Le parti islamiste tunisien au pouvoir et le puissant syndicat UGTT doivent tenir de premiers pourparlers lundi 12 août, en pleine crise déclenchée par l'assassinat d'un opposant fin juillet, tandis que l'opposition mobilisait encore des centaines de manifestants dimanche soir à Tunis.
L'UGTT, forte d'un demi-million d'adhérents et capable de paralyser le pays, a indiqué que le chef du parti Ennahda, Rached Ghannouchi, celui du syndicat, Houcine Abassi, et le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, participeraient aux pourparlers, sans donner plus de précisions. Cette réunion interviendra après quatre jours chômés en Tunisie marquant la fin du ramadan.
M. Ben Jaafar a annoncé la semaine dernière le gel des travaux de la Constituante tant que des négociations regroupant tous les acteurs politiques et socio-économiques n'étaient pas lancées. Il avait demandé à l'UGTT de parrainer d'éventuels pourparlers.
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LES SYNDICATS ET LE PATRONAT VEULENT LA DÉMISSION DU GOUVERNEMENT
La centrale syndicale, tout comme le patronat, réclame la démission du gouvernement dirigé par Ennahda et la mise en place d'un cabinet de technocrates depuis l'assassinat, attribué à la mouvance salafiste, du député d'opposition Mohamed Brahmi. Le syndicat est cependant opposé à la dissolution de la Constituante réclamée par une hétéroclite coalition d'opposition. Le parti islamiste propose pour sa part d'élargir le gouvernement à d'autres forces politiques ainsi que des élections en décembre.
Dans la rue, comme tous les soirs depuis l'assassinat le 25 juillet du député, l'opposition organisait une manifestation dimanche. Plusieurs centaines de manifestants étaient rassemblés en début de soirée devant le siège de l'ANC et les 60 députés boycottant la Constituante ont décidé qu'à tour de rôle plusieurs d'entre eux passeraient la nuit sur place.
MANIFESTATIONS DES PRO-GOUVERNEMENT ET DES OPPOSANTS
Après près d'une semaine de pause, les partisans du gouvernement ont aussi repris dimanche soir un rassemblement concurrent à quelques dizaines de mètres de celui des opposants. En début de soirée, ils étaient plusieurs dizaines à manifester.
De son côté, le mouvement Tamarrod (rébellion), une organisation qui se veut apolitique et calquée sur le modèle égyptien dont la mobilisation est à l'origine de l'intervention militaire contre le président déchu Mohamed Morsi, a annoncé dimanche que neuf militants observaient depuis la veille une grève de la faim devant l'Assemblée.
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"Nos grévistes resteront nuit et jour en dépit du harcèlement (des partisans d'Ennahda). On restera jusqu'à ce que notre demande, la dissolution de l'ANC et de toutes les institutions qui en découlent, soient acceptées", a expliqué un responsable de Tamarrod, Souheil Bayoudh. Le mouvement revendique 1,6 million de signatures de soutien à ses revendications, un chiffre invérifiable qui représenterait plus de 15% de la population tunisienne.
La coalition d'opposition allant de l'extrême gauche au centre droit a exclu samedi toute négociation avec Ennahda tant qu'un gouvernement de salut national n'était pas en place. Elle compte proposer un cabinet alternatif composé d'indépendants la semaine prochaine.