• Les pressions de l’Argentine sur la société pétrolière Repsol irritent l’Espagne

    13/4/12 - 18 H 50

     
     
    Les pressions de l’Argentine sur la société pétrolière
    Repsol irritent l’Espagne
     
     

    Le gouvernement argentin voudrait prendre le contrôle d’YPF, filiale détenue à 57,4 % par Repsol.

    Le geste a été interprété à Madrid comme une manifestation d’« hostilité » à son égard.

     

    Le géant pétrolier hispano-argentin Repsol YPF est au cœur d’un conflit diplomatique entre l’Espagne et l’Argentine. Alors que le groupe s’était vu retirer ces dernières semaines 16 concessions pétrolières par plusieurs provinces en Argentine, la tension est montée d’un cran vendredi 13 avril. Madrid a dénoncé par avance comme une « agression » l’éventuelle nationalisation par Buenos Aires d’YPF, filiale détenue à 57,4 % par le groupe.

    Depuis plusieurs semaines, des rumeurs faisaient état d’une possible prise de contrôle par l’État argentin sur cette filiale. Et jeudi 12 avril, la présidente argentine Cristina Kirchner (centre-gauche) et des gouverneurs provinciaux ont examiné la possibilité de faire d’YPF une entreprise mixte. Cela a déclenché la colère des autorités espagnoles. Alors que les deux pays entretiennent habituellement de bonnes relations diplomatiques, Madrid a très vivement réagi.

    «  Toute agression contre Repsol violant le principe de sécurité juridique sera prise par l’Espagne comme une agression  », a lancé vendredi 3 avril le ministre des affaires étrangères, José Manuel Garcia Margallo, après avoir convoqué l’ambassadeur argentin à Madrid, Carlos Bettini. « L’Argentine va se transformer en un pestiféré international », a mis en garde le secrétaire d’État espagnol à l’Union européenne, Inigo Mendez de Vigo. Le 13 avril au matin, à Madrid, le groupe assurait toutefois n’avoir « aucune information » sur une possible prise de participation de l’État argentin.

    Manque de devises en Argentine

    C’est en 1999 que Repsol avait pris le contrôle d’YPF, qui assure aujourd’hui 52 % des capacités de raffinage du pays. La filiale argentine pèse pour deux tiers dans la production de brut de Repsol (62 %) et pour près de la moitié de ses réserves avérées (un milliard de barils sur un total de 2,2 milliards). Bien moins importante qu’une entreprise telle que Total, Repsol YPF domine néanmoins largement le marché des combustibles en Argentine.

    Pour Cristina Kirchner, les sociétés de production pétrolière présentes dans son pays doivent produire plus de pétrole. L’Argentine, qui manque de devises, doit limiter les coûts induits par l’importation d’hydrocarbures, libellés en dollars. L’année dernière, la facture pétrolière du pays a bondi de 110 %, pour atteindre 9,4 milliards de dollars (7,2 milliards d’euros). Une situation difficilement tenable alors que le pays n’a plus accès aux financements internationaux depuis la faillite du pays en 2002.

    Hélène FARGUES   


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