• Murdoch à deux doigts de l'entartage

    Monde 19/07/2011 à 17h34 (mise à jour à 18h27)

    Murdoch à deux doigts de l'entartage

     

    Capture d'écran publié sur le site internet du Guardian.

    Capture d'écran publié sur le site internet du Guardian.

    L'audition de Rupert Murdoch et de son fils James a été brutalement interrompue mardi après-midi, peu avant 17 heures, après l'irruption dans la salle d'un manifestant qui a tenté de jeter une mousse blanche sur le magnat des médias, a constaté un journaliste de l'AFP.

    Le manifestant a lancé ce qui semblait de la mousse à raser blanche déposée sur une assiette en direction du visage de Rupert Murdoch, mais a été bloqué dans son élan par l'épouse du magnat, selon la même source.

    «C’est le jour le plus humble de toute ma vie», a affirmé en préambule le fondateur du groupe transcontinental News Corp., convoqué en compagnie de son fils cadet par les dix députés membres de la commission des médias de la chambre des Communes pour une audition retransmise en direct par de nombreuses télévisions au monde.

    «Je voudrais juste indiquer combien je suis, combien nous sommes désolés, en particulier pour les victimes dont les messageries ont été interceptées, et leurs proches», avait auparavant déclaré James Murdoch, en référence aux écoutes illégales pratiquées pendant plus de 10 ans par le News of the World (NotW), le fleuron-tabloïd du groupe News Corp.

    «Nous sommes déterminés à mettre bon ordre à l’affaire, et à faire en sorte que ces choses ne se reproduisent plus», a ajouté le numéro 3 du groupe, qui faisait voici peu figure de dauphin. Avant que n’éclate l’affaire qui ébranle l’empire de son père, galvanise l’opposition britannique et déstabilise le gouvernement conservateur de David Cameron.

    Monosyllabes

    Pendant une heure, le patriarche de 80 ans a répondu le plus souvent à l’aide de phrases courtes et parfois par monosyllabes, après une longue pause. Quand il n’a pas éludé, par crainte d’entraver l’enquête de police en cours.
    «Acceptez-vous que vous êtes le responsable ultime de ce fiasco?», a demandé le travailliste Jim Sheridan. «Non», a lâché le magnat, visage fermé, le propos souvent ponctué de coups du plat de la main sur le bureau.

    Qui est responsable?, a poursuivi le parlementaire. «Les personnes à qui j’ai fait confiance, et ensuite peut-être les personnes à qui elles ont fait confiance», a répondu le magnat.

    Mais il s’est montré aussi incisif, assénant qu’il n’existait «absolument aucune preuve» que des proches de victimes des attentats du 11 septembre 2001 à New York aient été l’objet d’écoutes, en réponse à une question sur l’enquête préliminaire du FBI à ce propos.

    Il s’est également montré plus disert sur ses relations privilégiées avec les gouvernements britanniques successifs, indiquant avoir souvent rendu visite au locataire du 10 Downing Street. Et notamment pour féliciter M. Cameron au lendemain de sa victoire électoral en mai 2010, «en empruntant la porte de derrière».

    Et quand un des députés de la commission lui a rappelé que Rebekah Brooks, sa protégée, ex-rédactrice en chef du NotW, avait admis en 2003 que des policiers avait été payés en échange d’informations, il a dit: «Je le sais maintenant, mais je n’étais pas au courant à l’époque».

    Audience publique

    (Murdoch, père et fils, et derrière la femme du magnat de la presse, Wendi Murdoch/ Reuters)

    La quarantaine de personnes présentes dans la salle a ri quand un député lui a demandé s’il souffrait d’amnésie.
    Mme Brooks, la «reine des tabloïds», hier hyper-puissante et ultra-courtisée, a quitté son poste, et est aujourd’hui accusée de corruption et d’écoutes illicites depuis sa démission. Elle devait déposer dans la foulée devant les députés.

    Le NotW est soupçonné d’avoir espionné jusqu’à 4.000 personnes dans sa chasse aux scoops, dont des hommes politiques, des membres de la famille royale et d’autres célébrités. Mais la récente révélation qu’un détective privé à sa solde avait piraté le portable d’une écolière de 13 ans, assassinée en 2002, a suscité un tollé.

    Avant sa comparution, M. Murdoch s’était répandu en excuses, alors que tous ses efforts pour désamorcer la crise avaient échoué: fermeture du NotW, abandon de son projet-phare d’expansion au Royaume-Uni (le rachat de l’intégralité du bouquet satellitaire BsKyB) combattu par l’ensemble de la classe politique, sacrifice de deux fidèles lieutenants.

    «C’est le meilleur des spectacles en ville cet après-midi», avait assuré en milieu de matinée en connaisseur Andy Thompson, directeur d’une compagnie de théâtre canadienne, en bonne position dans la queue des badauds massés devant le parlement, dans l’espoir de voir M. Murdoch en chair et en os.

    Scotland Yard

    Au même moment, la commission des affaires intérieures entendait le chef de Scotland Yard, Sir Paul Stephenson, puis le patron de l’antiterrorisme, John Yates.

    Les deux hommes ont spectaculairement démissionné, tout en protestant de leur innocence, dans l’affaire qui laisse l’une des forces de police les plus connues au monde en total désarroi, accusée d’incompétence et de corruption.

    «Je crois qu’il y a 10 membres du département communication (de Scotland Yard) qui ont travaillé pour News International (les journaux britanniques de M. Murdoch) dans le passé, dont certains étaient journalistes», a dit Sir Paul, dont la confidence ne manquera pas de relancer les accusations de connivence avec la presse.

    (Source AFP)


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