L'ex-sénatrice UMP Marie-Thérèse Hermange et le N.2 de Servier, Jean-Philippe Seta, ont été mis en examen dans une enquête visant le laboratoire pharmaceutique, soupçonné d'être intervenu dans la rédaction d'un rapport sénatorial sur le Médiator, a annoncé samedi 27 avril une source judiciaire.
Prononcées vendredi soir, ces mises en examen interviennent dans le cadre d'une enquête pour trafic d'influence, ouverte fin 2011 et visant les laboratoires Servier, soupçonnés d'être intervenus pour qu'un rapport sénatorial minimise leur responsabilité dans l'affaire du Mediator et insiste sur celle de l'Agence du médicament (ex-Afssaps, devenue ANSM).
Le chef exact de ces mises en examen n'a pas été précisé. Interrogé, l'avocat de Jean-Philippe Seta, Me Hervé Temime, n'a pas souhaité faire de commentaire. Marie-Thérèse Hermange n'a pu être jointe.
Ecoutes téléphoniques
Les soupçons sont nés d'écoutes téléphoniques relatant une conversation entre le directeur opérationnel du groupe Servier, Jean-Philippe Seta, et Claude Griscelli, professeur de pédiatrie et de génétique qui fut directeur général de l'Inserm.
Claude Griscelli indiquait au dirigeant de Servier que Marie-Thérèse Hermange, responsable de la rédaction d'un rapport du Sénat publié en juin 2011 -"La réforme du système du médicament, enfin!"-, lui avait "demandé d'aller travailler avec elle pour le Sénat" sur ce rapport. Il précisait avoir "fait changer pas mal de choses".
Marie-Thérèse Hermange, qui n'est plus sénatrice depuis septembre 2011, avait catégoriquement démenti ces affirmations auprès de l'AFP en reconnaissant avoir rencontré Claude Griscelli "pour avoir une discussion avec lui". Mais "le rapport était bouclé" et "aucun élément n'en a été modifié à la demande de Claude Griscelli", avait-elle insisté. Le groupe Servier avait lui aussi démenti avoir fait modifier ce rapport.
Le rapport sénatorial avait épinglé l'Afssaps, qui "semble avoir redécouvert tardivement des travaux publiés pourtant dès les années 1970" sur le Mediator.