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Malala, 15 ans, la fille qui fait peur au talibans avec un livre
Malala Yousafzai
Crédit : AFPPORTRAIT - Malala Yousafzai, la jeune militante pakistanaise, a déclaré vendredi à l'ONU, qu'elle ne se laissera pas réduire au silence par les talibans.
C'est l'histoire d'une petite fille qui voulait aller à l'école. Mais Malala Yousafzai a un problème : c'est une fille au Pakistan. Dans sa région, les talibans multiplient les incendies d'écoles pour filles, afin de les empêcher d'accéder à l'éducation.
Après 5 ans de combat, le jour de ses 16 ans, elle est à New-York, à l'Onu. Racontant aux diplomates d'une voix ferme l'histoire de ce combat qui a failli lui coûter la vie.
Militante à 11 ans
Le 12 juillet 1997, Malala né dans la province de Khyber Pakhtunkwa, une province au cœur d'un conflit armé entre l'armée pakistanaise et les talibans, exacerbé depuis la guerre d'Afghanistan en 2001. En décembre 2008, les talibans s'emparent de cette zone et y imposent leur loi.
Dans la vallée de Swat, ils interdisent l'instruction pour les filles et détruisent par explosion ou par incendie plus de 170 écoles.
Malala, elle, ne veut se limiter aux cours donnés par son père, un directeur d'école engagé dans l'éducation de tous les enfants. Elle veut aller à l'école pour, peut-être, devenir un jour médecin.
Médiatisée dans le monde entier
Malala Yousufzai interviewée en 2009
Est-ce parce que son père la pousse à devenir une femme politique ? Malala se lance dans la lutte des droits à l'éducation. Son père, encore, l'emmène à Peshawar en septembre 2008 pour s'exprimer devant des journalistes. "Comment les talibans osent-ils m'ôter mon droit à l'éducation ?", s'insurge-t-elle du haut de ses 11 ans. Son discours est repris par de nombreux journaux et les chaînes de télévision, dans toute la région.
Tout se bouscule début 2009. Un reporter de la BBC se rend au Pakistan et tombe sur le père de Malala. Il lui demande s'il connaît une femme qui aimerait écrire un journal sur son blog, décrivant sa vie sous le régime des talibans. Son père trouve alors une jeune femme, mais elle se désiste. Ce sera finalement la jeune Malala qui sera chargée du récit.
Le 3 janvier 2009, elle commence à y dépeindre un quotidien effrayant, évoquant son envie de faire mieux entendre sa voix : "Je suis triste quand je vois mon uniforme, mon cartable et mes outils de géométrie. J'ai mal. L'école des garçons ouvre demain. Mais les talibans ont interdit l'éducation des filles", écrit-elle notamment.
Symbole de la lutte contre l'oppression des talibans
Je m'en fiche si je dois m'asseoir à même le sol pour aller à l'école. Tout ce que je veux c'est une éducation. Et je n'ai peur de personne.
Continuant à écrire sur le blog de la BBC, multipliant les discours devant la presse de son pays, elle dénonce l'oppression des talibans et finit par faire rouvrir son école pour filles. Elle y est reconnue comme une héroïne. L'établissement prend même son nom.
En décembre 2011, elle reçoit le premier prix national pour la paix des mains du Premier ministre du Pakistan. Elle évoque la création d'un parti politique. Elle est aussi nominée au prix international des enfants pour la paix de la fondation KidsRights.Défigurée mais toujours déterminée
Le combat de Malala est un combat dangereux. Le 9 octobre 2012, alors qu'elle rentre de l'école, un taliban masqué lui tire dessus, dans la tête, le coup, et son épaule.
D'après des sources hospitalières, son cerveau est atteint mais Malala lutte, encore. Elle quitte l'hôpital 4 mois plus tard, défigurée, avec une plaque dans la tête. Le tireur ne sera pas retrouvé.
Mais la peur ne la muselle pas. Elle continue de lancer son message dans les plus grands médias du monde, comme le Vanity Fair américain ou encoreTime, dont elle fera la Une du numéro spécial "Les 100 personnes les plus influentes dans le monde".16 ans à l'ONU
Ce vendredi 12 juillet, Malala fête ses 16 ans. Son combat lui offre en cadeau d'anniversaire un discours devant l'ONU. Devant les intervenants réunis, celle qui a déjà une fondation à son nom a lancé un vibrant appel à "l'éducation pour tous les enfants".
Les talibans "voulaient nous réduire au silence mais ils ont échoué", a déclaré l'adolescente, d'une voix toujours aussi ferme.
C'est peut-être Ban Ki-Moon qui raconte le mieux son histoire aujourd'hui : "En attaquant Malala, les extrémistes ont montré ce dont ils ont le plus peur : une fille avec un livre."
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