L’ancien président de la République Nicolas Sarkozy a été mis en examen jeudi à Bordeaux pour abus de faiblesse, a indiqué à l’AFP son avocat Me Thierry Herzog, qui a annoncé son intention de «former immédiatement un recours». Me Thierry Herzog, a qualifié de décision «incohérente sur le plan juridique, et injuste», la mise en examen de l’ex-président par le juge en charge de l’affaire Bettencourt, Jean-Michel Gentil.
«Je saisirai en conséquence immédiatement la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Bordeaux pour former un recours et pour demander la nullité, notamment de cette mise en examen», a-t-il déclaré à l’AFP.
Cette décision du juge d’instruction Jean-Michel Gentil a été prise à l’issue d’une confrontation à laquelle ont participé au moins quatre membres du personnel de Liliane Bettencourt, selon des sources concordantes.
Estrosiet et le relent politique
Christian Estrosi, député-maire UMP de Nice, a dénoncé des «méthode au relent politique évident» après la mise en examen de Nicolas Sarkozy pour «abus de faiblesse» dans le dossier Bettencourt. «Chacun remarquera que cette décision intervient 48H après la mise en cause d’un ministre socialiste sans doute pour faire compensation», écrit le député, membre de l’association des amis de Nicolas Sarkozy, dans un communiqué. Il souligne que «Nicolas Sarkozy a déjà dit que ces allégations en pleine campagne présidentielle et sans le moindre début d’une preuve relevaient de l’argutie politicienne». «Je dénonce ces méthodes au relent politique évident», ajoute-t-il en «espérant que la justice de notre pays ne permettra pas longtemps encore l’instrumentalisation de cette affaire».
«Je réaffirme mon amitié et mon soutien à Nicolas Sarkozy comme le font même si cela dérange les socialistes au pouvoir beaucoup de Français», conclut Christian Estrosi.
La droite minimise
Lionnel Luca, député UMP: «La seule chance de FH (François Hollande) en 2017, c’est d’éliminer par tous les moyens la possibilité d’une candidature du seul adversaire qui peut le battre.» (sur Twitter)
Christine Boutin, président du Parti chrétien-démocrate: «Coup de tonnerre: mise en examen de @NicolasSarkozy. Est-ce que cela va régler les pbs des Français? Non! Nous devenons fous!» (sur Twitter)
Valerie Debord: «C’est un élément de la procédure (...) Il faut raison garder, je pense que Me Herzog va démonter une forme d’acharnement contre Nicolas Sarkozy (...) un certain nombre de personnes voudraient voir Nicolas Sarkozy à terre. Il va se défendre. (...) Par principe, je fais confiance à la justice de mon pays (...) Je fais confiance à Nicolas Sarkozy, je sais qu’il a une parole et que s’il dit quelque chose il n’y a pas de raison qu’il ait menti» (sur BFMTV).
Geoffroy Didier, co-président du collectif de l’UMP «la droite forte», s’est dit jeudi soir «choqué» par «l’acharnement judiciaire contre Nicolas Sarkozy». «Je suis surpris et choqué, surpris parce que je suis convaincu de la parfaite intégrité de Nicolas Sarkozy et choqué parce que j’observe un acharnement judiciaire contre Nicolas Sarkozy», a déclaré sur BFMTV le conseiller régional UMP, en réagissant à la mise en examen de l’ancien chef de l’Etat. Il a fait valoir qu’il y avait «un traitement à part à l’endroit de Nicolas Sarkozy, un homme parfaitement intègre». «Sans doute pour avoir dit un certain nombre de vérités, sans doute pour avoir condamné les dérives du milieu judiciaire, aujourd’hui certains ont décidé de régler des comptes personnels avec Nicolas Sarkozy», a-t-il accusé.
Le Pen moralise
La présidente du Front national, Marine Le Pen, a estimé à propos de la mise en examen de Nicolas Sarkozy que «s’ils étaient avérés, les faits qui motivent l’enquête du juge Gentil seraient particulièrement graves». Mme Le Pen a souligné ainsi dans son communiqué qu’il «s’agirait d’un abus de faiblesse sur une femme âgée et diminuée, dans le cadre du financement illégal d’une campagne électorale». «Toujours présumé innocent, Nicolas Sarkozy ne peut en revanche en aucun cas rester membre du Conseil constitutionnel, sa situation judiciaire l’empêchant aujourd’hui d’exercer cette fonction avec l’impartialité et la neutralité requises», a ajouté la présidente du FN.
Pour elle, «après un quinquennat marqué par d’innombrables affaires et un climat totalement contraire à la République irréprochable qu’il avait pourtant promise, Nicolas Sarkozy opère, via cette affaire judiciaire, un retour dans la vie publique certainement assez différent de celui qu’il s’était imaginé».