Tel-Aviv (AFP) - L'état de l'ancien Premier ministre israélien Ariel Sharon, plongé dans le coma depuis huit ans, s'est fortement détérioré faisant craindre jeudi une fin imminente.
"Ces deux derniers jours, nous avons assisté à une baisse graduelle dans le fonctionnement de plusieurs organes centraux d'Ariel Sharon, essentiels à sa survie", a déclaré Zeev Rotstein, le directeur de l'hôpital Tel Hashomer où est soigné l'ex-homme fort de la droite israélienne.
"Son état est défini comme critique, ce qui signifie que le pronostic vital est engagé", a-t-il souligné lors d'un point de presse.
C'est la première fois que le directeur de l'hôpital, prenant acte de la gravité de la condition de M. Sharon, s'exprimait devant les journalistes depuis l'annonce mercredi par les médias d'une sérieuse détérioration de M. Sharon, victime d'une attaque cérébrale le 4 janvier 2006 et dans le coma depuis.
L'état de santé n'avait pas évolué en fin d'après-midi, selon la radio publique.
Au début d'une nouvelle visite en Israël, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a affirmé que les Américains avaient une pensée pour Ariel Sharon, 85 ans.
"Nos pensées, mes pensées, sont avec la famille Sharon", a-t-il dit lors d'un point presse conjoint avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
"Tous les Américains pensent à Israël et à leur ancien dirigeant (Ariel Sharon). Nous nous rappelons ses contributions, les sacrifices qu'il a faits pour assurer la survie et le bien-être d'Israël", a-t-il dit.
Mercredi, les médias avaient rapporté que Ariel Sharon souffrait de "graves problèmes rénaux" à la suite d'une intervention chirurgicale.
"Il n'a pas subi de dialyse. Il reçoit les mêmes traitements qu'il a reçus pendant des années", a indiqué M. Rotstein, répondant ainsi aux rumeurs sur la possibilité d'une dialyse, seule en mesure de prolonger la vie de M. Sharon.
Une question de jours?
"Si un seul organe était touché, ce serait différent mais Sharon souffre de problèmes dans plusieurs organes", a-t-il précisé.
Le quotidien Haaretz, citant une source informée, estimait mercredi que si son état de santé continuait de se dégrader, son décès serait "une question de jours".
Interrogé par les journalistes, M. Rotstein a refusé de se prononcer précisément sur le délai dans lequel pourrait survenir le décès de M. Sharon. "Il s'est sorti de situations difficiles à plusieurs reprises depuis qu'il se trouve avec nous à l'hôpital".
"Mais le sentiment du personnel médical de l'hôpital et de la famille d'Ariel Sharon est que nous assistons actuellement à un changement pour le pire de son état de santé", a-t-il ajouté.
La famille d'Ariel Sharon, notamment ses deux fils, Omri et Gilad, qui ont décidé de le maintenir en vie sous assistance médicale depuis huit ans, sont actuellement à son chevet et en consultation avec l'équipe médicale, rapportent les médias.
Des spécialistes des neurosciences israéliens et un neurochirurgien américain avaient détecté "une activité cérébrale importante" chez le patient.
Chef de guerre, Ariel Sharon restera dans l'Histoire comme celui qui a préparé et conduit en 1982 l'invasion du Liban voisin alors qu'il était ministre de la Défense, mais aussi comme le héraut de la droite nationaliste qui a pourtant opéré le désengagement israélien de Gaza.
Une commission d'enquête officielle conclura à sa responsabilité pour n'avoir ni prévu ni empêché les massacres des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila à Beyrouth en septembre 1982, perpétrés par une milice chrétienne alliée d'Israël. Il est contraint à la démission.
Mais cela ne l'empêche pas de devenir Premier ministre en 2001, poste auquel il est reconduit en 2003.
Après avoir été un fervent partisan de la colonisation des Territoires palestiniens, il organise en 2005 le retrait israélien de Gaza et le démantèlement des colonies dans cette région.
Le 18 décembre 2005, il est hospitalisé à la suite d'une "légère attaque cérébrale", dont il se remet rapidement. Mais le 4 janvier 2006 une "grave attaque cérébrale" le plonge dans un coma profond.