Les forces du Conseil national de transition avancent vers la capitale et crient déjà victoire. Le colonel Kadhafi et ses partisans continuent d’afficher leur inflexibilité.

Les insurgés ont pu lundi ajouter Zawiyah, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de la capitale libyenne, à la liste des villes prises aux forces du régime kadhafiste. Sur cette liste figuraient depuis dimanche Sorman et Gharyane, respectivement situées à 50 kilomètres au sud de Tripoli et à une soixantaine de kilomètres à l’ouest. La rébellion a également pris le contrôle des 15 kilomètres de route entre Zawiyah et Sorman, sur la côte, ce qui prive le QG du « guide » de sa voie habituelle d’approvisionnement depuis la Tunisie. En ce qui concerne le front Est, l’ensemble de la partie Est de la cité pétrolière de Brega est aussi sous l’influence des forces armées des insurgés. De quoi déclencher la liesse dans les rangs du CNT (Conseil national de transition) parmi lesquels on estime « être dans une phase décisive ». « Bientôt nous libérerons tout le sud de la Libye. Nous espérons fêter la victoire finale en même temps que la fin du ramadan (fin août) », a déclaré mardi Mansour Saif Al Nasr, représentant en France du CNT.

À Tripoli, les pro-Kadhafi se débattent comme des diables dans un bénitier. Dans un message sonore diffusé dimanche par la télévision libyenne, l’actuel dirigeant affirme, avec force images et virulence, que « la fin des rats (les rebelles) est proche » et appelle ses partisans à se tenir prêt pour la bataille qui libérera les villes tenues par les insurgés. Les forces du régime ont lancé le même jour un missile balistique Scud sur des positions rebelles qui s’est écrasé dans le désert sans faire de victime. On suppose qu’il visait Brega. Idem, témoignant de l’obstination du gouvernement en place, Moussa Ibrahim, porte-parole du régime, a affirmé qu’il avait confiance en la reprise des villes tenues par les rebelles, affirmant entre autres que les troupes loyalistes avaient repris Touarga, occupée par la révolte.

Ces succès militaires ont redonné un coup de fouet à la rébellion. Un coup de fouet qui n’occulte pas cependant la crise traversée au début du mois par le CNT, déstabilisé par ses divisions internes et décrédibilisé par les mesures prises pour se sortir de ladite crise : mémorandum prématuré planifiant l’après-Kadhafi, limogeage massif et fulgurant de son exécutif, enquête sur l’assassinat du général Younès toujours infructueuse.

négociations secrètes ?

Des pourparlers, engagés 
à Djerba dans la nuit 
de dimanche à lundi, auraient lieu entre responsables loyaux au colonel Kadhafi, des représentants du CNT, 
un émissaire du président 
du Venezuela d’Hugo Chavez et Abdul Ilah Al Khatib, envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. L’ONU dément la participation 
de son émissaire. De même, 
le représentant du CNT à Paris a démenti tous pourparlers entre les rebelles et le régime.

Emily Jokiel