• Dernière modification : 14/04/2012 


    Ce que les Algériens retiennent de l'ancien président Ben Bella

     

    Les hommages à Ahmed Ben Bella, président de l'indépendance algérienne enterré à Alger ce vendredi, se multiplient. Il laisse pourtant une image contrastée dans la mémoire collective. Père de la nation ou dictateur ? Témoignages.

    Par Ludovic de Foucaud (vidéo)     lien
    Sarah LEDUC (texte)
     

    Drapeaux en berne, deuil national, dépouille exposée au Palais du peuple, hommages dans tous les médias… L’Algérie sonne le glas pour Ahmed Ben Bella, 95 ans, premier président de l’Algérie indépendante, enterré sous la pluie à Alger ce vendredi 3 avril. Mais ces effusions contrastent avec la personnalité controversée d’Ahmed Ben Bella et la place qu’il a occupée en Algérie pendant sa présidence et depuis sa destitution en juin 1965.

    Si l’historien algérien Amer Mohand Amer, interrogé par le quotidien algérien "El Watan", le présente comme un homme "d’envergure historique ayant joué un rôle important dans l’histoire contemporaine de l’Algérie", Ahmed Ben Bella conserve une image plus contrastée dans la mémoire des Algériens. Père de la nation ou dictateur ? Héros symbolique ou figure oubliée ? L’homme ne fait pas consensus.
     
    Héros ou populiste ?
     
    Nadia Guermour, ancienne journaliste qui travaille dans la communication à Alger, retient la figure du héros de l’indépendance : "Il était le président de l’Algérie libre qui a produit un impact fort sur la politique nationale. Il s’est battu pour l’indépendance et ensuite il a créé son parti et il s’est battu pour une Algérie meilleure. Il a fait de son mieux. C’est un triste jour."
     
    Si pour beaucoup ses trois années de présidence reste associées à une période d’effervescence politique et à un renouveau culturel,  la réalité est plus complexe. Entre 1962 et 1965, il n’y avait pas de liberté absolue : Ahmed Ben Bella a fait preuve d’autoritarisme et main basse sur tous les rouages de la politique algérienne. Par ailleurs, ses velléités de s’affirmer comme le président de la lutte anti-impérialiste, en s’affichant aux côtés du Cubain Fidel Castro, de l’Égyptien Gamal Adbel Nasser ou de l'Indien Jawaharlal Nehru, ont laissé à certains un goût amer. 
     
    Abdelkrim Mekfouldji, retraité de 58 ans qui vit à Blida, ne pleure pas l’ancien président  : "Ben Bellah était communiste. Sous son règne, il s’est mis à soutenir les pays révolutionnaires au détriment de l’Algérie. Il s’est battu pour l’Algérie libre mais il n’a pas été un bon président.  Et puis c’était un président populiste qui faisait le tour du pays pour nationaliser à tour de bras. Il voulait même nationaliser les hammams, c’est vous dire ! Ça n’a pas de sens !"
     
    Renversé par le coup d’État militaire de Houari Boumédiène en juin 1965, Ahmed Ben Bella est ensuite resté 15 ans en prison, devenant un personnage emblématique, synonyme de la privation des libertés humaines. Incarcéré dans des conditions sévères et secrètes, il n’a jamais été jugé par la justice de ceux qui l’avaient renversé.
     
    Une "géant" tombé dans l’oubli
     
    Le régime de Houari Boumédiène [1965- 1978] a mis entre parenthèses son existence officielle. Entre 1965 et 1980, Ahmed Ben Bella, dont le nom ne pouvait même plus être prononcé, est volontairement tombé dans l’oubli. "Ben Bella est devenu un inconnu alors qu'il avait l’ossature d’un géant. Il est comme un Mandela. Il a été marginalisé, effacé de l’histoire. Pour connaître Ben Bella il faut avoir plus de 60 ans ou la curiosité de faire des recherches personnelles. C’est une injustice de l’histoire car on peut ne pas être d’accord mais c’était un grand monsieur. Celui qui ne fait pas d’erreurs est celui qui ne fait rien... On découvre Ben Bella par sa mort", estime Zidane Khoulif, professeur de relations Internationales à Paris.
     
    Rafid Ouahid, journaliste à "El-Khabar", voit dans sa mort un moyen de réhabiliter sa mémoire : "Même s’il a disparu de la scène politique pendant quinze ans, Ben Bella était un grand homme. Pendant sa présidence, il était très discret dans les médias, ensuite, pendant son incarcération, on ne parlait plus du tout de lui. Et quinze ans d’incarcération, ce n’est pas rien. De 1965 - année du coup d’État - aux années 1990, il n’a plus été médiatisé. Alors au moins pour sa mort, il mérite de faire la une de tous les journaux !".
     
    Le rôle d'Ahmed Ben Bella dans le mouvement national et l’indépendance de l’Algérie a même été effacé des livres scolaires pour n’y reparaître que dans les années 1980. Gracié par le président Chadli Bendjedid en octobre 1980, Ahmed Ben Bella n'est pas pour autant réhabilité. Il s’est exilé en Suisse en 1981 pour ne revenir en Algérie qu’en 1990. De ces années d'oubli sont nées des générations d’Algériens qui connaissaient à peine le nom de Ben Bella.
     
    Lanine Driad, 35 ans, consignataire maritime à Alger, a fait des recherches personnelles pour connaitre l'ancien président : "Ben Bella ? Je connais plus ou moins son parcours parce que j’ai lu des choses sur lui mais pour les gens de ma génération, le personnage reste flou. On manque d’information sur ce qu’il s’est passé à l’époque. À l’école, j’ai vaguement entendu parlé de lui à la fin de mes études secondaires… En fait, les gens de ma génération ne le connaissent pas. Et on ne peut pas dire que ça les intéresse vraiment…"

     


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  • Dernière modification : 13/04/2012 

    - Algérie - Décès


    Ce que les Algériens retiennent de

    l'ancien président Ben Bella

     

    Les hommages à Ahmed Ben Bella, président de l'indépendance algérienne enterré à Alger ce vendredi, se multiplient. Il laisse pourtant une image contrastée dans la mémoire collective. Père de la nation ou dictateur ? Témoignages.

    Par Ludovic de Foucaud (vidéo)     lien
    Sarah LEDUC (texte)
     

    Drapeaux en berne, deuil national, dépouille exposée au Palais du peuple, hommages dans tous les médias… L’Algérie sonne le glas pour Ahmed Ben Bella, 95 ans, premier président de l’Algérie indépendante, enterré sous la pluie à Alger ce vendredi 3 avril. Mais ces effusions contrastent avec la personnalité controversée d’Ahmed Ben Bella et la place qu’il a occupée en Algérie pendant sa présidence et depuis sa destitution en juin 1965.

    Si l’historien algérien Amer Mohand Amer, interrogé par le quotidien algérien "El Watan", le présente comme un homme "d’envergure historique ayant joué un rôle important dans l’histoire contemporaine de l’Algérie", Ahmed Ben Bella conserve une image plus contrastée dans la mémoire des Algériens. Père de la nation ou dictateur ? Héros symbolique ou figure oubliée ? L’homme ne fait pas consensus.
     
    Héros ou populiste ?
     
    Nadia Guermour, ancienne journaliste qui travaille dans la communication à Alger, retient la figure du héros de l’indépendance : "Il était le président de l’Algérie libre qui a produit un impact fort sur la politique nationale. Il s’est battu pour l’indépendance et ensuite il a créé son parti et il s’est battu pour une Algérie meilleure. Il a fait de son mieux. C’est un triste jour."
     
    Si pour beaucoup ses trois années de présidence reste associées à une période d’effervescence politique et à un renouveau culturel,  la réalité est plus complexe. Entre 1962 et 1965, il n’y avait pas de liberté absolue : Ahmed Ben Bella a fait preuve d’autoritarisme et main basse sur tous les rouages de la politique algérienne. Par ailleurs, ses velléités de s’affirmer comme le président de la lutte anti-impérialiste, en s’affichant aux côtés du Cubain Fidel Castro, de l’Égyptien Gamal Adbel Nasser ou de l'Indien Jawaharlal Nehru, ont laissé à certains un goût amer. 
     
    Abdelkrim Mekfouldji, retraité de 58 ans qui vit à Blida, ne pleure pas l’ancien président  : "Ben Bellah était communiste. Sous son règne, il s’est mis à soutenir les pays révolutionnaires au détriment de l’Algérie. Il s’est battu pour l’Algérie libre mais il n’a pas été un bon président.  Et puis c’était un président populiste qui faisait le tour du pays pour nationaliser à tour de bras. Il voulait même nationaliser les hammams, c’est vous dire ! Ça n’a pas de sens !"
     
    Renversé par le coup d’État militaire de Houari Boumédiène en juin 1965, Ahmed Ben Bella est ensuite resté 15 ans en prison, devenant un personnage emblématique, synonyme de la privation des libertés humaines. Incarcéré dans des conditions sévères et secrètes, il n’a jamais été jugé par la justice de ceux qui l’avaient renversé.
     
    Une "géant" tombé dans l’oubli
     
    Le régime de Houari Boumédiène [1965- 1978] a mis entre parenthèses son existence officielle. Entre 1965 et 1980, Ahmed Ben Bella, dont le nom ne pouvait même plus être prononcé, est volontairement tombé dans l’oubli. "Ben Bella est devenu un inconnu alors qu'il avait l’ossature d’un géant. Il est comme un Mandela. Il a été marginalisé, effacé de l’histoire. Pour connaître Ben Bella il faut avoir plus de 60 ans ou la curiosité de faire des recherches personnelles. C’est une injustice de l’histoire car on peut ne pas être d’accord mais c’était un grand monsieur. Celui qui ne fait pas d’erreurs est celui qui ne fait rien... On découvre Ben Bella par sa mort", estime Zidane Khoulif, professeur de relations Internationales à Paris.
     
    Rafid Ouahdid, journaliste à "El-Rabah", voit dans sa mort un moyen de réhabiliter sa mémoire : "Même s’il a disparu de la scène politique pendant quinze ans, Ben Bella était un grand homme. Pendant sa présidence, il était très discret dans les médias, ensuite, pendant son incarcération, on ne parlait plus du tout de lui. Et quinze ans d’incarcération, ce n’est pas rien. De 1965 - année du coup d’État - aux années 1990, il n’a plus été médiatisé. Alors au moins pour sa mort, il mérite de faire la une de tous les journaux !".
     
    Le rôle d'Ahmed Ben Bella dans le mouvement national et l’indépendance de l’Algérie a même été effacé des livres scolaires pour n’y reparaître que dans les années 1980. Gracié par le président Chadli Bendjedid en octobre 1980, Ahmed Ben Bella n'est pas pour autant réhabilité. Il s’est exilé en Suisse en 1981 pour ne revenir en Algérie qu’en 1990. De ces années d'oubli sont nées des générations d’Algériens qui connaissaient à peine le nom de Ben Bella.
     
    Lanine Driad, 35 ans, consignataire maritime à Alger, a fait des recherches personnelles pour connaitre l'ancien président : "Ben Bella ? Je connais plus ou moins son parcours parce que j’ai lu des choses sur lui mais pour les gens de ma génération, le personnage reste flou. On manque d’information sur ce qu’il s’est passé à l’époque. À l’école, j’ai vaguement entendu parlé de lui à la fin de mes études secondaires… En fait, les gens de ma génération ne le connaissent pas. Et on ne peut pas dire que ça les intéresse vraiment…"

     


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  • Dernière modification : 12/04/2012 

    - Algérie


    Huit jours de deuil national après le décès de l'ex-président Ben Bella

     

    Ahmed Ben Bella, le premier président (1962-1965) de l'Algérie indépendante, est mort mercredi à Alger, à 96 ans. Des funérailles nationales auront lieu vendredi dans la capitale. Huit jours de deuil national ont été décrétés.

    Par Christophe DANSETTE (vidéo)
    FRANCE 24 (texte)
     

    Premier président de l’Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella est décédé à son domicile, mercredi 11 avril, pendant son sommeil, dans le quartier de Hydra, sur les hauteurs d'Alger. Âgé de 96 ans, il ne verra pas, le 5 juillet prochain, son pays célébrer le 50e anniversaire de son indépendance, dont il est considéré comme l’un des héros.

    Ses funérailles auront lieu vendredi au Carré des martyrs du grand cimetière d'El Alia, dans la capitale. Auparavant, sa dépouille sera exposée au Palais du Peuple, l'ancienne résidence des gouverneurs d'Algérie, à partir de jeudi 12 avril à la mi-journée. Le président Abdelaziz Bouteflika a également décrété un deuil national de huit jours à compter de ce mercredi sur l'ensemble du territoire, a rapporté l'agence APS citant la présidence.

    "C’est une page de l’histoire algérienne qui se tourne aujourd’hui, puisque l’un des derniers pères de l’indépendance vient de s’éteindre avec la disparition de Ben Bella", souligne Zidane Khoulif, professeur de relations internationales à l’université Paris-III, sur l’antenne de FRANCE 24.

    Né en décembre 1916 à Maghnia (Ouest), Ahmed Ben Bella grandit dans une famille de paysans originaire du Maroc et fait ses études à l'école française de Tlemcen. Appelé au sein du 5e régiment de tirailleurs marocains durant la Seconde Guerre mondiale, il est décoré de la Médaille militaire par le général de Gaulle en personne. Mais dès la fin du conflit, il s'engage dans la lutte armée des nationalistes algériens contre le colonialisme français. Dirigeant de l'Organisation spéciale (OS), il se distingue notamment en organisant le casse de la poste d'Oran qui procure des fonds inespérés à la rébellion. Arrêté et condamné à huit ans de prison par les autorités françaises, il s'évade de la prison de Blida en 1950. En 1954, l'insurrection armée contre la présence française éclate en Algérie et Ben Bella devient l’un des fondateurs du Front national de libération (FLN).

    Déposé par Boumediene

    Arrêté deux ans plus tard par l'armée française, il restera emprisonné jusqu’à la signature des accords d’Évian, en mars 1962, qui mettent fin à la guerre d’Algérie. Après avoir formé, en septembre 1962, le premier gouvernement de l’Algérie indépendante, il est élu premier président de la République algérienne le 15 septembre 1963. Il engage alors son pays dans une politique de "socialisme arabe" et cherche, en pleine Guerre froide, à incarner le tiers-monde non-aligné aux côtés du Cubain Fidel Castro et de l'Égyptien Gamal Abdel Nasser. Durant son mandat, de nombreux opposants seront emprisonnés et des soulèvements seront violemment réprimés en Kabylie.

    "L’Algérie est un pays pas facile à diriger", avait-il coutume de dire. Et pour cause : il ne sera resté en fonction que deux ans, puisqu’il est écarté du pouvoir le 19 juin 1965, à la suite du "redressement révolutionnaire" du colonel Houari Boumediene, son ministre de la Défense et vice-président. Arrêté, il sera emprisonné sans jamais avoir été jugé, même après la mort de son ancien compagnon de lutte en 1978.

    Assigné à résidence à partir de 1979, il ne sera gracié qu’en 1980 par le président algérien Chadli Bendjedid. Epuisé, il s’exile en France puis en Suisse jusqu’en 1990, avant de rentrer au pays à la faveur de la libéralisation du système politique algérien. Bien que retiré de la vie politique, il apporte son soutien à la "réconciliation nationale" avec les islamistes algériens prônée par le régime actuel. Enfin, en 2007, il est nommé président des Sages de l'Union africaine chargés de la prévention et de la résolution des conflits.

     


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  • Le Point.fr - Publié le 11/04/2012 à 18:12

    Le premier président de l'Algérie indépendante s'est éteint à l'âge de 96 ans.

    Ahmed Ben Bella, ici en 1965.

    Ahmed Ben Bella, ici en 1965. © - / AFP

     

    Ben Bella aura tout juste eu le temps de voir les 50 ans de la République algérienne, dont il fut le premier président entre 1962 et 1965. Une figure historique est morte. Une figure surprenante, qui, avant de s'illustrer dans la lutte armée, avait joué aussi un an pour l'Olympique de Marseille et pour équipe de France militaire. Au cours de sa longue existence - il est né en 1916 -, Ben Bella aura fait trois séjours en prison. Chacun d'entre eux illustre une facette de son combat.

    Le 13 mai 1950, il tombe une première fois aux mains des Français, alors qu'il se cache depuis près d'un an. Depuis le fameux casse de la poste d'Oran dont il fut un des organisateurs avec Aït Ahmed. Il s'agit alors de financer l'Organisation spéciale (OS), bras armé du parti du Peuple algérien. À cette époque, l'insurrection est prévue pour 1949. Elle n'aura lieu, on le sait, que cinq ans plus tard, le 1er novembre 1954. Fin janvier 1949, Ben Bella n'est qu'un ancien adjudant de l'armée française, décoré par de Gaulle en Italie - il reviendra souvent sur cette scène et son admiration pour son ancien ennemi - et il est responsable de l'OS pour l'Oranie.

    Un homme de l'Ouest

    Ben Bella est un homme de l'Ouest, il n'est même pas algérien, puisque ses deux parents sont nés marocains. Il n'obtiendra la nationalité algérienne qu'en 1962, lors de la fondation de l'État. C'est lui qui fournit le tuyau de la grande poste d'Oran, le premier grand coup d'éclat de la lutte armée. Comme beaucoup de ses membres, Ben Bella a été marqué par la répression sanglante des manifestations de Sétif, le 8 mai 1945. Au début, les Français croient que le casse a été réalisé par des malfrats. Ils mettront près d'un an à comprendre qu'il s'agit d'une opération pour financer une organisation paramilitaire de 2 000 membres. Lorsqu'il est arrêté, en mai 1950, Ben Bella est devenu le chef de l'OS. Il va rester deux ans en prison. Il mettra à profit ce séjour pour apprendre l'arabe, car le français est sa seule langue. En mars 1952, il s'évade dans des conditions rocambolesques, avant d'être exfiltré au Caire.

    Le 22 octobre 1956, un avion transportant quelques-uns des chefs historiques du FLN en exil au Caire (la délégation extérieure) est contraint d'atterrir à Alger. Ben Bella se rendait du Maroc vers la Tunisie pour un congrès avec les chefs d'État maghrébins. C'est une prise historique pour les militaires français qui imposent cette action au gouvernement socialiste - Guy Mollet, Alain Savary -, qui est furieux, mais qui s'incline. En réalité, la France surestime le poids de Ben Bella, très populaire, haut en couleur, mais isolé au sein du FLN : on est à l'époque, après le congrès de la Soummam d'août 1956, au début d'une guerre des chefs - l'intérieur, les maquis, contre les chefs en exil au Caire, les politiques contre les militaires accusés de ne pas fournir assez d'armes - qui n'aura pas lieu.

    Il aurait voulu être le Nasser algérien

    Car, à la descente de leur avion, Ben Bella et ses acolytes se retrouvent menottés et conduits en prison, d'abord en Algérie puis sur l'île d'Aix, gardée par 150 gendarmes. Les habitants de l'île ne gardent pas un très bon souvenir de cette époque. Durant cette période, Ben Bella réussit de sa prison à être nommé vice-président du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne). Sa mouvance, très influencée par Nasser, est sur le point de triompher.

    Libéré en 1962, Ben Bella bénéficie de l'aura du prisonnier. Il lui faudra cependant batailler et éliminer certains de ses rivaux pour être élu à la fin de l'année 1962, après avoir manifesté des désaccords avec le GPRA et le contenu des accords d'Evian. En 1963, il est nommé aussi Premier ministre. Il concentre tous les pouvoirs alors même qu'il tente une politique calquée sur le modèle égyptien. Il aurait voulu être le Nasser algérien. Il donne les terres des pieds-noirs aux paysans, distribue les usines aux ouvriers, met en place un rêve d'auto-gestion, qui va vite se heurter à la réalité, au FLN et aux militaires. Il est plus préoccupé de sa gloire, des affaires diplomatiques que des réalités d'un pays à qui il proposa toutefois une voie originale. Que serait devenue l'Algérie si Ben Bella était resté au pouvoir ? C'est la grande question, insoluble, qu'on est en droit de poser.

    Exil

    En 1965, il est renversé par son ministre de la Défense, Boumedienne, qui l'envoie croupir en prison. Commence un troisième séjour qui durera jusqu'en 1979. Il échappe de peu à une condamnation à mort : de Gaulle, selon Ben Bella, aurait plaidé en sa faveur.

    Après un exil de dix ans à Lausanne, il est revenu en Algérie en 1990, où il soutenait, malgré quelques réserves, Bouteflika, qu'il appelait son "petit frère". Dans une longue interview donnée l'an dernier à Renaud de Rochebrune pour le magazine Jeune Afrique, il revisitait toute l'histoire de la guerre d'Algérie en s'attribuant systématiquement le beau rôle - surtout pour l'insurrection du 1er novembre 1954, où il ne fut pas décisionnaire -, disqualifiant ses anciens camarades de lutte. Des déclarations à l'image du personnage, populaire, grande gueule et égocentrique.

    À lire : la Guerre d'Algérie vue par les Algériens. Renaud de Rochebrune, Benjamin Stora. Éditions Denoël.


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  • L'Algérie ne confirme pas la libération

    de ses diplomates au Mali

    Mis à jour le 09.04.12 à 16h55

    L'Algérie a indiqué lundi ne pas être en mesure de pouvoir confirmer que sept de ses diplomates enlevés dans le nord du Mali avaient été remis en liberté comme l'affirmait la veille le quotidien algérien Al Watan.

    «Il n'y a pas d'information concernant leur libération», a déclaré le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, cité par l'agence officielle de presse APS. Les diplomates ont été enlevés la semaine passée dans la ville de Gao passée sous le contrôle des rebelles touaregs et de membres du groupe salafiste Ansar Dine qui ont profité de la confusion provoquée par le coup d'Etat du 22 mars à Bamako.

    Un porte-parole des séparatistes a annoncé qu'un groupe islamiste était responsable des enlèvements qui concernent le consul d'Algérie à Gao ainsi que six membres du personnel consulaire, a précisé le ministère algérien des Affaires étrangères.

    Reuters

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