Le ministère du logement israélien a annoncé, dimanche 11 août, la publication d'un appel d'offres pour la construction d'un millier de logements dans les colonies de Cisjordanie et de Jérusalem-Est, peu avant la reprise de pourparlers avec les Palestiniens. Il s'agit de 793 unités de logement à Jérusalem-Est et 394 en Cisjordanie, selon le ministère.
Le ministre du logement, Uri Ariel, issu du parti nationaliste religieux Foyer juif, a rejeté les critiques internationales qui considèrent la colonisation illégale et y voient un obstacle à la paix avec les Palestiniens. "Aucun pays au monde n'accepte de diktats d'autres pays sur les endroits où il peut construire ou pas", a-t-il insisté. "Nous allons continuer de mettre des appartements sur le marché et de construire partout dans le pays".
A Jérusalem-Est, les appels d'offres porteront sur des logements à Har Homa et Gilo, au sud de la ville, et à Pisgat Zeev au nord. En Cisjordanie, ils concerneront essentiellement les colonies d'Ariel, de Maaleh Adoumim (à l'est de Jérusalem), Efrata (près de Bethléem) et Beitar.
ISRAËL "N'EST PAS SÉRIEUX SUR LES NÉGOCIATIONS"
Le département d'Etat américain a annoncé jeudi que les négociateurs palestiniens et israéliens allaient reprendre le 14 août à Jérusalem les discussions entamées fin juillet à Washington pour tenter de mettre fin au conflit.
L'appel d'offres prouve qu'Israël "n'est pas sérieux sur les négociations et a l'intention, par ses activités denses de construction dans les colonies, de détruire les bases d'une solution appelée de ses vœux par la communauté internationale, qui vise à établir un Etat palestinien dans les frontières de 1967", a déploré le négociateur palestinien Mohammad Chtayyeh. "Il est clair que le gouvernement israélien est seulement intéressé par la construction de colonies illégales, renonçant aux efforts américains et internationaux pour relancer les négociations", a-t-il aussi estimé.
Lior Amihai, de l'ONG israélienne anticolonisation La Paix maintenant, a estimé que si les négociations échouaient en raison des constructions dans les colonies, l'Etat hébreu pourrait se trouver dans une position plus défavorable qu'avant la reprise des discussions directes. "Nous devons appuyer et encourager les négociations", a-t-il ajouté. "C'est vraiment dommage que le gouvernement choisisse de placer des obstacles sur la voie".
UN ACCORD DE PAIX D'ICI À NEUF MOIS ?
Après trois ans de blocage et plus de six décennies d'un conflit historique, les négociateurs israélien, Tzipi Livni, et palestinien, Saëb Erakat, avaient réamorcé les 29 et 30 juillet à Washington un dialogue direct, sous les auspices de M. Kerry, qui s'était rendu dans la région à six reprises depuis le mois de mars. Les deux camps avaient accepté de chercher à sceller un accord de paix final d'ici à neuf mois.
En signe de bonne volonté, le gouvernement israélien doit approuver dimanche la libération d'un premier groupe de 26 prisonniers palestiniens. Tzipi Livni doit rencontrer le ministre de la défense, Moshe Yaalon, et le ministre des sciences, Yaakov Peri, dimanche pour approuver cette libération. Au total, 104 détenus palestiniens qui avaient été arrêtés avant les accords d'Oslo doivent être libérés progressivement en fonction de l'avancée des pourparlers de paix.
Les Etats-Unis avaient déjà part de leur "préoccupation" auprès de leur allié israélien sur la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est : "Nous n'acceptons pas la légitimité de la poursuite de l'activité de colonisation. Le secrétaire d'Etat a dit clairement qu'il pensait que les deux parties étaient assises à la table en étant de bonne foi et engagées à collaborer pour avancer".
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