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    MALI. Cette autre guerre qui commence

    Créé le 28-01-2013 à 12h05 - Mis à jour à 12h27  lien

    Deux grosses villes, Gao et Tombouctou, sont tombées. Et maintenant ? Les Français ont gagné une bataille. Le plus dur reste à faire. De notre envoyé spécial.

    Les forces françaises et maliennes sont aux portes de Tombouctou. (Jerome Delay/AP/SIPA)

    Les forces françaises et maliennes sont aux portes de Tombouctou. (Jerome Delay/AP/SIPA)
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    Gao est tombée, Tombouctou aussi. Des frappes aériennes, un parachutage, une colonne blindée qui avance... L’aéroport est pris puis un pont stratégique sur l’immense fleuve Niger. L’affaire est bouclée. Entre militaires français venus de l’Ouest et soldats tchadiens et nigériens, l’offensive, bien préparée par les Forces spéciales, n’a pas laissé d’autre choix aux djihadistes que de quitter les villes le plus rapidement possible.

    Le temps de la logorrhée du Barbu rouge de Gao n’est plus. Rappelez-vous, "Ouvrir les portes de l’Enfer" et autres délires repris complaisamment en titre pour se donner le frisson. La réalité est plus simple : les djihadistes n’ont jamais eu les moyens de faire front et de s’opposer à la progression d’une armée moderne et bien équipée.

    On savait tout cela. Le terrain l’a vérifié. Certains prédisaient une bagarre rue par rue à Gao ou Tombouctou. Là encore, c’est confondre Aqmi et Olp, djihadistes et palestiniens, rebelles d’Aqmi et garde républicaine irakienne. C’était se tromper d’époque et de guerre.

    Le reflux vers le désert

    Et maintenant ? Deux grosses villes sont tombées et, pour la troisième, Kidal, à l’extrême nord-est du Mali, ce n’est qu’une petite question de temps. Gagnée cette guerre ? Pas encore. Les Français ont gagné une bataille. Le plus dur reste à faire.

    Que font les djihadistes ? Ce qu’ils savent faire, cette fois. D’abord, ils ont soigneusement pillé tout ce qu’ils pouvaient. Magasins de vivres, dépôts de munitions et d’essence, pharmacies et hôpitaux, pick-up, 4X4 et camions des offices nationaux... Tout ce qui peut constituer un précieux trésor de guerre. L’objectif est de tenir le plus longtemps possible dans le désert. Un désert où, depuis des mois, il entrepose soigneusement dans des caches, armes, vivres et un carburant précieux. Parce qu’il faut une énorme quantité d’essence et de gasoil pour parcourir des milliers de kilomètres dans le sable. Calculez : trois à quatre cents véhicules, au moins deux mille kilomètres chacun en quelques semaines, dix à quinze litres de consommation aux cent kilomètres... entre 80 et 100.000 litres de carburant déjà brulé. Un carburant qui provient de Bordj Moktar... à la frontière algérienne.

    Donc, ils ont pillé et ils ont stocké. Maintenant, ils refluent dans le désert, vont pour une partie remonter vers Kidal, voire dans le massif de Taghaghar à l ‘extrême-nord. Certains ont même du se raser la barbe et jeter leurs habits de combattants djihadistes pour se fondre dans la population. Objectif : commencer les actions de harcèlement, la guérilla, attaquer la chaine logistique étirée sur des centaines de kilomètres, jouer de l’immensité du désert pour frapper et se retirer... Bref, toute la panoplie d’une guerre asymétrique. Couronnée sans doute par un gros attentat, voiture piégée ou kamikaze, à Bamako, Gao ou Tombouctou.

    Une population hostile aux djihadistes

    Les Français le savent très bien, même s’ils ne sont pas sans défense, cette bataille sera plus difficile et beaucoup plus longue. Et les djihadistes seront dans leur élément. A la différence de l’Afghanistan toutefois, les forces régulières devraient pouvoir compter sur une population hostile aux fanatiques qui les ont occupé et brutalisé pendant plus d’un an.

    Nouvelle problématique, nouveaux dangers, nouvelle stratégie... les grandes villes du Nord sont tombées. Il reste un désert de 220.000 km2 à contrôler. Une autre guerre vient de commencer.


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