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    Mariage homo : "Mieux vaut une paire de mères qu'un père de merde"

    Créé le 16-12-2012 à 19h52 - Mis à jour à 22h43   lien

    Gays, lesbiennes, hétéros, militants ou simples curieux... Les partisans du mariage homosexuel sont une grande famille colorée. Promenade de pancarte en pancarte.

    Saint-Nicolas, alias Jean, un militant de "Couleur gaies", le centre LGBT de Lorraine-nord. (BL - Nouvel Obs)

    Saint-Nicolas, alias Jean, un militant de "Couleur gaies", le centre LGBT de Lorraine-nord. (BL - Nouvel Obs)
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    Il y avait Harlem Désir, Bertrand Delanoë, Jean-Luc Mélenchon, Roselyne Bachelot, Cécile Duflot, Noël Mamère, Pierre Bergé… Les partisans du projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels ont défilé dimanche 16 octobre à Paris. 60.000 manifestants, selon la préfecture de police, 150.000, selon les organisateurs : une joyeuse cohue colorée et pleine d'humour, aux slogans inventifs.

     

     

     

    "Touche pas à mon pote gay" Le fameux slogan de SOS Racisme est recyclé pour l'occasion, la main est repeinte aux couleurs de l'arc-en-ciel LGBT. "Ce slogan, c'est une manière de dire que tout le monde peut manifester. Moi, je suis lesbienne, mais ici il y a des gays, des hétéros, toutes les sexualités", explique la jeune Colombe, emmitouflée dans sa chapka. Ce n'est pas sa maman Elisabeth qui la contredira : elle défile elle aussi, en militante expérimentée. "Ma première manifestation pour les droits des homos, c'était en 1972 !"

     

    Tiphanie et Sophie jouent aux princesses. Elles sont de celles qui aiment les robes de mariées, et ont sauté sur l'occasion. D'ailleurs, les photographes ne les quittent plus tant leur tenue incarne le droit au mariage homosexuel. "Pourquoi on est ici ? C'est une évidence ! Pourquoi ceux qui s'aiment n'auraient pas le droit de se marier ?"

     

     

     

     

     

     

    "François, tu perds les pédales !" Sabrina n'est pas lesbienne mais défile au nom de "l'égalité pour tous". Et a choisi une pancarte qui égratigne le président de la République. Car les associations LGBT n'ont pas du tout aimé que François Hollande évoque la possibilité, pour les maires, de refuser de marier des homosexuels au nom de la "liberté de conscience". Le président a très vite fait marche arrière, mais le mal est fait. "François Hollande ne se mouille pas assez", déplore Sabrina, "l'égalité des droits, ce n'est pas de dire aux maires qu'ils peuvent choisir qui ils vont marier !"

     

     

     

     

     

    "J'ai perdu mon mari !" On le repère pourtant de loin, Michel, avec son bonnet en forme de tête de renne. Sur l'une des cornes : un badge "engagement 31". "Le mariage pour les couples homosexuels est la 31e des 60 promesses de campagne de François Hollande", rappelle ce militant socialiste. "Je suis en couple depuis 35 ans. Le mariage, on en a besoin pour la pension de réversion. Si je claque, mon mari aura la moitié de ma pension." Michel manifeste pour maintenir la pression sur le gouvernement. Car la sortie de François Hollande sur la liberté de conscience des maires lui est restée en travers de la gorge. "On n'est pas encore marié mais on est déjà cocu", raille-t-il. "Ce n'est pas le moment de flancher, cette manif c'est aussi pour damner le pion à ceux d'en face qui ne veulent pas du mariage homo." Alors tant mieux s'il y a beaucoup de monde… même si cela ne l'aidera pas à retrouver son mari, perdu dans la foule.

    Antoine, lui, ne veut pas se marier. "Mais je me bats pour ceux qui veulent le faire". Il défile sous un slogan provocateur : "un enfant = une papa + un maman". "Les gens ne comprennent pas tout de suite, ils se retournent en faisant la grimace, puis ils sourient." Masculin/féminin, les genres s'effacent. Le jeune homme de 20 ans a choisi de détourner un slogan de Civitas, l'organisation catho-tradi, qui est souvent la cible des manifestants. Comme ce haut-parleur qui lance : "Civitas, serre les fesses, on arrive à toute vitesse !" "Le droit au mariage, c'est aussi quelque chose qui va bouleverser les perspectives pour les modes de vie des gays"; reprend Antoine. Comme un pas vers la normalité ? Brice, 25 ans, qui défile avec lui, récuse ce terme. "Le mariage, c'est la liberté, pas la normalité. On n'est pas normaux, personne ne l'est!"

     

     

    "Le monde hétéro ne sera jamais notre modèle." Elles se définissent comme des "lesbiennes subversives". Marina, Nathalia et Julie préviennent d'emblée : "le mariage ne nous tente pas du tout, on est ici dans la rue pour contrer le vomi de lesbophobie et d'homophobie qu'on entend en ce moment". "L'égalité des droits, OK. Mais ce n'est pas le mariage qui va changer les structures patriarcales, lesbophobes et homophobes de la société", prévient Nathalia, 29 ans. Pour Julie, 51 ans, "le mariage c'est violent", "c'est un système fondé sur l'oppression de la femme". Sur les pancartes, les slogans tranchent avec le caractère festif de la manifestation. "Le couple hétérosexuel tue une femme tous les sept jours" ou encore "l'homophobie est une affaire de famille, lesbianisons nos vie."

    Une affaire de famille aussi pour Murielle, qui est venue d'Issy-les-Moulineaux avec ses deux jeunes enfants. "Je les ai emmenés avec moi pour qu'ils construisent leur conscience politique. Je ne veux pas qu'ils aient de préjugés. Les gens sont les gens, s'ils veulent se marier avec quelqu'un du même sexe, c'est leur choix." Jade, 10 ans, et Marin, 8 ans, ouvrent grands leurs yeux. Ils ont l'âge de déchiffrer les pancartes alentour : "Mieux vaut une paire de mères qu'un père de merde" ; "avec deux papas pédés, plus d'enfant mal habillé" (en photo). Mais Jade et Marin ont encore quelques années avant de penser mariage.

    "Saint-Nicolas veille sur les enfants." L'archevêque de Paris aurait-il perdu sa route ? Que nenni ! Faites place à Saint-Nicolas, alias Jean, un militant de "Couleur gaies", le centre LGBT de Lorraine-nord. "Saint-Nicolas, c'est plus un symbole populaire qu'un symbole religieux", explique l'association. "Il est le protecteur des enfants. On a voulu montrer que l'homoparentalité n'est pas un danger. Les homosexuels sont comme tout le monde, ils s'aiment et veulent fonder une famille. Et puis Saint-Nicolas amène une petite touche régionale dans ce cortège parisien."

    Curieux conquis. "Je n'ai pas fait beaucoup de manifs." Roxanne, 22 ans, s'est laissée convaincre par son ami Fabrice. "Je suis pour le mariage pour tous, alors je suis venue voir. Et c'est vraiment très festif. Il y a des hommes, des femmes, des jeunes et des plus vieux, des homos, des hétéros… Ça montre bien que les homos sont complètement intégrés dans la société." Roxanne est ravie de sa promenade du dimanche.

    Baptiste Legrand


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