• Législation à l'encontre des mannequins trop maigres : la France à la traîne

    Législation à l'encontre des mannequins

    trop maigres : la France à la traîne

    Certains pays ont pris des mesures afin de lutter contre les images d'extrême maigreur véhiculées par la mode. L'évolution de la législation reste difficile, et la France ne fait pas exception.

     

    Deux amendements visant à lutter contre les images de maigreur véhiculées par la mode et contre l'apologie de l'anorexie ont été déposés dans le cadre du projet de loi Santé. Les porteurs de ces textes s'appuient notamment sur des initiatives similaires menées à l'étranger. La mort, en 2006, d'une jeune mannequin de 18 ans souffrant d'anorexie, avait poussé plusieurs États à envisager une action contre ce phénomène. Tour d'horizon des mesures plus ou moins contraignantes visant l'extrême-maigreur dans la mode.

    • En Espagne

    Aucune législation réellement contraignante n'existe à l'échelle nationale. La ville de Madrid figure nénamoins parmi les précurseurs dans la lutte contre l'extrême maigreur des mannequins. Dès septembre 2006, la capitale a interdit aux mannequins au-dessous d'un certain IMC de défiler lors du Pasarela Cibeles, événement majeur de la mode dans la ville. Le seuil de l'IMC était fixé à un minimum de 18, soit 52 kg pour une taille d'1,70 m, ou 56 kg pour 1,75 m.

    Quelques mois plus tard, en 2007, le gouvernement espagnol a passé un accord sur le sujet avec certaines grandes marques du pays, telles que Zara ou Mango. Ces enseignes se sont engagées à ne pas exposer dans leurs vitrines des mannequins d'une taille inférieure au 38 et de ne pas reléguer les grandes tailles au fin-fond du magasin. L'Agence catalane de qualité d'Internet (Iqua) avait également exigé la fermeture de quatre blogs incitant à l'anorexie ou à la boulimie, fin 2007. Le pays était, à l'époque, le seul à appliquer de telles mesures contraignantes.

    • En Italie

    Là encore, un manifeste anti-anorexie a été adopté en février 2007. Il interdit la participation à des défilés aux jeunes filles de moins de 16 ans et impose aux mannequins de présenter un certificat médical prouvant qu'elles ne souffrent d'aucun trouble alimentaire. Plusieurs mannequins avaient par la suite été exclues de défilés de mode pour leurs «mensurations anormales».

    En août 2014, une proposition de loi «multipartite» - proposée par plusieurs partis - et portée par la députée Michela Marzano visait à sanctionner les gérants de sites pro-anorexie, ou «pro-ana». À l'image des amendement défendus en France par le député Olivier Véran, le texte prévoyait de faire de l'apologie de l'anorexie un délit, permettant ainsi des poursuites judiciaires et des peines d'emprisonnement. La proposition a suscité un vif débat en Italie, de nombreuses voix pointant le caractère stigmatisant d'une telle mesure à l'encontre des contributeurs de sites pro-anorexie, souffrant eux aussi le plus souvent de troubles alimentaires et psychiques. Le texte n'a connu aucune avancée depuis.

    • En Grande-Bretagne

    Plusieurs recommandations ont été émises en 2007 par une commission composée de mannequins, de couturiers et de responsables de l'industrie de la mode. Parmi elles figuraient le lancement d'une étude portant sur les troubles alimentaires dont sont victimes certaines jeunes filles ainsi que l'introduction d'un IMC minimum comme en Espagne. Le Conseil britannique de la mode (BFC) a par la suite rendues obligatoires le certificat médical pour participer à des défilés. Une jeune fille souffrant de désordres alimentaires ne peut par ailleurs défiler que si sa pathologie est «sous contrôle».

    • En Belgique

    Une première charte pour lutter contre l'anorexie a été proposée aux professionnels de la mode en 2009. En 2013, trois députés wallons ont souhaité aller plus loin et ont milité en faveur d'une législation contre l'anorexie, en avril 2013. Le texte proposait notamment d'obliger les publicitaires à mettre en place un signalétique spécifique, mentionnant notamment la retouche d'une image de mode pour amincir le mannequin ou l'âge du modèle, et la création d'un numéro vert. Le Parlement wallon a adopté à l'unanimité ce texte en novembre 2013. Les députés demandaient également au gouvernement fédéral d'agir, mais aucune mesure n'a été prise à cette échelle.

    • En Israël

    Le pays a été le premier à mettre en place une loi interdisant le recrutement de mannequins trop maigres, que ce soit pour un défilé ou pour poser sur des photos de mode. Entrée en vigueur au 1er janvier 2013, la législation interdit la présence des hommes et femmes dont l'IMC est inférieur à 18,5 dans les médias israéliens ou dans les défilés organisés dans le pays. Elle oblige pour cela les recruteurs à demander une attestation d'IMC de moins de trois mois à l'embauche d'un mannequin. La loi permet des poursuites à l'encontre des sociétés ayant produit ou diffusé des images ne respectant pas ces règles.

    Ce même texte législatif a également mis en place la «loi Photoshop», telle qu'elle a été surnommée: en cas de modification de l'image en vue d'amaigrir le mannequin par un logiciel de retouche, la modification doit obligatoirement être mentionnée. «La mise en garde doit être claire et visible, en couvrant au moins 7% de la surface de la pub», précisait le Jérusalem Post en 2013. Ces règles s'appliquent à tous les types de supports publicitaires, exceptés les médias dont le cœur de cible n'est pas israélien, comme certains magazines étrangers.

    • Aux États-Unis

    Le Conseil des designers de mode américain (CFDA) a diffusé en 2007 une charte visant à mieux détecter et prévenir les troubles alimentaires des mannequins. Aucune mesure contraignante n'existe cependant. À New York, la législation encadre plus clairement les mannequins mineurs depuis octobre 2013, en les faisant notamment suivre par un professionel de santé.

    Aux États-Unis, la «coalition contre les désordres alimentaires» (EDC) milite depuis une quinzaine d'années pour des mesures applicables dans le domaine de la mode. L'association a notamment demandé en 2014 la mise en place d'un texte de loi obligeant les publicitaires à mentionner toute retouche d'image visant à amincir le mannequin, après avoir défendu plusieurs projets de loi visant à mieux prévenir l'anorexie. La pétition lancée en parallèle a recueilli plus de 41.000 signatures.

    • En France

    Les seules tentatives d'action contre l'extrême maigreur dans le milieu de la mode ont été menées en 2008. La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, et les organisations représentatives des professionnels du secteur ont ainsi signé une charte pour lutter contre l'anorexie. Les signataires se sont engagés à «ne pas accepter la diffusion d'images de personnes, notamment si elles sont jeunes, pouvant contribuer à promouvoir un modèle d'extrême maigreur». Un texte de loi porté par la députée UMP Valérie Boyer prévoyant des sanctions à l'encontre des sites pro-anorexie avait par ailleurs été adopté par l'Assemblée. Mais le texte n'est jamais arrivé jusqu'au Sénat et n'est donc resté qu'à l'état de proposition.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :