• Les Roms, cibles des surenchères politiques à l'approche des municipales

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    Les Roms, cibles des surenchères politiques

    à l'approche des municipales

    LE MONDE | <time datetime="2013-09-20T11:27:29+02:00" itemprop="datePublished">20.09.2013 à 11h27</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-09-20T16:11:06+02:00" itemprop="dateModified">20.09.2013 à 16h11</time> | Par

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    Avec Rachida Dati, maire du 7e arrondissement de Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet évoquait les thèmes de la sécurité, près de la tour Eiffel le 19 septembre.

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    Cibles éparses et faciles à atteindre, les Roms sont tout désignés pour jouer le rôle de bouc émissaires en année électorale. Le poids de l'extrême droite, un dossier inextricable, des campements déplacés de commune en commune : tous les ingrédients sont réunis pour en faire les "vedettes" de la campagne des municipales. A six mois du scrutin, les premières salves tirées à leur endroit donnent le ton.

    "Vous avez l'impression qu'on harcèle beaucoup les Roms ? Parce que moi, j'ai l'impression que les Roms harcèlent beaucoup les Parisiens", s'était enflammée Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM) sur i-Télé, mercredi 18 septembre. Ce qu'elle a répété à l'envi, jeudi, lors d'un déplacement au Champ-de-Mars en compagnie de Rachida Dati. Le duo qui s'était déchiré avant la primaire à Paris est à l'unisson dans l'argumentaire anti-Roms. "Il y a un véritable harcèlement à la sortie des écoles auprès des enfants. Allez voir. J'assume complètement qu'il faut les faire partir", a renchéri la maire du 7e arrondissement.

    Lire aussi : NKM droitise sa campagne en évoquant le "harcèlement des Roms"

    Version Copé, les musulmans arrachaient des pains au chocolat de la bouche des mauvais pratiquants pendant le ramadan, version Dati, les Roms "s'accrochent au cartable" des écoliers. NKM, qui présentait, lundi, ses mesures pour la sécurité des Parisiens, a assimilé "les bandes de Roms" aux "filières du grand banditisme". Dans L'Opinion, la candidate socialiste, Anne Hidalgo, a jugé "inacceptables la stigmatisation et l'instrumentalisation politicienne du dossier des Roms".

    Très embarrassés par cette question, les maires de gauche savent toutefois qu'ils ne peuvent s'en tenir à ce type de réplique. La gestion du dossier des Roms dans la métropole lilloise, où l'évacuation du plus gros camp, installé à Lille-Sud (près de 1 000 personnes), a été achevée mercredi, pourrait ainsi coûter cher à Martine Aubry dans les urnes.

    Lire : Evacuation d'un camp de Roms à Lille

    Après le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy, à l'été 2010, elle s'était opposée à la politique menée par la droite en instaurant un moratoire bloquant les expulsions pendant près d'une année. L'opposition lui avait alors reproché d'avoir créé un appel d'air dans la métropole. Entre 2007 et 2013, le nombre de Roms est passé de 600 à 3 200. De quoi susciter la grogne des habitants touchés de près par l'installation de ces camps sauvages. A Lille-sud, quartier touché par le chômage et la délinquance, le bidonville d'un millier de Roms a crispé un électorat pourtant acquis à la gauche. Le FN pourrait y récupérer des voix.

    Mme Aubry a écrit en avril aux habitants de Lille-Sud pour dire qu'elle comprenait leur ras-le-bol. Dans cette lettre, elle qualifiait la situation "d'intolérable pour les riverains en proie à une insécurité ressentie et vécue quotidiennement".

    A l'heure des démantèlements de camps, c'est au tour des écologistes de s'en prendre à Mme Aubry, en lui reprochant d'avoir demandé l'évacuation sans que des solutions de relogement soient trouvées. "Errance, fragilisation, interruption de la scolarisation des enfants et des jeunes, coup d'arrêt au processus d'insertion en cours : voilà ce que signifie en général une expulsion sans solution", dénonce Lise Daleux, élue lilloise pour le groupe des élus EELV.

    Tandis que Mme Aubry est prise entre deux feux, le problème n'est toujours pas réglé : si certains sont soulagés de ne plus avoir de campements sauvages près de chez eux, d'autres voient désormais affluer des Roms à la recherche de terrain. C'est le cas dans le Nord. Les maires de Croix et à Wasquehal n'ont pas manqué de réagir.

    En début de semaine, Régis Cauche, maire UMP de Croix, avait exprimé sa crainte d'incidents "très graves" entre les habitants de sa commune et des Roms. "Et si un Croisien commet l'irréparable, je le soutiendrai", avait-il ajouté, avant de regretter cette "phrase malheureuse ". Dans une lettre adressée jeudi au président de la République, le maire de Wasquehal, Gérard Vignoble (UDI), se dit inquiet du "climat généré (...) épouvantable et dangereux" dans la métropole lilloise, qui "pousse les citoyens à des positionnements radicaux".

    Lire aussi : Le maire de Croix crée l'émoi en appuyant le rejet des Roms par sa population

    Gérald Darmanin, jeune député UMP et candidat à la mairie de Tourcoing (Nord) se dit "assez d'accord avec les propos de NKM appliqués à la métropole lilloise". "Je suis bien obligé de constater que les Roms harcèlent aussi les nordistes", dit-il. Son programme ? "D'abord le bilan : s'ils sont là, c'est la faute de Martine Aubry et du maire de Tourcoing, Michel-François Delannoy (PS). Ensuite mon engagement d'être un maire réactif qui n'attendra pas pour réagir et ne laissera pas s'installer les camps de Roms".

    A Montreuil (Seine-Saint-Denis), c'est Dominique Voynet, maire sortante, qui doit répondre de sa gestion du dossier. "Un dossier extrêmement difficile qu'[elle] a pris à bras-le-corps", assure-t-elle, en expliquant qu'elle a mis en place des "logements relais". Mais elle affirme pour autant qu'elle ne "pêche pas par naïveté".

    Un délicat entre-deux qui ouvre une brèche à Razzy Hammadi, député PS et candidat non déclaré pour les municipales à Montreuil. Lui juge que Mme Voynet a eu une gestion "hasardeuse" du problème avec des "discours et des actions peu rigoureux". "Lorsqu'une majorité municipale n'est pas claire sur l'évacuation de toute occupation illégale alors aucune politique lisible n'est possible", souligne-t-il. "Les Montreuillois sont solidaires et font des efforts, il y a une limite qu'il faut savoir entendre et traduire en acte", ajoute-t-il.

    Derrière les municipales, se profilent les européennes. Où l'on retrouve les Roms en "vedettes". "Les partis de gouvernement ne doivent pas être eurobéats, prévient M. Darmanin. J'attends du président de la république qu'il renégocie un Schengen pour revenir sur la liberté de circulation de certains pays."

    Lire aussi : Roms : Marine Le Pen évoque "une ambiance de guerre civile"

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