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    Photos @ Marie-Lan Nguyen / Morgane Bricard

    Communiqué de l’association Ferus, 18 août 2014.

    SEGOLENE ROYAL AUTORISE LA CHASSE AU LOUP

    Segolène Royal et Stéphane le Foll ont signé le 5 août dernier l’arrêté autorisant de fait la chasse au loup dans notre pays. Cet arrêté a été publié au JO du 14 août (voir –> ICI).

    Sous la pression des lobbies du monde de l’élevage et des fédérations de chasseurs, cet arrêté, repoussé par le Conseil National de Protection de la Nature et au cours de la consultation publique par 74 % des opinions exprimées, a été promulgué, faisant ainsi de notre pays un modèle négatif en matière de biodiversité et de protection des espèces sauvages.

    Honte sur ces ministres qui choisissent le fusil pour régler un problème qui peut l’être efficacement par une protection correcte des troupeaux ! La France donne ainsi le signal le plus négatif possible et met le loup au rang des « nuisibles » pouvant être éliminés alors qu’il est strictement protégé.

    Par cette promulgation, Ségolène Royal et Stéphane Le Foll resteront ainsi dans l’histoire les fossoyeurs d’une biodiversité qu’ils méprisent pour donner des gages à une infime partie des citoyens qui refusent de s’adapter au mépris de la majorité qu’ils ignorent.

    Nous savons de source sûre que les sociétés de chasse, notamment dans le Mercantour, attendent avec impatience les dates d’ouverture pour aller en « découdre  » avec les loups sous prétexte de battues au grand gibier, sûres de leur impunité et de l’appui des préfets.

    Ferus, avec ses partenaires associatifs du collectif CAP Loup, a décidé d’exercer un recours auprès du Conseil d’Etat contre cet arrêté que nous considérons comme illégal.

    Que tous les adhérents, militants et sympathisants se préparent à des moments difficiles et fassent part de leur colère aux ministères concernés.

    Lire aussi : 

    - FERUS demande la démission de la ministre de l’Écologie

    - Ségolène Royal confirme l’autorisation de la chasse au loup

    -  Qui protégera le loup en France, si notre Ministre de l’écologie ne le fait pas ?

    - Loup : Ségolène Royal reconnait ignorer l’avis des français !

    -  Loups en sureffectif? Ferus réagit aux propos de Ségolène Royal

     

    + d’actus

     

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  • Guerre des idées                            lien 

    Le rôle de l’intellectuel : extraits

    mai 2006

    Nizan : contre les chiens de garde

    Que font les penseurs de métier au milieu de ces ébranlements ? Ils gardent encore leur silence. Ils n’avertissent pas. Ils ne dénoncent pas. Ils ne sont pas transformés. Ils ne sont pas retournés. L’écart entre leur pensée et l’univers en proie aux catastrophes grandit chaque semaine, chaque jour, et ils ne sont pas alertés. Et ils n’alertent pas. L’écart entre leurs promesses et la situation des hommes est plus scandaleux qu’il ne fut jamais. Et ils ne bougent point. Ils restent du même côté de la barricade. Ils tiennent les mêmes assemblées, publient les mêmes livres. Tous ceux qui avaient la simplicité d’attendre leurs paroles commencent à se révolter, ou à rire. (Paul Nizan, Les Chiens de garde, réédité par Agone, Marseille, 1998.)

    Foucault : l’intellectuel spécifique

    Pendant longtemps, l’intellectuel dit « de gauche » a pris la parole et s’est vu reconnaître le droit de parler en tant que maître de vérité et de justice. On l’écoutait, ou il prétendait se faire écouter comme représentant de l’universel. Etre intellectuel, c’était être un peu la conscience de tous. (...) Il y a bien des années qu’on ne demande plus à l’intellectuel de jouer ce rôle. (...) Les intellectuels ont pris l’habitude de travailler non pas dans l’universel, l’exemplaire, le juste-et-le-vrai-pour-tous, mais dans des secteurs déterminés, en des points précis où les situaient soit leurs conditions de travail, soit leurs conditions de vie (le logement, l’hôpital, l’asile, le laboratoire, l’université, les rapports familiaux ou sexuels). Ils y ont gagné à coup sûr une conscience beaucoup plus concrète et immédiate des luttes. Et ils ont rencontré là des problèmes qui étaient spécifiques, non universels, différents souvent de ceux du prolétariat ou des masses. Et cependant, ils s’en sont rapprochés, je crois pour deux raisons : parce qu’il s’agissait de luttes réelles, matérielles, quotidiennes, et parce qu’ils rencontraient souvent, mais dans une autre forme, le même adversaire que le prolétariat, la paysannerie ou les masses (les multinationales, l’appareil judiciaire et policier, la spéculation immobilière) ; c’est ce que j’appellerais l’intellectuel spécifique par opposition à l’intellectuel universel. (Michel Foucault, Dits et écrits II, 1976-1988, Gallimard, Paris, 2001.)

    Bourdieu : l’intellectuel collectif

    Nombre de travaux historiques ont montré le rôle qu’ont joué les think tanks dans la production et l’imposition de l’idéologie néolibérale qui gouverne aujourd’hui le monde ; aux productions de ces think tanksconservateurs, groupements d’experts appointés par les puissants, nous devons opposer les productions de réseaux critiques, rassemblant des « intellectuels spécifiques » (au sens de Foucault) dans un véritableintellectuel collectif capable de définir lui-même les objets et les fins de sa réflexion et de son action, bref autonome. Cet intellectuel collectif peut et doit remplir d’abord des fonctions négatives, critiques, en travaillant à produire et à disséminer des instruments de défense contre la domination symbolique qui s’arme aujourd’hui, le plus souvent, de l’autorité de la science ; fort de la compétence et de l’autorité du collectif réuni, il peut soumettre le discours dominant à une critique logique qui s’en prend notamment au lexique (« mondialisation », « flexibilité », etc.), mais aussi à l’argumentation (...) ; il peut aussi le soumettre à une critique sociologique, qui prolonge la première, en mettant à jour les déterminants qui pèsent sur les producteurs du discours dominant (à commencer par les journalistes, économiques notamment) et sur leurs produits ; il peut enfin opposer une critique proprement scientifique à l’autorité à prétention scientifique des experts, surtout économiques.

    Mais il peut aussi remplir une fonction positive, en contribuant à un travail collectif d’invention politique. L’effondrement des régimes de type soviétique et l’affaiblissement des partis communistes dans la plupart des nations (...) ont libéré la pensée critique. Mais la doxanéolibérale a rempli toute la place laissée ainsi vacante et la pensée critique s’est réfugiée dans le « petit monde » académique, où elle s’enchante elle-même d’elle-même, sans être en mesure d’inquiéter qui que ce soit en quoi que ce soit.

    Toute la pensée politique critique est donc à reconstruire, et elle ne peut pas être l’œuvre d’un seul, maître à penser livré aux seules ressources de sa pensée singulière, ou porte-parole autorisé par un groupe ou une institution pour porter la parole supposée des gens sans parole. C’est là que l’intellectuel collectif peut jouer son rôle, irremplaçable, en contribuant à créer les conditions sociales d’une production collective d’utopies réalistes. (Pierre Bourdieu, Contre-Feux 2, Raisons d’agir, Paris, 2001.)

     

    Gilles Deleuze : une théorie doit servir...

    C’est ça, une théorie, c’est exactement comme une boîte à outils. Il faut que ça serve, il faut que ça fonctionne. Et pas pour soi-même. S’il n’y a pas des gens pour s’en servir, à commencer par le théoricien lui-même qui cesse alors d’être théoricien, c’est qu’elle ne vaut rien ou que le moment n’est pas venu. On ne revient pas sur une théorie, on en fait d’autres, on en a d’autres à faire. C’est curieux que ce soit un auteur qui passe pour un pur intellectuel, Proust, qui l’ait dit si clairement : traitez mon livre comme une paire de lunettes dirigées sur le dehors, eh bien, si elles ne vous vont pas, prenez-en d’autres, trouvez vous-même votre appareil qui est forcément un appareil de combat. (Gilles Deleuze, « Les intellectuels et le pouvoir. Entretien entre Michel Foucault et Gilles Deleuze », L’Arc, no 49, Aix-en-Provence, mai 1972.)

    Edward Said : la politique est partout

    La politique est partout. On ne peut lui échapper en se réfugiant dans le royaume de l’art pour l’art et de la pensée pure, pas plus d’ailleurs que dans celui de l’objectivité désintéressée ou de la théorie transcendantale. Les intellectuels sont de leur temps, dans le troupeau des hommes menés par la politique de représentation de masse qu’incarne l’industrie de l’information ou des médias ; ils ne peuvent lui résister qu’en contestant les images, les comptes rendus officiels ainsi que les justifications émanant du pouvoir et mises en circulation par des médias de plus en plus puissants – et pas seulement par des médias, mais par des courants entiers de pensée qui entretiennent et maintiennent le consensus sur l’actualité au sein d’une perspective acceptable. L’intellectuel doit, pour y parvenir, fournir ce que Wright Mills appelle des « démasquages » ou encore des versions de rechange, à travers lesquelles il s’efforcera, au mieux de ses capacités, de dire la vérité. (...) L’intellectuel, au sens où je l’entends, n’est ni un pacificateur ni un bâtisseur de consensus, mais quelqu’un qui engage et qui risque tout son être sur la base d’un sens constamment critique, quelqu’un qui refuse quel qu’en soit le prix les formules faciles, les idées toutes faites, les confirmations complaisantes des propos et des actions des gens de pouvoir et autres esprits conventionnels. Non pas seulement qui, passivement, les refuse, mais qui, activement, s’engage à le dire en public. (...) Le choix majeur auquel l’intellectuel est confronté est le suivant : soit s’allier à la stabilité des vainqueurs et des dominateurs, soit – et c’est le chemin le plus difficile – considérer cette stabilité comme alarmante, une situation qui menace les faibles et les perdants de totale extinction, et prendre en compte l’expérience de leur subordination ainsi que le souvenir des voix et personnes oubliées. (Edward W. Said, Des intellectuels et du pouvoir, Seuil, Paris, 1996.)


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  • <article class="article article_normal" itemscope="" itemtype="http://schema.org/NewsArticle" style="box-sizing: border-box; margin-bottom: 13px; color: rgb(22, 33, 44); font-family: arial, freeSans, sans-serif; line-height: 18.200000762939453px; background-color: rgb(255, 255, 255);">

    Les chrétiens de Mossoul racontent leur expulsion,

    froide et implacable

    LE MONDE | <time datetime="2014-07-24T10:56:36+02:00" itemprop="datePublished">24.07.2014 à 10h56</time> • Mis à jour le <time datetime="2014-07-25T15:01:14+02:00" itemprop="dateModified">25.07.2014 à 15h01</time> |Par Rémy Ourdan (Erbil, Kurdistan irakien, envoyé spécial)                  lien Dix-huit familles chrétiennes ayant fui Mossoul se sont réfugiées dans le sous-sol d’une église d’Erbil. Ici, le 22 juillet.

    <figure>
    <figcaption data-caption="Dix-huit familles chrétiennes ayant fui Mossoul se sont réfugiées dans le sous-sol d’une église d’Erbil. Ici, le 22 juillet. | Laurent Van der Stockt pour Le Monde">Dix-huit familles chrétiennes ayant fui Mossoul se sont réfugiées dans le sous-sol d’une église d’Erbil. Ici, le 22 juillet. | Laurent Van der Stockt pour Le Monde</figcaption></figure>

    Ils ont tout perdu, sauf la vie. Dans cet Irak transformé en enfer sur terre depuis onze ans, les chrétiens de Mossoul sont vivants, presque soulagés d'êtrecondamnés à l'errance et à l'exil. A l'église syriaque orthodoxe Oum Nour (« Mère de lumière ») d'Erbil, dix-huit familles s'entassent dans le sous-sol, aménagé en camp de réfugiés.

    Tous racontent, à propos de l'Etat islamique, qui a proclamé un « califat » sur les territoires conquis en Irak et en Syrie, la même histoire. Ce n'est pas du chaos. C'est le récit d'une organisation froide et implacable.

    Lire aussi le reportage : A Bagdad, l'étau djihadiste se resserre

    « Pendant trois semaines, les hommes de Da'ech ne se sont pas préoccupés de nous. Ils ne s'attaquaient qu'aux soldats, policiers et fonctionnaires chiites. Nous vivions discrètement », raconte un homme.

    « Nous n'avions pas de liberté, mais ça allait. Nous, les femmes, portions des robes longues et des hijabs pour passer inaperçues », poursuit son épouse. « Certains disaient que nous étions protégés, témoigne Reham, une mère defamille. Ils paraissaient presque pacifiques. »

    « UN “N” À LA PEINTURE ROUGE, SUR CHAQUE MAISON »

    Avant de tomber entre les mains des djihadistes, Mossoul abritait entre 5 000 et 25 000 chrétiens. Beaucoup s'enfuient dès sa conquête par l'Etat islamique, le 10 juin. La route vers le Kurdistan reste étonnamment ouverte, malgré des combats sporadiques entre djihadistes et peshmergas kurdes. Même le bus Mossoul-Erbil reste en service.

     
    Et si vous faisiez confiance aux employés Renault ?
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    Renault lance Top Renault, sa plateforme de véhicules d’occasion du personnel

    La situation change le 16 juillet. Le soir, les djihadistes rendent visite à chaque famille chrétienne. « Ils ont dessiné un “N” dans un cercle, à la peinture rouge, sur chaque maison », témoignent les réfugiés. « N » pour « nassarah », nom utilisé pour désigner les chrétiens dans le Coran. « Ils ont demandé les numéros de téléphone de chaque famille et dit qu'il ne fallait pas hésiter à les appeler en cas de problème, raconte un vieil homme. J'ai cru qu'ils allaient nous protéger. »

    <figure>18 familles chrétiennes (syriaques orthodoxes) de Mossoul qui ont fui la progression de l’État Islamique en Irak et au Levant, ont trouvé refuge dans les caves de l'église Oum Nour, dans le quartier d'Ankawa à Erbil, en Irak, le 22 juillet. <figcaption data-caption="18 familles chrétiennes (syriaques orthodoxes) de Mossoul qui ont fui la progression de l’État Islamique en Irak et au Levant, ont trouvé refuge dans les caves de l'église Oum Nour, dans le quartier d'Ankawa à Erbil, en Irak, le 22 juillet. | LAURENT VAN DER STOCKT POUR « LE MONDE »">18 familles chrétiennes (syriaques orthodoxes) de Mossoul qui ont fui la progression de l’État Islamique en Irak et au Levant, ont trouvé refuge dans les caves de l'église Oum Nour, dans le quartier d'Ankawa à Erbil, en Irak, le 22 juillet. | LAURENT VAN DER STOCKT POUR « LE MONDE »</figcaption></figure>

    Le clergé sait, de son côté, à quoi s'en tenir. L'évêché de Mossoul refuse une convocation à une réunion avec l'Etat islamique, ne voulant pas collaborer à un transfert forcé de population. « Nous avons su que les chrétiens allaient êtreexpulsés, confirme l'évêque d'Erbil, Mgr Bachar Warda. Il n'y a eu aucune négociation. De toute façon, ces gens de Da'esh ne négocient pas. Ils donnent des ordres et vous devez obéir. »

    La nuit suivante, les combattants repassent devant chaque maison. A leur réveil, les chrétiens découvrent, à côté du « N » rouge, l'inscription « Propriété de l'Etat islamique » peinte en noir.

    C'est juste après la prière de l'aube du vendredi que l'annonce est transmise à la population, par des tracts et par les haut-parleurs des mosquées. Les chrétiens ont jusqu'au samedi 19 juillet à midi pour choisir entre se convertir à l'islampayerun impôt spécial pour non-musulmans, ou partir. L'ultime option, en cas de désobéissance, étant de périr « par le glaive ».

    « ILS ONT MÊME PRIS LE BIBERON DE MON FILS »

    « Nous avons entassé nos affaires dans les voitures, raconte Reham. Je suis partie avec mon mari et nos deux fils. Contrairement à d'autres qui sont passés au checkpoint plus tard, ils n'ont pas pris notre voiture, mais ils ont pris l'argent, les bagages. Ils ont même pris le biberon de mon fils cadet. »

    Le vol est systématique. Les combattants ont des ordres. Absolument rien, à part les vêtements qu'ils portent, n'est laissé aux exilés. « Ils ont pris l'argent, les bijoux, les téléphones, et même les sacs de vêtements et de nourriture », raconte un homme. Le seul objet qui semble échapper à une logique est la voiture, parfois volée, parfois pas. Des familles ont marché un kilomètre pour atteindre le checkpoint des forces kurdes.

    « Nous sommes partis parmi les derniers, à bord d'un minibus, témoigne Samir.Nous étions douze chrétiens, et dix musulmans. Au checkpoint, un combattant a ordonné aux chrétiens de lui donner, argent, téléphones et sacs. Les musulmans aussi avaient peur. Le type qui est entré dans le bus nous a dit que nous devrionsêtre contents qu'ils nous laissent partir comme ça… »

    <figure>18 familles chrétiennes (syriaques orthodoxes) de Mossoul qui ont fui la progression de l’État Islamique en Irak et au Levant, ont trouvé refuge dans les caves de l'église Oum Nour, dans le quartier d'Ankawa à Erbil, en Irak, le 22 juillet. </figure>

    Les chrétiens de Mossoul affirment qu'ils n'ont aucun espoir de rentrer chez eux. Les autorités kurdes les aident à s'installer à Antawa, le quartier chrétien d'Erbil, et dans les villages chrétiens de la région. Beaucoup songent à l'exil à l'étranger, à l'instar de 400 000 chrétiens déjà partis d'Irak depuis dix ans.

    « Pourtant, nous vivions bien ensemble, chrétiens et musulmans », raconte un homme qui se choisit le pseudonyme d'« El-Mosoli », « l'homme de Mossoul ». «Retourner un jour à Mossoul ? » Il lève les yeux au ciel… La question paraît tellement incongrue, à l'heure du califat. Pourtant, le fait que chacun exige l'anonymat est peut-être le signe que l'espoir d'un retour n'est pas mort. « El Mosoli », qui s'apprête à sortir de l'église, se retourne et murmure : « Quel homme n'a pas envie de retrouver un jour sa terre et d'y vivre ? »

     

     

    </article>

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  • Etats-Unis: vers la reprise de l'exploration pétrolière dans l'Atlantique

     

    Créé le 18/07/2014 à 23h50 -- Mis à jour le 19/07/2014 à 23h00     lien 

    <aside>Des navires au large de la Louisiane sur la zone de l'accident de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon opérée par le groupe BP, le 10 août 2010, qui avait causé la plus grande marée noire de l'histoire des Etats-Unis

    Des navires au large de la Louisiane sur la zone de l'accident de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon opérée

    par le groupe BP, le 10 août 2010, qui avait causé la plus grande marée noire de l'histoire des Etats-Unis WIN MCNAMEE GETTY

     

    </aside>

    Washington - Les Etats-Unis ont ouvert la voie vendredi à la reprise de l'exploration pétrolière dans l'océan Atlantique, interdite depuis le début des années 1980 sur fond d'inquiétudes environnementales.

    Les autorités ont «identifié une voie à suivre afin de répondre aux besoins de mettre à jour les données sur la région, vieilles de près de 40 ans, tout en protégeant la vie sous-marine», a indiqué dans un communiqué l'agence fédérale chargée de la gestion des océans (Boem).

    Concrètement, la décision prise vendredi ne permet pas formellement la reprise de l'exploration pétrolière dans la région mais définit un «schéma» permettant aux entreprises de solliciter des autorisations auprès des autorités, explique le Boem.

    L'agence «examinera les demandes de permis et d'autres autorisations pour des activités géologiques et géophysiques dans les zones prévues du centre du littoral Atlantique et de l'Atlantique-Sud», assure le communiqué.

    Le Boem souligne toutefois qu'il veillera à limiter l'impact d'une éventuelle exploration pétrolière --notamment via les techniques de forage sismique-- sur la faune aquatique et spécialement sur les baleines.

    Les industriels de l'énergie, qui militent pour la reprise des forages offshore en Atlantique, ont salué la décision tout en s'inquiétant des restrictions qui ne seraient pas «fondées scientifiquement», a indiqué l'American Petroleum Institute dans un communiqué.

    La décision a, en revanche, suscité l'inquiétude des organisations de défense de l'environnement.

    Les limites posées par les autorités «ne vont pas assez loin pour combattre les menaces qui pèsent sur la pêche, l'économie et les animaux marins», a estimé l'organisation Oceana, assurant que la technique des forages sismiques pourrait conduire à une catastrophe similaire à celle du golfe du Mexique en 2010.

    L'explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon avait alors entraîné le déversement de 4,9 millions de barils de brut dans les eaux du golfe du Mexique, la plus grande marée noire de l'histoire des Etats-Unis.

     © 2014 AFP

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  • 87,9 % de réussite au bac, ou la stratégie du renoncement

    Bien sûr, on félicitera chaleureusement les centaines de milliers de jeunes qui viennent de décrocher leur bac. Ils vont pouvoir passer leurs vacances d'été l'esprit libre, contents d'avoir achevé sur un succès leur cycle d'études secondaires.

    Avec 87,9 % d'admis, le taux de réussite de cette année pulvérise tous les records. C'est 3,7 points de mieux que l'an dernier, qui était pourtant déjà une année faste. Mais est-ce vraiment une bonne nouvelle ? Faut-il vraiment se réjouir de cette progression spectaculaire du taux de réussite ?

    Que vaut, en effet, un diplôme que décrochent l'immense majorité des candidats ? Que vaut-il aux yeux d'un responsable universitaire, d'un directeur de grande école, d'un employeur ? Que vaut-il aux yeux des jeunes bacheliers eux-mêmes ? Ont-ils le sentiment d'avoir réussi un examen difficile, ou plutôt d'avoir négocié sans encombre une épreuve qui s'apparente désormais à une simple formalité - même si elle peut encore réserver quelques petites surprises ?

    "Certains de mes élèves ne sont pratiquement jamais venus en cours ; leurs rares résultats, notamment au bac blanc, étaient catastrophiques... La plupart ont pourtant obtenu leur Bac !", remarque par exemple un enseignant sur le site du "Monde"... Il est loin d'être le seul.

    Au train où vont les choses, où s'arrêtera-t-on ? Va-t-on franchir dès l'an prochain la barre des 90 % de réussite ? C'est en effet probable : elle est déjà dépassée pour le bac S (90,9 % de réussite cette année) et pour le bac technologique (90,6 %, soit 4,1 points de mieux que l'an dernier). Seule la série professionnelle (81,9 % de réussite "seulement") freine un peu le mouvement. Encore un petit effort : les 95 % de réussite ne sont plus très loin. Et pas grand monde, à vrai dire, ne semble s'en inquiéter. Au ministère de l'Education nationale, on juge même "le crû 2014 excellent". Rappelons que, dans le même temps, les résultats des jeunes Français aux tests internationaux PISA disent exactement le contraire : ils n'ont jamais été aussi faibles.

    Au passage, on ne peut que s'étonner aussi d'un système qui permet à quelques centaines d'élèves, certes très brillants, d'être admis avec des moyennes supérieures à 20/20. Par quel mystère est-il possible de dépasser la note maximum ? Aurait-on inventé la perfection relative ? S'agit-il d'une nouvelle exception culturelle française ? Comment expliquer ce miracle à nos voisins étrangers ? Et là encore, où s'arrêtera-t-on ? Aurons-nous l'an prochain des bacheliers à 22 ou 24 de moyenne ?

    La porte ouverte à la sélection à l'entrée de l'université
    En réalité, chacun en est conscient : cette envolée du taux de réussite au bac - qui est même plus largement accordé que le brevet, c'est dire - ne fait que refléter un affaissement progressif du niveau d'exigence et une multitude de petits abandons. Les savoirs de base, que le baccalauréat est censé contrôler, sont de moins en moins maîtrisés. L'enseignement secondaire, peu à peu, se résout à accepter et à entériner la baisse du niveau général des élèves. En renonçant, bien souvent, à exiger des élèves un minimum de travail et d'efforts, on renonce aussi à imposer un examen qui en soit vraiment un.

    Inutile de jeter la pierre aux uns ou aux autres : enseignants, responsables du système éducatif, parents d'élèves, politiques et "parties prenantes" diverses, tous ont leur part de responsabilité. Il est tellement plus facile de satisfaire le plus grand nombre, en lâchant du lest sur le niveau et en notant "large" ! Il y a une bonne part de démagogie collective dans ce renoncement. Or les jeunes doivent en être conscients : renoncer à l'exigence à leur égard, c'est céder à la facilité, ce n'est pas leur rendre service. Les familles ausi doivent le comprendre.

    Le résultat de cette dérive ? Il est déjà à l'oeuvre. Le bac n'a plus grande signification, et cela ne date pas d'aujourd'hui. Il ne permet plus d'entrer dans l'enseignement supérieur avec des chances raisonnables d'y réussir. Déjà, un nombre significatif d'institutions du supérieur exigent de leurs candidats une mention "bien", voire "très bien".

    Et surtout, la dévalorisation du bac justifie "par avance" l'instauration de la sélection à l'entrée de l'université. Celle-ci, à vrai dire, est déjà à l'oeuvre de manière insidieuse : c'est la sélection par l'échec, en licence - et particulièrement en première année. Autrement dit, la pire des solutions, parce qu'elle ne fait que retarder l'heure de vérité, et parce qu'elle constitue un énorme gaspillage d'énergie - et aussi de deniers publics.

    Mais déjà, de plus en plus de voix s'élèvent pour réclamer l'instauration d'une "vraie" sélection à l'entrée de l'université. Le taux de réussite de cette année apporte de l'eau, beaucoup d'eau à leur moulin.

    Non, décidément, ce record de réussite au bac n'est pas une bonne nouvelle.


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