• Les Sages égyptiens dénoncent les pressions islamistes

    Les Sages égyptiens dénoncent les pressions islamistes

     

    Par Pierre Prier Mis à jour <time class="updated" datetime="02-12-2012T22:52:00+02:00;">le 02/12/2012 à 22:52</time> | publié <time datetime="02-12-2012T20:28:00+02:00;" pubdate="">le 02/12/2012 à 20:28</time> lien 
    Plusieurs centaines de manifestants ont défilé, dimanche au Caire, devant le siège de la Haute Cour constitutionelle.
    Plusieurs centaines de manifestants ont défilé, dimanche au Caire, devant le siège de la Haute Cour constitutionelle. Crédits photo : GIANLUIGI GUERCIA/AFP
    •  

    La Haute Cour constitutionnelle s'est mise en grève après que les partisans du président Morsi ont encerclé les locaux.

    Envoyé spécial au Caire

    Dimanche matin, devant le siège de la Haute Cour constitutionnelle, un bâtiment néopharao­nique au bord du Nil, quelques centaines de manifestants barbus brandissent des corans et reprennent en chœur un hymne des Frères musulmans: «La religion, elle vient! Elle vient!» Les juges, eux, ne sont pas venus, empêchés de siéger par la manifestation. Ils devaient se réunir pour statuer sur la légalité de la Commission constituante qui a donné des pouvoirs étendus au président Morsi et rédigé une Constitution à forte connotation islamique, rejetée par l'opposition et l'appareil judiciaire.

    En fin de matinée, les manifestants ont gagné. Un porte-parole annonce que la cour se met en «grève ouverte», dénonçant l'«assassinat psychologique» des juges. La grève des 19 «Sages» lève le dernier obstacle juridique à la marche forcée du président Morsi, issu des Frères musulmans, vers la promulgation de la loi fondamentale contestée.

    Le président s'est appuyé sur la rue islamiste. Samedi, une manifestation de soutien a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de manifestants, frères musulmans et salafistes, devant l'université de Gizeh. Ce rassemblement était destiné répondre à la protestation rivale, celle de la place Tahrir, épicentre de la lutte anti-Moubarak, de nouveau occupée en permanence avec tentes, banderoles et podium sonorisé.

    Le soir même, Mohammed Morsi avait reçu officiellement les 234 articles du projet de Constitution des mains de la Commission constituante, composée uniquement d'islamistes, après le départ de 22 membres libéraux ou liés à l'Église copte. Le président a aussitôt annoncé la tenue d'un référendum sur le texte, le 15 décembre. L'opposition a réagi dans l'après-midi, portant elle aussi la crise dans la rue. Le Front de sauvegarde nationale, une coalition de partis d'opposition qui rassemble Mohammed ElBaradei et Hamdin Sabbahi, arrivé troisième à la présidentielle, ainsi que les partis ­issus de la révolution, a appelé à une manifestation pacifique mardi. «Un dernier avertissement pour le président», dit le communiqué.

    Les journalistes conspués

    Le fossé qui s'est creusé entre les deux Égypte paraissait difficile à combler dimanche matin, devant le siège de la Haute Cour. Comme lors de la grande manifestation de samedi, les militants ne pratiquent pas l'art de l'esquive cher au président Morsi, qui parle d'«unir les Égyptiens». Pour eux, la nouvelle Constitution, c'est surtout le triomphe du Coran. Le texte réserve aux savants de l'université islamique d'al-Azhar le rôle de conformer le droit à la «jurisprudence des écoles sunnites», donne à la police le rôle de «préserver la moralité publique» et à l'État celui de sauvegarder la «nature originelle de la famille égyptienne». La liberté de la presse est proclamée, mais aussitôt contredite par un article qui punit les «insultes aux prophètes» et mêmes «aux hommes», terme assez vague pour permettre tous les excès.

    D'ailleurs, la presse, les manifestants s'en chargeront. «La prochaine étape, ce sera les médias!» clame un orateur dans la sono portable. Les journaux ont prévu d'observer une grève mardi pour protester contre ces attaques. On conspue les journalistes, surtout ceux de la télévision, les juges, qui se sont déjà mis en grève et menacent de renoncer à surveiller le référendum, les membres de la Haute Cour, qui ont annulé le Parlement à majorité islamiste d'où est issue la Commission constituante.

    «On demande à la Haute Cour de ne pas faire de politique», dit Ahmed Gamal, un traducteur d'anglais qui se présente comme membre des Frères musulmans. «La révolution, c'est nous, ajoute-t-il. Et pas seulement les Frères musulmans. Il y a ici d'autres mouvements islamistes. Nous sommes tous unis.» Les salafistes au look biblique, robe courte et barbe fournie, sont très présents. La police antiémeute se tient à l'écart. Elle n'a pas empêché les manifestants de bloquer tous les accès à la Haute Cour.

    LIRE AUSSI:

    » Égypte: soutien massif des islamistes au président Morsi


    Tags Tags : ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :