Les Luxembourgeois ont rejeté massivement, dimanche 7 juin, trois propositions de réforme soumise à un référendum. La première question portait sur l’octroi du droit de vote aux législatives pour les résidents étrangers, vivant depuis plus de 10 ans au Grand-Duché et ayant déjà participé à un scrutin, municipal ou européen. La deuxième évoquait l’octroi du droit de vote à partir de 16 ans – au lieu de 18 actuellement. La troisième concernait une éventuelle limitation à 10 ans au maximum pour l’exercice d’un mandat ministériel – l’ancien premier ministre Jean-Claude Juncker fut premier ministre durant 19 années.
Les électeurs qui se sont rendus aux urnes dans les 105 communes du pays (le vote est obligatoire au Luxembourg) ont voté massivement « non » aux trois questions : on ne relevait que 21,98 % d’électeurs favorables au vote des étrangers, 19,13 % pour le vote des jeunes et 30,07 % pour la limitation dans le temps de la fonction ministérielle. Des scores sans appel, très éloignés de qu’avaient annoncé les sondages.
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Même si les trois partis de sa coalition (libéral, socialiste et écologiste), appuyés par la gauche radicale, avaient appelé clairement à répondre par l’affirmative aux trois propositions, le premier ministre avait pris soin de préciser que, quelque soit le résultat, sa position ne serait pas affectée. « Ce ne sera pas un vote pour contre moi », avait indiqué le libéral Xavier Bettel, en poste depuis décembre 2013. Selon lui, il s’agissait simplement, par ce référendum consultatif, de donner la parole aux électeurs sur d’importantes questions, dont certaines auraient dû entraîner un changement de la Constitution – et une autre consultation. Dès dimanche soir, certains élus d’opposition réclamaient toutefois la démission du chef du gouvernement.
Une population restée traditionnaliste
Ce réformateur pressé aura, en tout cas, assez largement mésestimé la volonté de changement de ses concitoyens. Il avait dit vouloir faire du Grand-Duché « un pays moderne et reconnu comme tel » mais se heurte manifestement aux réticences d’une population restée plutôt traditionnaliste, qui estime majoritairement (56 % selon une récente enquête) que nationaux et étrangers « ne vivent pas vraiment ensemble », alors que ces-derniers représentent 46 % de la population.
Il paraît évident que le jeune dirigeant devra désormais freiner certaines de ses ardeurs, sauf à prendre le contre-pied d’une population qui ne l’a pas porté au pouvoir en raison d’un grand appétit de changement mais plutôt pour témoigner de sa lassitude à l’égard de Jean-Claude Juncker, empêtré en outre, à la fin de son mandat, dans un scandale concernant la fonctionnement des services secrets.
Le parti chrétien social (CSV) de l’ex-premier ministre avait appelé à répondre par un triple « non » aux questions posés, comme le parti réformiste d’alternative démocratique (ADR), une formation conservatrice et populiste. Soucieux de ne pas être assimilé à ce parti classé à la droite de la droite, le CSV pourrait, pensent certains observateurs, annoncer à l’avenir une autre initiative en faveur du vote des étrangers. Ce n’est toutefois qu’une pure hypothèse désormais, compte tenu de l’ampleur du rejet exprimé dimanche.
S’ils avaient obtenu le droit de vote, 35 000 résidents étrangers auraient pur prendre part aux futures élections législatives. Quelque 258 000 autres étrangers et Luxembourgeois âgés de moins de 18 ans n’ont pas le droit de vote, sur une population totale d’environ 550 000 personnes.