• Les Marocains invités tous azimuts à répondre "oui" aux réformes

    Les Marocains invités tous azimuts à répondre "oui" aux réformes

    RABAT — Les autorités marocaines ont invité jeudi les électeurs à soutenir les réformes constitutionnelles proposées par le roi Mohammed VI, à la veille du référendum qui prévoit un rééquilibrage partiel du pouvoir exécutif au profit du Premier ministre.

    "Demain participez et votez pour la nouvelle constitution", écrit en Une le quotidien L'Opinion, organe du parti conservateur Istiqlal du Premier ministre Abbas al Fassi.

    "La quasi totalité du peuple marocain a exprimé sa détermination à voter +oui+ pour la nouvelle constitution qui garantit leurs droits fondamentaux et leurs libertés essentielles", ajoute le journal qui invite à une forte participation à voter "oui", à l'instar de la majorité des quotidiens du royaume et des partis depuis dix jours.

    Confronté au printemps arabe, qui a mis fin au long règne des dirigeants tunisien et égyptien, Mohammed VI a présenté le 17 juin un projet de nouvelle constitution censée renforcer le rôle du Premier ministre et du parlement, mais où le souverain reste omniprésent dans le jeu politique.

    Le nouveau texte prévoit que le Premier ministre, issu du parti vainqueur aux élections, pourra dissoudre la chambre des représentants, ce qui était du seul attribut du roi avant le projet de réformes.

    Le roi conserve cependant le contrôle de secteurs clés: défense, affaires religieuses, ainsi que les nominations à caractère stratégique comme les gouverneurs des provinces qui représentent le ministère de l'Intérieur.

    Cette réforme n'établit pas pour autant une véritable monarchie parlementaire réclamée par le Mouvement de jeunes du 20 février, porte drapeau la contestation dans la rue, et qui boycotte un projet "octroyé" par le roi.

    Malgré l'importance de l'enjeu --sur fond de bouleversements dans le monde arabe --les Marocains ont disposé de quelques jours seulement pour réfléchir aux réformes.

    Le projet vise à "consolider les piliers d'une monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale", avait déclaré Mohammed VI dans son discours adressé à la nation le 17 juin.

    Mais la campagne officielle a singulièrement manqué de tonus et s'est faite à sens unique, en faveur du +oui+ et en l'absence d'une campagne pour le +non+, les opposants appelant majoritairement au boycott.

    La plupart des partis politiques ainsi que deux grands syndicats ont appelé à voter pour le projet, à l'exception de trois formations de gauche qui ont appelé à boycotter le scrutin.

    "Il s'agit d'un +octroi+ qui vient par le haut. Le roi répond aux revendications pour des réformes, mais il le fait à sa manière, et selon son calendrier", a indiqué à l'AFP Khadija Mohsen-Finan, chercheuse spécialisée dans le Maghreb.

    "Et, il n'y pas eu de demande ferme (pour un débat) de la part des partis politiques, intellectuels et juristes, associés au projet" de constitution, a-t-elle regretté, estimant que ces derniers auraient pu faire cette demande "pour laisser le temps au débat".

    "Visiblement le Palais cherche à fair passer sa réforme au forceps, sans laisser à la société civile le temps de s'organiser", soutient Ahmed Benchemsi, chercheur à l'Université Stanford, aux Etats-Unis, dans un point de vue publié dans le journal parisien Le Monde.

    "Sur plusieurs points, le roi donne l'impression d'avoir donné les clés au Premier ministre (...) tout en gardant le double dans sa poche", écrit l'hebdomadaire francophone marocai TelQuel, tout en reconnaissant des "avancées".

    Tel n'est pas l'avis du journal Le Matin, proche du pouvoir, qui estime jeudi que le texte proposé "est plus avancé que celui français en matière d'équilibre des pouvoirs. Car en France, le président de la République est à la fois chef de la majorité parlementaire et chef de gouvernement"


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