28 Octobre 2013 - 22H19
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Tunisie: réunion clé sur le futur Premier ministre
Des chefs de partis se sont réunis lundi à huis clos pour débattre du choix du futur Premier ministre indépendant, qui doit être déterminé cette semaine pour sortir la Tunisie d'une crise politique nourrie par les violences jihadistes.Le leader du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi (c), le 25 octobre 2013 à Tunis
Le Premier ministre tunisien Ali Larayedh, le 23 octobre 2013 à TunisLe Premier ministre tunisien Ali Larayedh, le 23 octobre 2013 à Tunis
Array - Des chefs de partis se sont réunis lundi à huis clos pour débattre du choix du futur Premier ministre indépendant, qui doit être déterminé cette semaine pour sortir la Tunisie d'une crise politique nourrie par les violences jihadistes.
La vingtaine de responsables a commencé à discuter vers 16H00 GMT (17H00 locale). Ils doivent passer en revue les différentes personnalités proposées pour former le cabinet apolitique censé succéder d'ici trois semaines à celui dirigé par les islamistes d'Ennahda, a indiqué le syndicat UGTT, principal médiateur des pourparlers lancés vendredi.
Rien n'a filtré de cette réunion.
Dans un entretien à la télévision nationale dans la soirée, Houcine Abassi, le chef de l'UGTT, a indiqué que les négociateurs s'étaient entendus sur des qualités très générales dont le futur Premier ministre devra disposer.
"1- Neutralité et digne de confiance, 2- Expérience, compétence et qualités de leadership, 3- Crédibilité et mains propres, 4-Rayonnement extérieur, 5- Engagement à réaliser les objectifs de la révolution" de 2011, a-t-il dit, confirmant que le choix devait se faire avant samedi.
Les médias et plusieurs partis ont avancé une multitude de noms pour succéder à l'islamiste Ali Larayedh: Mustapha Kamel Nabli, un ex-gouverneur de la Banque centrale, Chedly Ayari, l'actuel gouverneur, ou encore Ahmed Mestiri et Mansour Moalla, deux personnalités ayant occupé des fonctions clés du temps de la présidence de Habib Bourguiba, le père de l'indépendance tunisienne.
Durant tout le week-end, des pourparlers ont eu lieu pour mettre en ?uvre la "feuille de route" du dialogue national qui, outre la formation d'un nouveau cabinet, doit aboutir à l'adoption avant fin novembre de la Constitution, en cours de rédaction depuis deux ans, ainsi que d'un calendrier et d'une législation pour les prochaines élections.
La commission de l'Assemblée nationale constituante (ANC) en charge de la réforme de son règlement intérieur s'est réunie lundi pour déterminer les mesures à prendre pour accélérer l'adoption de la future loi fondamentale.
L'ANC se réunira en séance plénière mardi matin pour débattre de la loi devant créer l'instance chargée d'organiser les futures élections. Selon la feuille de route, cet organisme doit être créé avant samedi.
"L'ANC doit honorer ses engagements devant le peuple (...) nous prévoyons que l'Assemblée termine ses travaux dans trois semaines", a répété lundi Rached Ghannouchi, chef d'Ennahda, qui a laissé un de ses adjoints assister à la réunion des chefs de partis.
Tensions et violences
La classe politique a lancé ces négociations très ambitieuses pour résoudre la crise qui paralyse la vie politique et institutionnelle depuis l'assassinat le 25 juillet de l'opposant Mohamed Brahmi, attribué à la mouvance jihadiste.
Elles ont pu débuter grâce à la promesse écrite d'Ali Larayedh de démissionner. Il a cependant souligné que son départ était tributaire de l'avancée des négociations sur la Constitution et sur les questions électorales.
Le journal La Presse s'est réjoui de voie un "bon climat" tout en notant que la personnalité recherchée pour devenir Premier ministre était "un oiseau rare, démocrate, républicain, parfaitement indépendant et neutre".
Ce "dialogue national" intervient dans un climat sécuritaire tendu face à la recrudescence des violences attribuées à la mouvance jihadiste armée.
Celles-ci ont fait neuf morts au sein des forces de l'ordre durant le seul mois d'octobre, portant à près d'une trentaine le nombre de policiers, gendarmes et militaires tués depuis le début de l'année par des groupes accusés de liens avec Al-Qaïda.
Ces violences ont initié la fronde d'un important syndicat policier contre le gouvernement, accusé de laxisme.
Des centaines de manifestants sont ainsi rassemblés lundi matin à l'appel du Syndicat national des forces de sécurité intérieures (SNFSI) devant le ministère de l'Intérieur, en plein centre de Tunis.
Le SNFSI avait organisé la manifestation ayant chassé le président Moncef Marzouki et Ali Larayedh d'une cérémonie d'hommage à deux gendarmes tués mi-octobre.
Les forces de l'ordre étaient au c?ur du système répressif du régime déchu de Zine El Abidine Ben Ali. Elles étaient en charge de la répression de la mouvance jihadiste mais aussi des islamistes d'Ennahda aujourd'hui au pouvoir.
Sur un campus de Tunis, des heurts entre militants d'un syndicat étudiant de gauche, qui appelle à une grève mardi, et leurs rivaux islamistes, ont fait plusieurs blessés, selon ces organisations qui se rejettent la responsabilité des violences.