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Millas : la capitale du Bourquinisme est au bord du gouffre
Millas : la capitale du Bourquinisme est au bord du gouffre
Perpignan tout va bien 17:11 - Par Fabrice THOMAS - 2010
La Chambre de Comptes n’a pas choisi, au hasard, de contrôler la commune de Millas. Cela fait des années que l’on entend, de bonne source, dire que la situation financière de cette commune est catastrophique.
Jugez plutôt : en 2007, la dette par habitant était égale à 704 euros alors que la moyenne nationale des communes de la même strate de population était de 110 euros. Mais cette dette a doublé en 2008 et pour le magistrat qui a fait le rapport comme pour les spécialistes des finances locales qui l’ont étudié, la situation va rapidement devenir intenable. Cette commune de 3 500 habitants a 13 millions d’euros de dette. « Risque financier majeur pour l’avenir », écrit notamment le magistrat.
Et en plus, la situation est malsaine car les emprunts servent à financer des dépenses de fonctionnement. L’arrachage de souches et l’enlèvement de gravats sont considérés à Millas comme des investissements.
Les emprunts servent également à alimenter la trésorerie, sans les banques, la ville serait en cessation de paiement. C’est dans le rapport. Mais ces facilités bancaires ont un coup : 135 138 euros d’intérêt en 2008, seulement pour les comptes courants.
Mais ce n’est pas tout. Les comptes ont sur un certain nombre de points été falsifiés afin d’atteindre un équilibre fictif. Le recours aux travaux en régie en moyenne 6 euros par habitant pour les communes de même importance est de 100 euros à Millas en 2007. « Ainsi lorsqu’on cumule le nombre de journées de travail déclarées au titre des travaux en régie ; celui-ci est supérieur au nombre maximum possible de jours ouvrés dans l’année pour les 12 agents déclarés dans les états justificatifs de la mairie ». Pour bien comprendre "l’anomalie", il faut savoir que l’activité principale de ces agents est d’entretenir le patrimoine communal.
Le magistrat ironise sur la productivité de ces agents municipaux. Elle a été multipliée par six entre 2005 et 2007. Le rapport, exemples à l’appui, montre les falsifications de la comptabilité municipale : « Il est également impossible de retrouver une trace salariale du 13ième agent recensé comme conducteur d’engins qui a, seul, fourni 578 journées de travail… ». C’est pas mal en une année qui compte un maximum de 227 jours ouvrés.
C’est une gestion digne des pieds nickelés.
Car il faut préciser que : « Les travaux en régie constituent depuis 2006 l’une des composantes majeures des recettes de fonctionnement et donc d’équilibre budgétaire ». Equilibre budgétaire BIDON !
La catastrophique situation financière de la ville de Millas résulte en grande partie de l’électoralisme pratiqué par Christian Bourquin maire de 1995 à 2001, puis par Damienne Beffara son ex-épouse. Elle succéda au président du conseil général atteint par le cumul des mandats. Christian Bourquin resta conseiller municipal jusqu’en 2005. Il fut contraint d’en démissionner à la suite de son élection au conseil régional. Il reste toutefois omniprésent sur sa commune. Rappelons que la mairie de Millas avait été transmise à Bourquin par son beau-père.
Les Bourquin se targuent depuis longtemps de la faiblesse des taux d’imposition de leur commune. C’est de longue date le leitmotiv de leur communication. Les charges de la ville de Millas sont certes allégées par son privilège de ville la plus aidée par le conseil général, mais en matière de finances communales, les miracles n’existent pas.
A la veille des municipales de 2008, Damienne Beffara vantait encore le miracle Millassois, des taux d’impôts qui n’avaient pas bougé depuis 1993. Mais quelques mois après son élection, elle faisait voter une augmentation. On n’échappe pas à la réalité.
Fait rare, le maire de la commune, Damienne Bourquin n’a pas voulu répondre au rapport d’observations provisoire. Elle a laconiquement déclaré à l’Indép : « Je n’ai pas répondu à la chambre car j’assume la politique d’investissement que je mène ».
Ce rapport établi par une institution indépendante, deux ans après celui, tout aussi accablant qui était consacré au conseil général, montre bien ce qu’est le Bourquinisme. De la propagande et de l’incompétence. La chambre régionale des comptes avait révélé que le budget communication du conseil général était de trois à cinq fois supérieur à ceux des autres départements du Languedoc-Roussillon. Mais il faut être juste, il y a un autre domaine dans lequel le "système" (comme le nomme Bourquin) excelle et dépasse tout le monde, c’est le clientélisme. Le clientélisme assez généralement pratiqué dans les collectivités territoriales n’empêche pas la compétence et l’efficacité. Chez Bourquin on atteint des sommets dans le clientélisme, le plus souvent coercitif et dans l’incompétence.
La chambre régionale des comptes n’a aucun pouvoir en matière de poursuites. La balle est dans le camp du préfet, dans le cadre de sa mission du contrôle de légalité et dans le camp du procureur de la République.
PS : Nous reviendrons prochainement sur ce rapport, en particulier sur le déroulement de carrière, hors norme, de Jacques Planas, le secrétaire général de la mairie de Millas.
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