• Ménie Grégoire, la voix des femmes des années 70, s'est tue

    Ménie Grégoire, la voix des femmes des années 70, s'est tue

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    <time datetime="2014-08-16T11:59:44+02:00" itemprop="datePublished" pubdate="pubdate">Publié le 16/08/2014 à 11:59</time>, <time datetime="2014-08-16T15:09:03+02:00" itemprop="dateModified">Mis à jour le 16/08/2014 à 15:09</time>

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    lien Portrait de l'écrivain et animatrice radio Ménie Grégoire, réalisé à Chanceau-Près-Loches - Alain Jocard - AFP/Archives

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    Portrait de l'écrivain et animatrice radio Ménie Grégoire, réalisé à Chanceau-Près-Loches Alain Jocard  /  AFP/Archives
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    Ménie Grégoire, grande voix de RTL qui a recueilli et libéré durant 15 ans la parole des femmes sur leur vie de mère, d'épouse et d'amante, osant parler de sexualité sur les ondes des années 60 et 70, est décédée dans la nuit de vendredi à samedi à 95 ans.

    Allô Ménie, son émission, "était un véritable phénomène de société", a souligné sur RTL un autre animateur de la station, André Torrent, qui a débuté avec l'animatrice. "Toute la France avait envie d'appeler Ménie Grégoire au moindre problème".

    Elle est morte au lendemain de son 95ème anniversaire à Tours. Elle "passait l'été dans une maison de famille en Touraine et avait été transférée il y a quelques jours dans une maison de retraite médicalisée où elle est décédée dans la nuit", a annoncé à l'AFP une de ses trois filles, Nathalie Dubeyne.

    De 1967 à 1981, tous les après-midi durant une demi-heure, accompagnée d'un médecin, elle a écouté, aidé à parler et conseillé des auditeurs, et principalement des femmes, sur leurs problèmes de couple, la contraception et, plus globalement, la sexualité, un sujet encore largement tabou.

    "A l'époque où je faisais mon émission, l'homme était souvent un peu... une brute, et la femme, pas du tout informée", racontera-t-elle plus tard. "On rendait brusquement la parole sérieuse en parlant du sexe, alors que jusque-là, de mon temps, c'était toujours pour plaisanter et avec des grossièretés", racontait cette femme d' allure chic et à la voix chaleureuse.

    De ces années de confessions, il reste également 100.000 lettres, à 90% émanant de femmes, qu'elle a léguées aux archives d'Indre-et-Loire : 66 mètres de linéaires et "un miroir" de "la génération des années 60-70 avant que la France bascule dans une autre période", selon l'historien, Marc de Ferrière, qui veut y consacrer une thèse.

     

    - Émancipatrice -

    Violence conjugale, enfants adultérins, alcoolisme, avortement, frigidité... "On m'a tout dit. Tout est là", se félicitait Ménie Grégoire il y a encore quelques années sur RTL.

    Ménie Grégoire "a fait plus que marquer l'histoire de la radio, elle marqué l'histoire de la société (...) C'est quelqu'un qui a ouvert un espace d'expression à un moment où la société n'était pas nécessairement prête à l'avoir", résume Marc de Ferrière, enseignant de l'Université de Tours qui l'a rencontrée plusieurs fois.

    "L'écouter parler de ça, c'était formidable, car elle avait gardé sa tête jusqu'au bout et parlait avec beaucoup d'émotion des témoignages qu'elle avait reçus des femmes à l'époque".

    Marie Grégoire, née Laurentin, née le 15 août 1919 à Cholet (Maine-et-Loire) était issue d'une famille bourgeoise, avec un père architecte et une mère au foyer.

    Diplômée d'études supérieures de lettres et de l'Institut d'Art et d'archéologie de Paris, elle s'était d'abord lancée dans le journalisme en travaillant pour diverses revues d'art, puis a collaboré au Monde, à la revue Esprit, à plusieurs titres de la presse catholique et au magazine Elle.

    Quand Jean Farran, directeur de RTL la recrute comme animatrice, Ménie Grégoire vient de publier "Le Métier de la femme" (1964), un ouvrage militant pour l'égalité dans le couple et la contraception, mais a également suivi une psychanalyse durant 10 ans.

    Émancipatrice, certains lui reprocheront néanmoins longtemps son émission en public en mars 1971, salle Pleyel, sur le thème "l'homosexualité, ce douloureux problème", en présence d'un psychanalyste et d'un prêtre qui conclura par un "l'Eglise a toujours eu pitié des homosexuels" qui provoqua un véritable tollé dans l'assistance.

    Après l'arrêt de son émission, Ménie Grégoire fut éditorialiste du mensuel Marie-Claire, à RTL (1980-86) et France-Soir (1986-99), animatrice sur FR3 (1984) et collaboratrice à Radio Bleue.

    Elle s'était également engagée pour le "droit de mourir dans la dignité".

     


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