• Dernière modification : 02/10/2012 

    Nord-Mali : Alger négocie secrètement avec les islamistes d'Ansar Dine

    Nord-Mali : Alger négocie secrètement avec les islamistes d'Ansar Dine
    © AFP

    Jusque-là très en retrait, l'Algérie s'est impliquée dans la crise malienne en organisant secrètement sur son sol, samedi, une rencontre entre des islamistes d'Ansar Dine et un officiel de Bamako, confirme une source contactée par FRANCE 24.

    Par Charlotte BOITIAUX (texte)
     

    Tout plutôt qu’une intervention militaire occidentale. C’est en substance la ligne tenue par Alger depuis le début de la crise malienne. Pour trouver une issue au conflit opposantles groupes islamistes armés (qui occupent le nord du Mali depuis six mois) aux autorités de Bamako (qui réclament ardemment une intervention militaire occidentale), l’Algérie a officieusement organisé une rencontre entre des représentants du mouvement musulman extrémiste Ansar Dine et un "haut gradé" de Bamako.

    C’est du moins ce qu’a déclaré, samedi 29 septembre, une "source officielle malienne" à l’AFP. "Des représentants du mouvement islamiste Ansar Dine et un officiel malien se sont très récemment rencontrés à Alger pour évoquer la situation dans le nord du Mali", a-t-elle confié à l’agence de presse. Une information confirmée par une source proche du dossiercontactée par FRANCE 24 : "La rencontre a eu lieu samedi [29 septembre]. Et parmi eux, il y avait le chef d’Ansar Dine, le Touareg Iyad Ag Ghali".

    Une rencontre qui "n’a rien de surprenant"

    Selon Kader Abderrahim, spécialiste de l’Algérie à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), cette rencontre officieuse "n’a rien de surprenant". Alger a toujours affirmé qu’il fallait privilégier les négociations pour régler le conflit malien et s’est toujours opposé à l’envoi d’une force militaire internationale réclamée par Bamako. "Alger ne peut se résoudre à une telle intervention dans un pays qu’elle considère comme son arrière-cour, explique Kader Abderrahim. Il n’a aucune envie de voir des bases militaires étrangères s’installer à ses frontières. Or, il voit que cette option militaire peut rapidement devenir une réalité. Alors Alger explore d’autres alternatives."

     

    Syndiquer le contenuDECRYPTAGE
     

    Il est vrai que le 29 septembre, dans un entretien au quotidien français "Le Monde", le Premier ministre malien,  Cheick Modibo Diarra, avait clairement pressé Paris d’intervenir militairement dans le nord du Mali pour déloger les islamistes. "Il faudra que la France fasse le premier pas", avait-il alors déclaré.

    "Alger s’est posé le choix de ses interlocuteurs"

    Alger est, en outre, dans une position diplomatique délicate depuis l'enlèvementpar des islamistesde plusieurs de ses diplomates, le 5 avril, à Gao, dans le nord du Mali. "L’Algérie est restée discrète jusqu’à présent, parce qu’elle tient à récupérer sains et saufs ses représentants retenus en otages", explique Kader Adberrahim. Une discrétion et une main tendue d’Alger vers les islamistes d’autant plus compréhensibles que le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), proche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), avait annoncé, début septembre, l’exécution de l’un des otages algériens, Tahar Touati.

    Alger serait donc prêt à engager des négociations avec un groupe islamiste armé ? "Le pays s’est posé le choix de ses interlocuteurs comme le font les États confrontés à une crise. Ce ne serait pas la première fois qu’un pays traite en secret avec des terroristes pour arriver à un accord", rappelle le spécialiste de l’Iris.

    "Ansar Dine n’est pas un mouvement terroriste, mais un mouvement rebelle"

    La position algérienne n’étonne pas non plus Mathieu Guidère, spécialiste de l’islam radical. Depuis les années 1990, rappelle-t-il, les liens entre l'Algérie et les mouvements touaregs, dont Iyad Ag Ghali est issu, ont toujours été complexes. "Alger s’est posé en intermédiaire incontournable dans toutes les crises entre Touaregs et gouvernement malien, explique Mathieu Guidère. "Sa perception d’Ansar Dine est donc très différente de celle de Paris, par exemple". Pour Alger, "Ansar Dine est une figure fréquentable. Son chef, le Touareg Iyad Ag Ghali, a souvent été un interlocuteur de l’Algérie. Il est d’ailleurs surnommé dans la région comme ‘l’homme des Algériens’".

    Contrairement à la France et aux Occidentaux qui ne font presque aucune distinction entre Mujao, Aqmi et Ansar Dine, "Alger considère [ce dernier] comme un mouvement rebelle et non pas terroriste. À partir de ce constat, soigner les relations avec ce mouvement islamiste n’a donc rien ni de surprenant, ni de choquant pour Alger", conclut Mathieu Guidère. 

     

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  • Le manque de canadairs, les décharges sauvages et les bouts de verre ont transformé la Kabylie en fournaise

    Capture d'écran d'une vidéo tournée lors d'un incendie de forêt survenu au mois d'août, en Kabylie.
     
    L’Algérie sort tout juste d’un été caniculaire marqué par des incendies dévastateurs. Dans la région de Kabylie, où le nombre de feux de forêt a triplé par rapport à l’année dernière, de nombreuses voix s’élèvent contre l’armée, soupçonnée de les avoir provoqués. Deux Observateurs de la région nuancent cette accusation.
     
    À la fin du mois d’août, près de 21 000 hectares de terres et forêts sont partis en fumée à travers tout le pays. En plus des fortes chaleurs de l’été (les pics de température ont atteint 45 degrés cette année), plusieurs facteurs expliquent ces incendies, comme le manque de moyens alloués aux services d’intervention mais aussi la composition des forêts algériennes, principalement plantées de pins et de chênes-lièges, des arbres rapidement inflammables.
     
    En Kabylie, région du nord de l’Algérie, les feux de forêt ont été particulièrement nombreux et ravageurs ces trois derniers mois. Dans la seule wilaya (préfecture) de Tizi Ouzou, plus de 6 700 hectares de végétation ont été détruits et 368 incendies ont été recensés par la Conservation des forêts de la région. Il y a un an, la wilaya avait connu 196 départs de feu, qui avaient détruit 940 hectares de végétation.
     
    Afin d’expliquer l’ampleur des catastrophes, les autorités algériennes ont mis en cause le manque de vigilance et l’incivisme des habitants. Mais, en Kabylie, où le sentiment de persécution et de délaissement par le pouvoir central est très présent dans l’opinion, c’est surtout l’armée qui est pointée du doigt par une partie de la population. Largement déployées dans la région, les troupes algériennes effectuent régulièrement des opérations de ratissage dans les forêts montagneuses de Kabylie où sévissent divers groupes armés.  
     
    Vidéo amateur d'un incendie qui a embrasé une partie de la forêt de Yakouren, le mois dernier. Publiée le 12 août 2012 par Heinz Guderian.

    "Les gens vont brûler leurs ordures au milieu de la forêt"

    Fadela D. est membre de l’Association pour la jeunesse innovatrice et l’environnement (AJIE), basée à Tizi Ouzou.
      
    L’armée a sa part de responsabilité dans les incendies qui ont ravagé la Kabylie. Les militaires sont amenés à bombarder des zones en forêt pour chasser les groupes armés, ce qui provoque des feux.
     
    Mais cette catastrophe résulte aussi de l’incivisme de certains citoyens. En Kabylie, il y a une grande pénurie de décharges publiques. Du coup, dans certaines zones rurales, les habitants ont pris l’habitude d’aller en forêt pour brûler leurs ordures. Quand ils le font en pleine canicule, leur geste relève d’une totale inconscience [le directeur du pôle environnement de la wilaya de Tizi Ouzou a récemment déclaré que les décharges sauvages, au nombre de 1500 dans cette préfecture, étaient souvent à l’origine des départs de feu, NDLR].
      
    De nombreux départs de feu sont également le fait de jeunes qui consomment de l’alcool au bord de la route et à la lisière des bois. En partant, ils laissent derrière eux des quantités de débris de verre, sur lesquels se reflètent les rayons du soleil, entraînant des combustions.
     
    "Deux camions-citernes pour un gigantesque feu de forêt"
     
    De plus, nous manquons terriblement de moyens. L’État algérien devrait investir dans des canadairs pour lutter correctement contre les incendies, mais il ne le fait pas [les responsables de la protection civile algériens ont déclaré que le pays ne disposait que de deux hélicoptères pour éteindre les flammes et que le prix d'un canadair, d'au moins 50 millions d'euros, était trop élevé pour l'État].
     
    Il y a deux semaines, je me suis rendu dans la forêt de Yakouren où un feu gigantesque s’était déclaré. Seulement deux camions-citernes ont été dépêchés sur les lieux. Les pompiers se sont préoccupés uniquement de la zone proche de la chaussée sans oser pénétrer dans la forêt. Quand je me suis renseigné, ils m’ont dit qu’ils avaient déjà vidé leurs citernes et qu’ils ne pouvaient plus rien faire. Nous sommes restés là, impuissants, à regarder la forêt brûler.
     
    Notre association essaie de sensibiliser les plus jeunes à la protection de l’environnement, notamment à travers une campagne de sensibilisation auprès des écoliers. Aussi, étant donné qu’il y a beaucoup de chômeurs en Kabylie, nous avons en projet d’impulser la création de petites entreprises de recyclage de déchets dans les villages. 
     

    "Les paysans attendent un plan d’aide de la part des autorités"

    Belkacemi Mohand Said est blogueur à Bouzeguène, une ville proche de Tizi Ouzou.
      
    Dans la région de Bouzeguène, les gens ne jugent pas nécessaire d’effectuer le désherbage des champs. C’est très dangereux en période de sécheresse, car les mauvaises herbes permettent au feu de se propager très rapidement. C’est ce qui a conduit à la destruction d’une quantité importante d’arbres dans ma région.
     
    J’espère que les autorités prendront conscience de l’ampleur des dégâts et de leur impact sur l’économie locale. Ici, les gens vivent essentiellement de l’agriculture et attendent que le gouvernement propose un plan d’aide aux paysans.
     
    Vidéo amateur des dégâts causés par un feu de forêt près du village d'Ath Ikhlef, le 13 juillet. Images tournées par  Belkacemi Mohand Said.

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    Algérie: Bouteflika nomme Abdelmalek Sellal Premier ministre

    Par , publié le <time datetime="2012-09-03 21:29:00" itemprop="datePublished" pubdate="">03/09/2012 à 21:29</time><time datetime="2012-09-03 21:32:04" itemprop="dateModified">, mis à jour à 21:32</time>lien

     

    Quatre mois après les élections législatives, le président algérien a nommé un proche au poste de Premier ministre. 

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    Algérie: Bouteflika nomme Abdelmalek Sellal Premier ministre

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    ALGERIE - Le président Abdelaziz Bouteflika a nommé l'actuel ministre des Ressources en eau Abdelmalek Sellal, Premier ministre. Il succède à Ahmed Ouyahia.

    afp.com/Farouk Batiche

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    L'actuel ministre des Ressources en eau Abdelmalek Sellal, 64 ans, a été nommé lundi soir Premier ministre par le chef d'Etat algérien Abdelaziz Bouteflika, quatre mois après les élections législatives, a annoncé la présidence. 

    "Conformément aux dispositions de l'article 77.5 de la Constitution, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, Président de la République, a mis fin ce jour aux fonctions du Premier Ministre, Monsieur Ahmed Ouyahia, qui lui a présenté la démission du gouvernement. Le Président de la République a nommé Monsieur Abdelmalek Sellal, Premier Ministre", est-il indiqué dans le communiqué. 

    M. Sellal avait dirigé les deux dernières campagnes présidentielles de M. Bouteflika (2004 et 2009). Doté d'une grande expérience politique, il a exercé de hautes fonctions locales et occupé plusieurs postes ministériels. 

    Aucune information n'a été diffusée sur la composition du gouvernement, traditionnellement annoncé en même temps que la nomination du Premier ministre. Toutefois, selon plusieurs sites d'informations locales, le nouveau gouvernement devrait intégrer d'anciens ministres et de jeunes hauts fonctionnaires, . 

    L'actuelle équipe avait assuré la conduite des affaires courantes, amputée de six ministres élus députés qui ne pouvaient cumuler les deux fonctions en vertu d'une loi votée fin 2011 dans le cadre des réformes politiques présidentielles. 

    L'opposition avait estimé lundi que le pays avait plongé dans "une période d'hibernation et bloqué sa vie politique" depuis le scrutin du 10 mai en raison du retard dans l'annonce de la nouvelle équipe gouvernementale, selon le Premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS, opposition) Ali Laskri

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  • Dernière modification : 02/09/2012 

    Les islamistes du Mujao affirment avoir exécuté un diplomate algérien

    Les islamistes du Mujao affirment avoir exécuté un diplomate algérien

    Dans un communiqué, les islamistes du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) annoncent avoir exécuté l'un des diplomates algériens, le vice-consul Tahar Touati, enlevés à Gao le 5 avril dernier.

    Par Dépêche (texte)
     

    AFP- Le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), groupe islamiste armé présent dans le nord du Mali, a annoncé dimanche avoir exécuté un des diplomates algériens retenus en otage depuis le 5 avril, dans un communiqué transmis à l'agence de presse mauritanienne en ligne ANI.

    Le vice-consul Tahar Touati "a été exécuté (samedi) à l'aube", au terme d'un ultimatum de huit jours pour la libération de jihadistes en Algérie, selon le communiqué, cité par l'Agence Nouakchott Information (ANI) et qui dénonce "l'entêtement" du gouvernement algérien et sa "responsabilité".

    L'agence ANI a régulièrement relayé des communiqués et déclarations des groupes islamistes dans le nord du Mali sans jamais être démentie.

    Au total, sept diplomates du consulat algérien de Gao, ont été enlevés le 5 avril par le Mujao, un des groupes alliés d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui occupent et contrôlent le nord du Mali depuis cinq mois.

    L'organisation islamiste avait exigé en mai la libération de combattants islamistes prisonniers en Algérie et 15 millions d'euros pour les relâcher, avant de libérer trois otages en juillet.

    "Le gouvernement algérien doit supporter l'entière responsabilité des conséquences de son entêtement et des décisions erronées et irresponsables de son président et ses généraux", affirme le Mujao dans son communiqué de dimanche, également relayé par des sites internet algériens.

    "L'exécution du diplomate algérien est intervenue après l'expiration de l'ultimatum fixé au gouvernement algérien. Les négociateurs algériens ont renoncé à conclure un accord pour libérer les otages à la dernière minute", selon ce texte.

    Le 24 août, un message du Mujao avait menacé les autorités algériennes de représailles si elles ne libéraient pas dans les cinq jours trois jihadistes arrêtés le 15 août, dont un dirigeant d'Aqmi, Necib Tayeb, dit Abderrahmane Abou Ishak Essoufi.

    Plus tôt dans la journée, les autorités algériennes avaient annoncé qu'elles vérifiaient des informations de presse annonçant l'exécution du diplomate algérien.

    Le texte auquel se réfèrent des sites algériens est "actuellement l'objet de vérifications nécessaires pour s'assurer de son authenticité", a annoncé le ministère algérien des Affaires étrangères, selon l'agence APS.

    "Les contacts ne sont pas rompus" avec les ravisseurs, a précisé le ministère dans un communiqué, ajoutant que les familles des quatre fonctionnaires consulaires encore retenus en otage avaient "été reçues samedi matin" au ministère.

    Le 26 août, une vidéo envoyée par le Mujao avait montré l'un des quatre otages restant demandant aux autorités algériennes de lui "sauver la vie".

    L'épouse de l'un d'eux, Mourad Guessas, a appelé le Mujao à les libérer, dans une déclaration publiée dimanche par le quotidien Liberté.

    Ce ne sont que "de simples fonctionnaires innocents", a-t-elle plaidé en pressant le président Abdelaziz Bouteflika d'oeuvrer à la libération de ces Algériens enlevés alors qu'ils étaient au "service de l'Etat algérien".

     

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  • L'ex-général algérien Khaled Nezzar pourrait être jugé en Suisse

    Mis à jour le 31.07.12 à 21h57  lien

    L'ancien ministre algérien de la Défense Khaled Nezzar pourrait être jugé en Suisse pour crimes de guerre en raison de son rôle présumé dans les violences qui ont ensanglanté l'Algérie dans les années 1990, a-t-on appris mardi de source judiciaire.

    Le Tribunal pénal fédéral (TPF) a en effet débouté mardi l'ex-général algérien, âgé de 74 ans, qui contestait la compétence des autorités judiciaires suisses.

    Khaled Nezzar demandait une immunité pour les actes commis durant son mandat, après la décision du ministère public suisse d'ouvrir une enquête pénale pour des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité commis en Algérie entre 1992 et 1999.

    Khaled Nezzar était ministre de la Défense algérien entre 1990 et 1993.

    La justice suisse ayant été saisie d'une dénonciation de TRIAL, une ONG basée à Genève et luttant contre l'impunité des crimes de guerre, ainsi que de plaintes de deux victimes de torture, Khaled Nezzar avait été interpellé en octobre dernier alors qu'il était de passage en Suisse. Il avait pu repartir deux jours plus tard.

    Reuters

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