3 .600 euros par mois».

La ministre de la Santé promet aussi que les «critères des contrats» des mutuelles seront «renforcés» dans la prochaine loi de financement de la Sécurité sociale, présentée jeudi, car «la qualité des complémentaires santé doit être garantie aux Français».

Sur les droits des patients, Marisol Touraine affirme qu’ils vont «franchir une nouvelle étape», avec «dès l’année prochaine la possibilité d’actions de groupe en matière de santé».

Plus globalement, explique la ministre, la stratégie nationale de santé ne vise ni à «étatiser la médecine générale ni à marginaliser l’hôpital, mais à organiser le parcours de soins autour du patient».

Selon le quotidien Libération, le gouvernement a par ailleurs l’intention de relancer le dossier médical personnalisé pour faciliter l’échange d’informations entre professionnels de santé, au premier bénéfice des personnes âgées ou atteintes de maladies chroniques.

Lundi, Mme Touraine doit détailler la stratégie du gouvernement en matière de santé. Début février à Grenoble, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait plaidé pour «une réforme structurelle de notre système de santé», afin de mieux organiser le parcours de soins de chaque patient, tout en réduisant les inégalités croissantes d’accès aux soins.

Reste à savoir comment sera financée cette stratégie, dans un contexte de contrainte budgétaire.

AFP