Correspondant à Jérusalem
La tension remonte inexorablement dans la bande de Gaza après plusieurs mois d'un calme relatif. Jeudi soir, une explosion suivie d'un violent accrochage a tué quatre Palestiniens, dont un commandant local des Brigades Ezzedine al-Qassam, et blessé cinq soldats israéliens à proximité de la frontière. Il s'agit du plus violent incident répertorié depuis l'opération «Pilier de défense», qui a fait plus de 170 morts et près de mille blessés palestiniens en novembre 2012.
Cet incident intervient après la mise au jour, début octobre, d'un «tunnel terroriste» long de 2,5 kilomètres entre la bande de Gaza et le territoire israélien, dont le percement a été revendiqué par le Hamas. Les services de renseignements israéliens soupçonnent la formation islamiste de préparer des infiltrations visant à enlever un ou plusieurs militaires, pour ensuite s'en servir comme monnaie d'échanges et obtenir la libération de prisonniers palestiniens. «Ce tunnel, similaire à celui utilisé pour kidnapper Gilad Shalit en 2006, a été construit à cet effet», a déclaré à l'AFP le lieutenant-colonel Peter Lerner.
<aside class="fig-embed fig-exergue fig-media-gauche fig-exergue-gauche"></aside>Confronté au mécontentement de la population, le Hamas pourrait bien être tenté de la ressouder en engageant un nouvel épisode de tension avec Israël
Selon un haut gradé israélien cité par le Jerusalem Post, c'est pour détruire une ramification de l'ouvrage qu'une unité du génie israélien a fait jeudi soir une incursion d'une centaine de mètres dans la bande de Gaza. L'explosion d'un engin placé dans le tunnel aurait alors blessé plusieurs militaires. L'armée israélienne a répliqué en tirant un obus de char sur un groupe de combattants du Hamas affectés, quelques centaines de mètres plus loin, à une mission de surveillance. Deux autres responsables locaux des brigades al-Qassam auraient trouvé la mort, non loin, lorsqu'un hélicoptère a ouvert le feu dans leur direction.
Aux yeux de nombreux observateurs, la situation dans la bande de Gaza est d'autant plus volatile que le Hamas, au pouvoir depuis 2007, traverse depuis l'été dernier une fort mauvaise passe. Isolée par la chute du président égyptien Mohammed Morsi, la formation islamiste a de surcroît perdu l'essentiel de ses ressources économiques depuis la fermeture des tunnels qui permettaient jusqu'alors de la ravitailler, depuis le Sinaï, en carburant et en matériaux de construction. Un étranglement qui a entraîné, jeudi, la fermeture de l'unique centrale électrique.
Confronté au mécontentement croissant d'une population éprouvée par les restrictions, le Hamas pourrait bien être tenté de la ressouder en engageant un nouvel épisode de tension avec Israël. En début de semaine, deux roquettes ont ainsi été tirées depuis l'enclave palestinienne, sans faire de blessé. Les forces armées israéliennes ont, en réponse, annoncé le déploiement d'une batterie antimissile Iron Dome à proximité de la bande de Gaza.