• Le Tribunal des crimes contre les femmes de Birmanie

     Le Tribunal des crimes contre les femmes de Birmanie

    La Nobel Women’s Initiative and la Women’s League of Burma ont publié une synthèse sur les conclusions du Tribunal
    international sur les crimes commis contre les femmes en Birmanie, qui s’est tenu à New-York le 2 mars dernier.
    Ce rapport présente les témoignages de 12 femmes qui ont brisé le silence sur les violations des droits de l’Homme perpétrées par le régime militaire. Heisoo Shin, Jody Williams, Shirin Ebadi, et Vitit Muntarbhorn, en tant que juges, ont documenté la totalité des conclusions et adressé des recommandations au régime birman, à l’ASEAN et aux membres de la communauté internationale.
     
    Jody William a reçu le prix Nobel de la paix en 1997. Shirin Ebadi a reçu le Prix Nobel de la paix en 2003. Elles sont
    co-fondatrices de la Nobel Women’s Initiative, une organisation internationale basée à Ottawa. Vous pouvez retrouver la synthèse du Tribunal international sur les crimes commis contre les femmes en Birmanie, comprenant l’ensemble des déclarations sur les recherches et recommandations des juges, à partir du site : www.nobelwomeninitiative.org
     
    « Les élections en Birmanie sont attendues pour 2010. Le gouvernement militaire prétend qu’il s’agit d’une étape vers la
    démocratie mais tout semble prouver le contraire. Sous la direction de notre soeur lauréate du prix Nobel Aung San Suu
    Kyi, le principal parti d’opposition, la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) a récemment préféré la dissolution
    plutôt que la participation à un processus électoral tronqué. La LND estime que ces élections ne seront qu’une supercherie permettant la pérennisation du pouvoir militaire. Sous ce régime, la violence et les violations des droits de l’homme ont été pendant des années une réalité quotidienne en Birmanie.
    Pendant ce temps, Aung San Suu Kyi a fêté son 65ème anniversaire(le 19 juin) en résidence surveillée. Cela fait 14 ans qu’elle est privée de liberté et 20 ans depuis qu’elle a été élue démocratiquement par le peuple birman.
     
    Son histoire est extraordinaire, mais aussi emblématique de la souffrance de centaines de milliers de femmes en Birmanie. Comme Aung San Suu Kyi, elles sont prisonnières d’une vie de misère sous le joug d’un régime brutal, au beau milieu de l’une des plus importantes guerres civiles du monde, ce que l’on oublie souvent.
     
    Nous avons récemment rencontré certaines de ces femmes lorsque nous étions juges au Tribunal international contre les
    crimes commis contre les femmes en Birmanie.
    Chang Chang a raconté l’attaque et le viol collectif dont elle a été victime dans son village par un groupe de soldats de
    l’armée birmane. Pire encore, elle a ensuite été humiliée et rejetée par sa propre communauté lorsque la nouvelle de
    l’attaque s’est répandue.
    Naw Ruth Tha a décrit les longues journées durant lesquelles elle était forcée par les soldats à porter de lourdes charges sur son dos puis les longues nuits durant lesquelles elle était violée par ces mêmes soldats. Elle était enceinte de cinq mois à cette époque.
    Quant à Ma Pu Sein, elle s’est mise à pleurer lorsqu’elle a raconté comment les soldats ont brûlé tout son village. Une jeune femme a commencé son témoignage en déclarant : « Je partage avec vous une histoire banale, qui, dans sa banalité, est devenue normale ».
     
    En effet, chacune de ces femmes parle au nom des centaines de femmes, d’enfants et d’hommes qui, pendant des décennies, ont lutté sous l’oppression de la junte. Leurs histoires vont de l’emprisonnement et de la torture de dissidents politiques au recours de civils comme esclaves sexuels ou démineurs humains. Les témoignages que nous avons entendus au tribunal confirment de nouveau que les actions du régime conduisent à des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et descrimes qui doivent être soumis aux juridictions internationales. On ne doit pas laisser ces violations des droits de l’Hommecontinuer. La communauté internationale doit agir maintenant pour la justice en Birmanie.
     
    Un moyen d’action serait que le Conseil de sécurité de l’ONU envisage d’instaurer une commission d’enquête sur la
    probabilité de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre perpétré en Birmanie. Une telle commission serait une
    première étape sur la voie menant à la Cour pénale internationale. Le rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’Homme en Birmanie, Tomas Quintana, a demandé la création d’une telle commission.
    Cette demande a été relayée par la Grande-Bretagne, l’Australie, la Suède et la république Tchèque (et bien d’autres). Avec nos collègues juges de tribunal,nous demandons au Conseil de sécurité de commencer à déférer la Birmanie devant la Cour pénale internationale par la création d’une commission d’enquête. Il est grand temps que la communauté internationale montre autant de courage que les femmes de Birmanie. Il est grand temps non seulement qu’une commission d’enquête soit créée mais aussi que la communauté internationale dénonce les élections à venir comme étant une mascarade. »

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