"UN FAISCEAU D'ÉVIDENCES" SUR L'ATTAQUE CHIMIQUE
Cet accès au site accordé par Damas a été jugé "crédible" par les Etats-Unis, qui ont précisé avoir "très peu de doutes" quant à l'utilisation le 21 août par le régime syrien d'armes chimiques, a indiqué un responsable américain.
Cette décision est en effet annoncée au moment où la communauté internationale augmentait la pression sur les autorités syriennes samedi et dimanche. Les pays occidentaux semblent de plus en plus convaincus que le régime de Bachar Al-Assad a eu recours à de telles armes mercredi dans la région de Damas, malgré les démentis du gouvernement syrien, qui a assuré avec force samedi n'avoir "jamais utilisé d'armes chimiques".
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L'Elysée écrit ainsi dans un communiqué, dimanche, que François Hollande "a estimé qu'il y avait désormais un faisceau d'évidences indiquant que l'attaque du 21 août était de nature chimique, et que tout conduisait à considérer le régime syrien comme le responsable de cet acte inqualifiable". M. Hollande a aussi demandé que les inspecteurs des Nations unies puissent avoir accès" sans délai et sans restriction aucune aux sites incriminés".
VERS UNE INTERVENTION MILITAIRE ?
<figure class="illustration_haut"> </figure>Le secrétaire à la défense américain, Chuck Hagel, a lui déclaré dimanche que les forces américaines étaient prêtes à agir contre le régime syrien. "Nous avons préparé toutes les options, s'il [Barack Obama] décidait de choisir l'une d'elles", a-t-il ajouté. Divers scénarios ont été présentés samedi au président américain lors d'une réunion à la Maison Blanche avec ses conseillers à la sécurité nationale. Le détail de ces options n'a pas filtré, pas plus que la date d'une décision éventuelle de M. Obama. Les Etats-Unis ont par ailleurs décidé de renforcer leur présence navale en Méditerranée avec l'envoi dans la région d'un quatrième destroyer équipé de missiles de croisière.
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Samedi, Barack Obama s'était entretenu avec le premier ministre britannique, David Cameron, sur la question syrienne. Les deux hommes ont estimé que "l'utilisation massive d'armes chimiques mériterait une réponse sérieuse de la communauté internationale", selon le porte parole du 10, Downing Street. Washington a précisé que Barack Obama et David Cameron sont convenus de se consulter concernant les "possibilités de riposte".
L'OPTION MILITAIRE, "UNE ERREUR TRAGIQUE"
Une option militaire que la Russie est loin d'envisager. "Satisfaite" de l'accord donné par Damas à une enquête de l'ONU, elle a appelé à ne pas commettre d'"erreur tragique" en ayant recours à la force, dans un communiqué du porte-parole de la diplomatie russe, Alexandre Loukachevitch.
"Tout cela ne peut que nous rappeler les événements d'il y a dix ans, quand, en prenant pour prétexte des informations mensongères sur la présence en Irak d'armes de destruction massive, les Etats-Unis, en contournant l'ONU, se sont lancés dans une aventure, dont tout le monde connaît maintenant les conséquences."
Une initiative militaire sous l'impulsion des Etats-Unis ne serait pas une "partie de campagne", a également averti le ministre de l'information syrien, Omran Zoabi, cité dimanche par l'agence de presse officielle SANA, et il met en garde contre "une intervention militaire américaine [qui] aurait des conséquences très graves et créerait une boule de feu qui embraserait le Moyen-Orient". M. Zoabi avait plus tôt laissé entendre que les experts de l'ONU en Syrie ne seraient pas autorisés à se rendre sur les lieux du bombardement de mercredi. Damas, avait-il ajouté, "coopérera de façon significative et en toute transparence", mais "n'autorisera aucune inspection préjudiciable pour la souveraineté nationale".
L'Iran a d'ailleurs mis les Etats-Unis en garde. "Si les Etats-Unis franchissent cette ligne rouge, il y aura de dures conséquences pour la Maison Blanche", a déclaré le commandant Massoud Jazayeri, adjoint du chef de l'état-major des forces armées iraniennes, réagissant à une éventuelle opération militaire américaine en Syrie. Selon le ministère des affaires étrangères iranien, le chef de la diplomatie syrienne lui avait assuré que son gouvernement allait coopérer avec la mission des Nations unies et lui permettre de visiter les zones où, selon lui, les rebelles ont utilisé des armes chimiques.
FAIRE "CESSER LE BRUIT DES ARMES"
"Il est temps pour la communauté internationale d'essayer de se débarrasser de toutes les armes chimiques en Syrie", a pour sa part déclaré le président israélien, Simon Pérès, en marge d'une rencontre à Jérusalem avec le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, sans préciser ce qu'il envisageait concrètement. Les armes chimiques "ne peuvent pas rester là, que ce soit dans les mains d'Assad ou dans les mains de quelqu'un d'autre". "C'est très compliqué, très coûteux, mais il serait encore plus compliqué et encore plus dangereux" de laisser les choses telles qu'elles sont, a-t-il ajouté.
Le pape François a appelé dimanche à faire "cesser le bruit des armes" en Syrie, dénonçant une "multiplication des massacres et des atrocités", et a demandé à la "communauté internationale de trouver une solution". "Ce n'est pas l'affrontement qui offre des perspectives d'espérance pour résoudre les problèmes mais la capacité de se rencontrer et de dialoguer", a ajouté le pape, après la prière dominicale de l'Angélus.
Plusieurs sources ont par ailleurs annoncé samedi que les chefs d'état-major de grands pays occidentaux, dont les Etats-Unis, et du Proche-Orient devaient se réunir dans les tout prochains jours en Jordanie pour évoquer la situation en Syrie.
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