Le CHU de Reims ne s’est finalement pas prononcé, jeudi 23 juillet, sur un arrêt ou non des traitements apportés à Vincent Lambert. Alors que la famille du patient tétraplégique, en état végétatif irréversible depuis 2008, a été reçue à l’hôpital, en début d’après-midi, l’établissement a au contraire annoncé qu’il suspendait la procédure collégiale mise en place le 8 juillet pour statuer sur sa situation.
Dans un communiqué, le CHU de Reims explique que « les conditions de sérénité et de sécurité nécessaires à la poursuite de la procédure ne sont pas réunies ». Il suspend donc la procédure placée sous sa responsabilité et plaide pour le rétablissement « d’un échange serein, dans l’intérêt de Vincent Lambert et de son accompagnement ». Daniela Simon, docteure et directrice du service où Vincent Lambert est hospitalisé, a dit estimer qu’il était de son devoir de saisir le procureur pour statuer sur la représentation globale de son patient.
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Depuis qu’une nouvelle procédure collégiale avait été engagée par les médecins il y a huit jours, les différentes parties – l’épouse Rachel Lambert, et son neveu d’un côté, les parents accompagnés des frères et sœurs de l’autre – avaient été conviées au CHU de Reims pour un premier conseil de famille le 15 juillet.
A l’issue de cette réunion, les parents et deux de leurs enfants avaient porté plainte contre le CHU de Reims, et les médecins chargés de leur fils pour « tentative d’assassinat et séquestration ».
Un marathon judiciaire
Le 5 juin dernier , la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) avait confirmé l’avis du Conseil d’Etat qui estimait que la poursuite des soins du patient constituait une obstination déraisonnable et validait la décision médicale de suspendre son alimentation et son hydratation artificielles en l’accompagnant par des soins palliatifs.
Déterminés à s’opposer par tous les moyens à la décision des médecins, les parents de Vincent Lambert, proches des milieux catholiques intégristes, devraient à nouveau saisir le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne en référé liberté pour s’opposer à l’éventuel arrêt des soins et poursuivre leur marathon judiciaire débuté au printemps 2013.
Une procédure qui a peu de chance d’aboutir compte tenu des arrêts du Conseil d’Etat et de la CEDH, mais qui pourrait encore retarder la mise en place du protocole de fin de vie, selon une source juridique proche du dossier.