• Mouvement social en Tunisie : un ministre débarqué

    AFRIQUE DU NORD

    Mouvement social en Tunisie : un ministre débarqué

     
     
    29.12.2010, 17h14 | Mise à jour : 20h27

    Après des troubles sociaux nés dans la région de Sidi Bouzid qui ont trouvé un écho dans toute la Tunisie, le président Ben Ali a mis fin mercredi aux fonctions du ministre de la Communication Oussama Romdhani, lors d'un remaniement ministériel. La veille, le chef d'Etat avait dénoncé «l'ampleur exagérée qu'ont pris ces événements à cause de leur instrumentalisation politique», alors que la contestation avait gagné la capitale.


     Cette région, à quelque 265 km au sud de Tunis, est en proie à des troubles depuis la tentative de suicide d'un jeune homme, le 19 décembre. Diplômé de l'université, ce marchand de fruits et légumes âgé de 26 ans, s'était fait confisquer sa marchandise par la police faute de permis. Désespéré, il s'est aspergé d'essence pour s'immoler, mais il a survécu et se trouve dans un état critique.

    Cinq jours plus tard, un autre jeune a mis fin à sa vie en s'électrocutant au contact de câbles électriques. Le 24 décembre, de violents affrontements ont opposé des manifestants et la police faisant un mort et au moins dix blessés à Menzel Bouzayane, une localité à 60 km de Sidi Bouzid.

    Les protestataires réclament «développement équitable entre les régions»

    Mardi, la contestation a gagné la capitale, Tunis. Soutenant les habitants de cette partie du pays défavorisée, les manifestants ont scandé des slogans réclamant notamment «le droit de travailler» et un «développement équitable entre les régions». Un rassemblement avait également été organisé à Paris, le 23 décembre.

    Le week-end dernier, des manifestations avaient eu lieu dans plusieurs villes : Souk Jedid, Ben Guerdane, Kairouan, Medenine, Sfax et Bizerte... Et ce, malgré des mesures annoncées qui porteront  sur la création d'emplois et des projets pour un montant de 15 millions de dinars (7,86 millions d'euros).

    «La défaillance du modèle de développement, qui a provoqué une inégalité entre les régions, a débouché sur le fait que 90% de projets sont localisés dans les régions côtières et 10% dans les régions intérieures», analyse l'opposant Rachid Khéchana. Selon lui, cette «disparité s'est accentuée avec l'arrivée sur le marché de travail de plusieurs milliers de diplômés originaires de ces régions enclavées».

    L'opposition légale demandait sa démission

    Le départ d'Oussama Romdhani qui a dirigé depuis 1995 le secteur de la communication en tant que PDG de l'Agence tunisienne de la communication extérieure (Atce), est le fait le plus saillant du remaniement opéré ce mercredi. Il a été remplacé par Samir Laabidi, ministre de la Jeunesse et du Sport dont le poste a été confié à Abdelhamid Slama. 

    Un peu plus tôt dans la journée, le Parti démocratique progressiste (PDP, opposition légale) avait appelé à la démission des ministres de l'Intérieur et de la Communication, les jugeant responsables de la dégradation de la situation à la suite des troubles sociaux de Sidi Bouzid.

    «Le PDP appelle à la démission des ministres de l'Intérieur et de la Communication qui incarnent la politique de répression, de violence et du blocage médiatique et qui assument la responsabilité de l'échec dans le traitement des protestations légitimes et dans la dégradation de la situation», a déploré à la presse Ahmed Nejib Chebbi, fondateur historique de ce parti.

    Leparisien.fr


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