• Macron fustige les 35h : une hérésie, le marché ne doit pas décider de nos modes de vie

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    Macron fustige les 35h : une hérésie, le marché

    ne doit pas décider de nos modes de vie

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    <time datetime="2015-08-28T17:34:25" itemprop="datePublished">Publié le 28-08-2015 à 17h34</time><time datetime="2015-08-28T17:34:25" itemprop="datePublished"></time><time class="data-post" datetime="2015-08-28T18:08:33" itemprop="dateModified"> - Modifié à 18h08  lien </time>

    LE PLUS. "La France a cru qu'elle irait mieux en travaillant moins, c'était de fausses idées." C'est par ces mots qu'Emmanuel Macron, ministre du gouvernement, s'est exprimé devant les membres du Medef, le 27 août. Pour Pierre Larrouturou, économiste et co-président de Nouvelle Donne, il a tout faux. 

    Édité par Henri Rouillier

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    Emmanuel Macron lors de la présentation du projet de candidature à l'exposition universelle 2025, le 5 mars 2015 (WITT/SIPA).

     

    Depuis 2002, tous les gouvernements ont progressivement "détricoté" les 35 heures. Avec quel résultat ? La dernière enquête de l’Insee indique qu’en France, un salarié à temps plein travaille en moyenne 39,6 heures alors 3.500.000 chômeurs travaillent 0 heure par semaine... Est-ce un "partage du travail" qui convient à Emmanuel Macron ? Faut-il amplifier les inégalités et pousser ceux qui ont un emploi à travailler plus ?

     

    Dans quel pays le "travailler plus" cher à Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron a-t-il fait ses preuves ? N’en déplaise aux néo-libéraux de droite et de gauche, la dérégulation du temps de travail n’a jamais conduit à une augmentation de l’activité mais seulement à une explosion des inégalités. Aux USA, il y a tellement de petits boulots que la durée moyenne du travail – tous emplois confondus – est tombée à 33,7 heures et il y a tellement de chômeurs découragés que le taux d’activité des adultes américains est aujourd’hui inférieur à 63 % !

     

    La révolution de la productivité

     

    Dans tous nos pays, les robots, les ordinateurs et internet ont permis depuis 30 ans une révolution en terme de productivité : on produit nettement plus avec moins de travail. Cela devrait être une bonne nouvelle mais, hélas, cette révolution, au lieu de profiter à tous, amène à un niveau de chômage et de précarité insupportable. Les seuls gagnants ? Les actionnaires !

     

    Quand il y a des millions de chômeurs et de précaires, quel salarié peut demander une augmentation de salaires ? La peur du chômage est dans toutes les têtes. Dans beaucoup d’entreprises, la négociation se résume à un "Si tu n’es pas content, va voir ailleurs". De ce fait, dans tous nos pays les salaires stagnent et les dividendes explosent (+ 30 % en France en un an. Record d’Europe !).

     

    En 1995, rédigé à la demande d’Edouard Balladur, le rapport Boissonnat affirmait qu’il fallait une baisse de 20 à 25 % du temps de travail d’ici 2015. Tout le monde s’accordait à dire que c’était une idée de bon sens, "un mouvement historique". Mais nous sommes en 2015 et le sujet est devenu tabou.

    N’en déplaise aux sarkozystes de droite et de gauche, pas besoin de "travailler plus pour gagner plus". En un siècle, on a divisé par 2 le temps de travail : on est passé de 7 jours à 6 puis de 6 jours à 5. On a raccourci la durée des journées et donné des congés payés. Qu’on soit de droite ou de gauche, Français, Allemands ou Espagnols, nous travaillons tous deux fois moins que nos arrière grand-parents et gagnons 5 ou 8 fois plus. Ça s’appelle l’intelligence humaine et le progrès social.

     

    Il est dramatique de voir que nos dirigeants ont perdu toute ambition dans ce domaine et que la classe politique se divise entre ceux qui poussent à travailler plus et ceux qui se contentent de défendre les 35 heures, qui étaient déjà dans le programme du PS en 1981 et dont tout le monde connait hélas les limites et les ambigüités.  

     

    Alors que tous les économistes sérieux affirment que la croissance ne sera plus jamais suffisante pour faire reculer le chômage, la réduction du temps de travail et les emplois liés à la transition énergétique sont les deux leviers fondamentaux pour sortir de la crise. Sur ces questions fondamentales, il est urgent que le gouvernement cesse la méthode Coué, adopte enfin un discours de vérité et fasse preuve d’audace.

     

    La semaine de 4 jours : travailler moins pour travailler tous et vivre mieux

     

    Plus de 400 entreprises ont déjà mis en œuvre la semaine de 4 jours en utilisant la loi de Robien : l’entreprise continue à travailler 5 jours ou 6 mais tous les salariés passent, en moyenne, à 32 heures et l’entreprise arrête de payer les cotisations chômage si elle crée au moins 10% d’emplois en CDI. Dans toutes ces entreprises, l’effet sur l’emploi est fort et durable. Et les gains de qualité de vie sont appréciés par tous les salariés.

    PHOTOS. Provocation ou maladresse : Macron, champion des "macronades"

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    "La République c’est la société où chacun a le temps et la liberté pour agir en citoyen", disait Jaurès alors qu’il soutenait les ouvriers qui se battaient pour des horaires de travail allégés. "Il faut donner d’abord aux travailleurs le temps et la force de penser." 

     

    Subir toujours la loi du marché ?

     

    La dernière provocation d’Emmanuel Macron soulève une vraie question de société. Les gains de productivité, fruits de notre intelligence, vont-ils déboucher sur une précarisation de toute la société ou vont-ils permettre de construire une société d’équilibre et de convivialité ?

     

    C’est une question fondamentale à laquelle Nouvelle Donne répond clairement : ce n’est pas au marché de répartir les gains de productivité. Ce n’est pas au marché de décider de nos modes de vie.


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