JERUSALEM (AFP) - Les Palestiniens ont accusé dimanche Israël d'avoir torturé à mort un détenu palestinien, un décès qui a déclenché de nouvelles violences en Cisjordanie occupée où la tension monte.
Face à la poursuite de la mobilisation, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exigé de l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas qu'elle maintienne le calme en Cisjordanie, illustrant la crainte d'Israël de voir la situation hors de contrôle.
Les manifestations de solidarité avec les quelque 4.700 Palestiniens emprisonnés par Israël, dont onze sont en grève de la faim, ont de nouveau dégénéré en heurts au lendemain de la mort d'un jeune détenu.
Dans le même temps, la quasi-totalité de ces prisonniers ont observé une journée de jeûne pour protester contre le décès en détention d'Arafat Jaradat, un Palestinien de 30 ans, a affirmé à l'AFP la porte-parole de l'administration pénitentiaire israélien, Sivan Weizman.
Selon le ministre palestinien des Prisonniers, Issa Qaraqaë, citant le médecin-légiste palestinien qui a participé à l'autopsie dimanche, le jeune homme est mort de "tortures".
Les résultats préliminaires de l'autopsie "prouvent qu'Israël l'a assassiné", a déclaré M. Qaraqaë. Le ministre a divulgué des détails de l'expertise, mentionnant des blessures et des contusions sur le dos et à la poitrine, des traces de torture sur le haut de l'épaule gauche ainsi que deux côtes cassées.
De son côté, le ministère israélien de la Santé a estimé que les premières constatations n'étaient "pas suffisantes" pour déterminer la cause de la mort.
Les autorités israéliennes ont attribué le décès du détenu "probablement" à une crise cardiaque.
Selon le Shin Beth, le service de la sécurité intérieure israélien, qui l'interrogeait pendant sa détention, le Palestinien a été "victime d'un malaise" samedi après le déjeuner dans la prison de Megiddo (nord d'Israël).
Funérailles à haut risque
Arafat Jaradat, un activiste du parti nationaliste Fatah, avait été arrêté le 18 février pour être interrogé par le Shin Beth à la suite de heurts près de la colonie de Kiryat Arba, à proximité d'Hébron (sud de la Cisjordanie), au cours desquels un Israélien avait été blessé le 18 novembre 2012.
Il doit être inhumé lundi matin dans son village natal de Sa'ir, à côté d'Hébron, des funérailles qui pourraient donner lieu à de nouveaux affrontements.
"Israël a transmis une demande sans équivoque à l'Autorité palestinienne d'apaiser le territoire" sous son contrôle, par la voie de son émissaire Yitzhak Molcho, a fait savoir dimanche le bureau de M. Netanyahu.
"Afin que le non-paiement des taxes qu'Israël collecte pour les Palestiniens ne serve pas d'excuse à l'Autorité palestinienne pour ne pas calmer la situation, M. Netanyahu a donné des consignes pour le transfert des fonds de janvier", a précisé son bureau.
Le transfert des taxes avait été interrompu en décembre, après l'accession de la Palestine au statut d'Etat observateur à l'ONU. En janvier, Israël avait déjà débloqué 100 millions de dollars de taxes douanières et impôts qu'il prélève pour le compte de l'Autorité palestinienne confrontée à une crise financière et sociale.
Malgré cet appel, des violences ont éclaté dimanche pour la troisième journée consécutive en Cisjordanie.
Selon des sources médicales, trois Palestiniens ont été blessés par balles lors d'une manifestation aux alentours de la prison militaire d'Ofer, près de Ramallah, et l'un d'eux, touché à la poitrine, se trouvait dans un état grave.
Des correspondants de l'AFP ont fait état de heurts également dans les secteurs d'Hébron, Naplouse et Jénine.
Des marches de solidarité ont également eu lieu dans la bande de Gaza.