• Mahmoud Abbas dirigera un gouvernement d'union

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    Par lefigaro.fr Mis à jour <time class="updated" datetime="06-02-2012T13:12:00+02:00;">le 06/02/2012 à 13:12</time> | publié <time datetime="06-02-2012T13:10:00+02:00;" pubdate="">le 06/02/2012 à 13:10</time>
    Mahmoud Abbas, cheikh Hamad ben Khalifa Al-Than et Khaled Mechaal à Doha
    Mahmoud Abbas, cheikh Hamad ben Khalifa Al-Than et Khaled Mechaal à Doha Crédits photo : HANDOUT/REUTERS

    Le Fatah et le Hamas se sont mis d'accord lundi pour que le président de l'Autorité palestinienne remplace Salam Fayyad à la tête d'un cabinet de transition jusqu'aux prochaines élections.

    L'accord de réconciliation entre le Hamas et le Fatah va-t-il enfin se concrétiser? Les factions palestiniennes rivales se sont entendues lundi à Doha au Qatar pour que le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas dirige un gouvernement de transition chargé de préparer la tenue d'élections. Mahmoud Abbas et le chef du Hamas, Khaled Mechaal, ont signé l'accord en présence de l'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani, activement impliqué dans la réconciliation interpalestinienne.

    Cela faisait presqu'un an que les deux hommes avaient annoncé leur réconciliation. Mais celle-ci était restée lettre morte, tant les difficultés avaient été grandes pour former un gouvernement d'union entre un Fatah reconnu par la communauté internationale et un Hamas toujours au ban des nations.

    «La déclaration de Doha» prévoit «la formation d'un gouvernement d'entente nationale dirigé par le président Mahmoud Abbas et formé de technocrates indépendants pour faciliter la tenue d'élections présidentielle et législatives et entamer la reconstruction de la bande de Gaza», a précisé un responsable palestinien participant aux réunions interpalestiniennes à Doha. Abbas assurera donc à la fois le rôle de président et de premier ministre de l'Autorité palestinienne, en remplacement de l'économiste Salam Fayyad soutenu par les Occidentaux.

    La date des élections fixée ultérieurement

    Le gouvernement provisoire sera annoncé lors d'une réunion de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) le 18 février au Caire. «Tous les mouvements palestiniens, y compris le Hamas et le Jihad islamique» y participeront, a précisé Azzam al-Ahmad, un responsable du Fatah .

    Selon lui, la date des élections présidentielle, législatives et au Conseil national palestinien (CNP, Parlement de l'OLP), prévues simultanément par l'accord de réconciliation du 3 mai 2011, sera fixée ultérieurement.

    Le dernier scrutin remonte à janvier 2006 et avait vu la victoire du Hamas. Les deux partis entretiennent des relations particulièrement tendues depuis que les forces du mouvement islamiste ont pris le contrôle de la bande de Gaza, en délogeant les partisans du Fatah, en juin 2007.

    LIRE AUSSI:

    » Israël s'inquiète de l'accord entre le Fatah et le Hamas


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  • IRAN-ISRAËL : Des frappes pour le printemps ?

    Un édito du Washington Post et les déclarations des dirigeants israéliens relancent les spéculations sur une prochaine intervention israélienne en Iran.

    Les Américains semblent déjà résignés.

    03.02.2012 | Hamdam Mostafavi | Courrier international

     
     

    "La plus grande inquiétude du secrétaire d'Etat américain à la Défense, Leon Panetta, réside dans la possibilité croissante d'une attaque israélienne contre l'Iran ces prochains mois", affirme l'éditorialiste David Ignatius dans le Washington Post, dans un article paru le 2 février. "Panetta pense qu'il est hautement probable qu'Israël attaque l'Iran en avril, mai ou juin, avant que les Iraniens entrent dans ce que les Israéliens décrivent comme une 'zone d'immunité' où ils auront déjà commencé à construire une bombe nucléaire. Très bientôt, les Iraniens auront enfoui assez d'uranium enrichi dans des installations souterraines pour pouvoir réaliser une arme et alors, seuls les Etats-Unis, seront capables de les arrêter militairement. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou ne veut pas laisser le sort d'Israël dépendre d'une action américaine", continue le journaliste.

    "Le président Obama et Leon Panetta ont prévenu les Israéliens que les Etats-Unis s'opposaient à une attaque, pensant que cela va à l'encontre des sanctions internationales de plus en plus efficaces et des autres efforts non-militaires pour arrêter l'Iran. Mais la Maison Blanche n'a pas encore décidé comment les Etats-Unis répondraient si les Israéliens attaquent. Le gouvernement américain semble vouloir rester en dehors du conflit, sauf si l'Iran s'attaque directement à des intérêts américains."

    Côté israélien, les dirigeants font à nouveau monter la pression. Le ministre de la Défense Ehoud Barak a déclaré jeudi 2 février que "tout ceux qui pensent 'plus tard' vont sans doute se rendre compte que 'plus tard', ce sera 'trop tard'".

    Dans le Yediot Arahonot, l'éditorialiste Alex Fishman considère que l'année 2012 sera "l'année de la décision", reprenant les propos de Benny Gantz, chef d'Etat-major de l'armée israélienne. Fishman rappelle que selon Barak, "la fenêtre pour attaquer l'Iran se referme peu à peu". Selon le journaliste, "certains affirment que cette fenêtre n'est que de quelques mois, alors que des observateurs plus prudents parlent de 18 mois. Quoi qu'il en soit, le compte à rebours a déjà commencé. Nous sommes en plein milieu d'une rhétorique guerrière, qui ne fait que monter. Pourtant, arrêter le programme nucléaire iranien ne passe pas nécessairement par le bombardement de dizaines de sites iraniens. Face à la pression économique efficace, il faudra ouvrir la possibilité d'une sorte de dialogue secret avec l'Iran. Il est très probable que l'invitation des Iraniens envers les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique [qui ont visité les installations nucléaires iraniennes du 29 au 31 janvier, et reviendront du 20 au 21 février] soit le premier signe de l'existence d'un dialogue secret."

    Le blog iranien Mikhak
    , animé par un collectif de journalistes anonymes, ne favorise ni la guerre ni les sanctions. Il souligne que les sanctions pèsent en premier lieu sur la population. Celles qui avaient été appliquées contre l'Irak pendant des années n'ont pas affecté le dictateur Saddam Hussein, mais les Irakiens, rappelle-t-il.


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  • Le secrétaire général de l'ONU chahuté et boycotté à Gaza

    GAZA (Territoires palestiniens) — Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a été accueilli par des jets de chaussures et boycotté par des représentants de la société civile jeudi à Gaza, au dernier jour d'une tournée pour obtenir la poursuite des discussions israélo-palestiniennes.

    A son arrivée dans l'enclave palestinienne contrôlée par les islamistes du Hamas, le convoi de M. Ban a essuyé des jets de chaussures et de cailloux de manifestants palestiniens en colère qui lui reprochaient de ne pas rencontrer de familles de Palestiniens détenus par Israël pendant sa visite.

    Un déjeuner prévu entre M. Ban et des représentants de la société civile à Gaza a été annulé à l'initiative de ces derniers, en protestation contre son refus de rencontrer des familles de prisonniers.

    "Nous avons reçu une réponse négative injustifiée indiquant le refus du secrétaire général de rencontrer les représentants des familles de détenus au sein de notre délégation", ont affirmé ces représentants, dont les militants des droits de l'Homme Iyad Sarraj et Raji Sourani, dans un communiqué.

    "Nous attendions de lui qu'il montre sa préoccupation pour la souffrance de plus de 5.000 Palestiniens dans les prisons israéliennes", ont-ils expliqué, rappelant que M. Ban avait rencontré maintes fois les parents du soldat israélien Gilad Shalit, détenu pendant plus de cinq ans à Gaza.

    Dans un communiqué, le chef de l'ONU a assuré "se préoccuper de la situation des prisonniers palestiniens", soulignant qu'il a "rencontré la nuit dernière le ministre palestinien chargé des Prisonniers".

    M. Ban a visité à Gaza une école gérée par l'UNRWA, l'Agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés de Palestine, le QG de l'UNWRA et un projet immobilier financé par le Japon.

    "Les gens de Gaza doivent cesser de tirer sur Israël", a-t-il dit dans une conférence de presse à Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza, au lendemain d'une salve de roquettes sur le sud d'Israël qui n'a pas fait de victime.

    Il a aussi appelé Israël à "faire davantage" pour alléger son blocus de Gaza, appelant à l'approbation plus régulière des projets de l'ONU et à "l'ouverture aux exportations des points de passage" du territoire.

    M. Ban, qui achevait une tournée en Jordanie, en Israël et dans les Territoires palestiniens, a exhorté le gouvernement israélien à "des gestes de bonne volonté" pour permettre la poursuite de discussions "exploratoires" avec les Palestiniens.

    Selon le quotidien israélien Maariv, l'ONU, les Etats-Unis et l'envoyé du Quartette pour le Proche-Orient, Tony Blair, font pression sur le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour consentir à des "mesures de rétablissement de la confiance".

    En Cisjordanie, ces mesures prévoient le renforcement du rôle de la Sécurité palestinienne et des projets de construction en zone sous contrôle israélien, écrit le journal, citant des sources politiques et de sécurité. A Gaza, Israël allégerait le blocus en autorisant l'importation de grandes quantités de matériaux de construction, pour 1.000 logements et des institutions d'éducation.

    Selon un document que l'AFP a pu consulter, M. Blair a proposé "des mesures de confiance" dont une partie serait applicable immédiatement et l'autre en mars. Il y est aussi question d'étendre le champ d'action de la police palestinienne en Cisjordanie et "d'accorder 5.000 permis de travail supplémentaires en Israël pour les Palestiniens".

    Le document mentionne en outre l'autorisation d'exportation de produits textiles et de meubles de Gaza vers la Cisjordanie.

    Par ailleurs, le président palestinien Mahmoud Abbas a reçu l'émissaire américain au Proche-Orient, David Hale, qui a écouté le point de vue palestinien sur les rencontres "exploratoires" tenues à Amman, selon un responsable.


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  • Israël-Palestine : le rapport français explosif sur la question de l'eau

    LEMONDE.FR | 20.01.12 | 18h56   •  Mis à jour le 24.01.12 | 12h52

     

     

    La vallée du Jourdain, en Israël. Le Jourdain apparaît comme un objet de tension dans la question du partage des eaux.

    La vallée du Jourdain, en Israël. Le Jourdain apparaît comme un objet de tension dans la question du partage des eaux. AFP/JONATHAN NACKSTRAND

    Le rapport a été remis en décembre par le député français, mais c'est plus d'un mois après sa publication, avec la traduction de certains passages dans la presse israélienne, qu'il provoque un tollé en Israël. Ce rapport d'information pour la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale remis par le député socialiste Jean Glavany décrit la question de l'eau comme "révélatrice d'un nouvel apartheid au Moyen-Orient". "Nous sommes étonnés et indignés par ce rapport de M. Glavany qui a introduit une terminologie extrême dans le document, au dernier moment, sans en informer ses collègues", s'insurge le porte-parole du ministère israélien des affaires étrangères Ygal Palmor, qui dénonce dans Haaretz un rapport "rempli d'un verbe emprunt de propagande vicieuse, bien éloignée de l'esprit critique professionnel".

     

    DE L'UTILISATION DU MOT "APARTHEID"

    Interrogé par Le Monde.fr, Jean Glavany nie avoir ajouté le terme d'"apartheid" au dernier moment, mais l'avoir fait en connaissance de cause "je savais que cela ne leur ferait pas plaisir (...) mais à force de ne pas vouloir braquer, on laisse faire", réagit le député socialiste qui affirme être "un ami d'Israël" et souhaite parler "du fond et pas de la forme du mot". Sur la méthodologie, le député dit s'être rendu "une petite semaine" avec d'autres élus français dans la région – Liban, Jordanie, Isarël, territoires palestiniens – et avoir rencontré "les ministres israélien et palestinien de l'eau, des diplomates et des ONG". "On n'a pas fait ça depuis notre bureau à l'Assemblée nationale", affirme le député en réponse aux critiques. Dans sont point à la presse du mercredi 18 janvier, le ministère des affaires étrangères décline toute réaction, arguant "nous n'avons pas l'habitude de commenter le contenu des rapports parlementaires".

    Sur place, précisément, loin des bureaux de l'Assemblée nationale, Gidon Bromberg, directeur israélien de Friends of the Earth Middle East – une ONG qui rassemble Jordaniens, Israéliens et Palestiniens pour la promotion de la paix et du développement durable dans la région – évoque la question "historique" de l'eau pour dans la région. "Israël ne partage pas l'eau de façon équitable avec les Palestiniens", commente ce spécialiste des questions d'eau et de sécurité. "Les Israéliens considèrent l'eau comme une question relevant de la sphère militaire, ce qui rend presque impossibles les débats ou les projets innovants et équilibrés qui restent dès lors relégués au second plan", analyse de son côté Pierre Berthelot, chercheur à l'Institut français d'analyse stratégique, dans l'édition janvier-février de la revue "Questions internationales".

     

    Situation géographique de la bande de Gaza et de la Cisjordanie

    Situation géographique de la bande de Gaza et de la CisjordanieLe Monde.fr

    La question épineuse de l'eau faisait ainsi partie des accords d'Oslo II, en 1995, qui n'ont pas été renégociés comme prévu en 2000 avec l'éclatement de la seconde Intifada. Si experts et ONG s'accordent pour considérer l'eau comme "un outil militaire", à l'instar de l'expression utilisée par Mark Zeitoun, chercheur à l'université d'East Anglia en Grande-Bretagne, c'est sur la forme et l'utilisation du mot "apartheid" que le rapport est questionné.

    Pour Mark Zeitoun, spécialiste des questions de gouvernance environnementale, "si l'on définit 'apartheid' comme une discrimination réalisée sur la base de la race, alors on peut parler d'apartheid de l'eau". Gidon Bromberg, lui, déplore l'utilisation de ce terme : "ce mot, ça n'aide vraiment pas, ça braque les gens", explique-t-il en allusion à la réaction du gouvernement israélien.

    "CE SONT LES ISRAÉLIENS QUI DÉCIDENT"

    Pour les Palestiniens, la problématique du partage de l'eau se traduit de façon différente en Cisjordanie et à Gaza. Il s'agit tout d'abord d'une question géographique : Israël est située en aval par rapport à la Cisjordanie, tandis que Gaza se situe en aval par rapport à Israël. La définition du prélèvement des eaux a donc été un point crucial des accords d'Oslo II, qui encadrent le forage des sols : en Cisjordanie, tout forage doit faire l'objet d'une autorisation du Joint Water Committee, un comité mixte, composé d'Israëliens et de Palestiniens. "Dans la pratique, ce sont les Israéliens qui décident et en général, c'est à la faveur des demandes israéliennes, pas palestiniennes", souligne Stéphanie Oudot, adjointe au département eau et assainissement à l'Agence française du développement. Cette spécialiste des questions d'eau a travaillé pendant sept ans comme chef de projet dans la région.

     

    La colonie de Givat Zeev, en Cisjordanie. "Il faut savoir, par exemple, que les 450 000 colons israéliens en Cisjordanie utilisent plus d'eau que 2,3 millions de Palestiniens" écrit le rapport de M. Glavany

    La colonie de Givat Zeev, en Cisjordanie. "Il faut savoir, par exemple, que les 450 000 colons israéliens en Cisjordanie utilisent plus d'eau que 2,3 millions de Palestiniens" écrit le rapport de M. GlavanyREUTERS/BAZ RATNER

    Le rapport Glavany évoque ainsi un fonctionnement "sur le mode du consensus, ce qui donne de facto un pouvoir de veto à Israël". Dans la zone C (voir le deuxième encadré de bas de page), les autorisations doivent en outre être approuvées par l'armée israélienne, encore plus réticente à les accorder. "Il faut savoir, par exemple, que les 450 000 colons israéliens en Cisjordanie utilisent plus d'eau que 2,3 millions de Palestiniens", note encore le rapport de M. Glavany. Mark Zeitoun relève en effet que chaque année, "les Palestiniens utilisent environ 70 millions de m3 d'eau contre 222 millions de m3 pour les colons Israéliens".

    Dans le détail, le rapport évoque la destruction "systématique" par l'armée israélienne des puits construits "spontanément" par les Palestiniens. "Les puits sont souvent détruits s'il n'y a pas eu de permission", nuance Gidon Bromberg. Pondération similaire sur ce point du rapport par Stéphanie Oudot, qui note que la construction de ces puits, "essentiellement agricoles", n'est "pas systématique".

    "GRAVES PROBLÈMES SANITAIRES"

    Le directeur israélien de l'ONG Friends of Earth Middle East évoque ainsi de "graves problèmes sanitaires". Face à l'absence de ressources, les Palestiniens doivent acheter de l'eau municipale qui "est bon marché mais limitée", explique l'expert sur les questions d'eau. Les habitants se tournent alors vers l'approvisionnement privé. Selon la Banque mondiale (PDF), les Palestiniens vivant en Cisjordanie dépensent 8 % de leur revenu en eau. Pour l'eau non municipale, "il n'existe pas de contrôle : [l'eau] peut être contaminée, avec les conséquences que l'on connaît : douleurs abdominales, diarrhées".  De son côté, Stéphanie Oudot décrit cette image : "des piscines et des jardins arrosés du côté des colons, tandis qu'à côté, les Palestiniens se rendent au puits avec un seau".

    Corollaire de la question de l'eau, celle de l'assainissement. Les eaux de Cisjordanie s'écoulent en effet vers Israël, or "il n'existe qu'une seule station d'assainissement, en Cisjordanie, à Ramallah, et les besoins sont considérables", note Stéphanie Oudot. Des eaux usées s'écoulent ainsi vers Israël, qui accuse les Palestiniens de ne pas agir contre la pollution de l'eau. "Du fait de la domination israélienne, les Palestiniens ne sont pas encouragés à traiter les eaux qui sont donc contaminées", explique Gidon Bromberg. "On considère aussi que 30 % à 40 % de l'eau sont perdus par des fuites non réparées dans les canaux" côté palestinien, poursuit Gidon Bromberg, qui souligne cette situation paradoxale : "en l'absence de coopération avec les Palestiniens, Israël dessert ses propres intérêts".

    Pour gérer les eaux usées provenant de Cisjordanie, les Israéliens construisent en Israël des stations d'épuration et "réutilisent ensuite ces eaux pour leur agriculture", relève Stéphanie Oudot. Israël amortit ensuite la construction et l'entretien de ces stations d'épuration "en ne reversant pas les taxes dues à l'autorité palestinienne". Depuis un an ou deux, note la responsable à l'Agence française du développement, les demandes émises par l'autorité palestinienne de construction de stations d'épuration sont davantage accordées, peut-être une concomitance avec ce rapport de 2009 de la Banque mondiale, qui dénonçait le contrôle de l'eau par Israël en Cisjordanie, relève l'experte. Outre les nappes partagées, Stéphanie Oudot évoque également la question du Jourdain, détourné en amont par Israël, "ce qui rend les Palestiniens très dépendants d'Israël en eau potable".

    Le partage des eaux en Cisjordanie est déterminé par les accords d'Oslo II de 1995. Des accords "respectés", souligne Mark Zeitoun, mais "asymétriques" et "faussés" :  le texte devait être "temporaire", mais n'a jamais été renégocié, mentionne le chercheur. L'accord ne tient en outre pas compte des besoins en eau d'une population qui a doublé depuis 1995, selon les estimations de la Banque mondiale.

    "A GAZA, C'EST ENCORE PIRE"

    "A Gaza c'est encore pire ; la qualité de l'eau y est épouvantable", témoigne Gidon Bromberg. Contrairement à la Cisjordanie, les Palestiniens peuvent y forer librement. "Des milliers d'habitants y creusent leur propre puits", poursuit Gidon Bromberg. Israël étant en amont, "[les Israéliens] pompent comme des fous de leur côté, il y a donc une surexploitation réelle",  signale pour sa part Stéphanie Oudot. Dans une région surpeuplée, où les habitants pompent de l'eau rare, c'est donc de l'eau salée qui sort de terre. "Les Gazaouis ne peuvent plus boire de l'eau du robinet," témoigne Stéphanie Oudot, qui alerte sur une "situation humanitaire d'urgence". Selon la Banque mondiale, à Gaza "seule 5 % à 10 % de l'aquifère correspond aux standards de qualité".

     

    Ruines d'une maison de Khan Younès détruite lors de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza, menée de décembre 2008 à janvier 2009. Selon le rapport Glavany, "les réserves d'eau ont été prises pour cible en 2008-2009 par les bombardements".

    Ruines d'une maison de Khan Younès détruite lors de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza, menée de décembre 2008 à janvier 2009. Selon le rapport Glavany, "les réserves d'eau ont été prises pour cible en 2008-2009 par les bombardements". REUTERS/IBRAHEEM ABU MUSTAFA

    A Gaza, le rapport parlementaire estime que "les réserves d'eau ont été prises pour cible en 2008-2009 par les bombardements". "C'est impossible à déterminer", temporise Mark Zeitoun. Encore plus nuancée, Stéphanie Oudot souligne le fait que les bombardements ont épargné la digue de Betlaya qui retient un vaste lac d'eaux usées. L'assainissement des eaux représente toutefois un problème central dans la bande de Gaza, avec un manque criant d'infrastructures.

    Dans ce territoire palestinien, l'enjeu crucial est le dessalement des eaux. Mais cette technologie est extrêmement coûteuse. Dans le même temps, Israël consolide son indépendance "en dessalant l'eau elle-même sur la côte méditerranéenne", relève Gidon Bromberg. Une indépendance qui, estime Mark Zeitoun, devrait mécaniquement "permettre aux Israéliens d'être plus ouverts aux négociations avec les Palestiniens". Le chercheur craint qu'à l'instar de précédents rapports sur l'eau, le rapport Glavany "fasse du bruit (...), mais qu'une fois que l'attention du publique sera retombée, la politique reste la même". "La situation changera lorsqu'Israël reconnaîtra que la sécurité de l'eau pour tous passera par un partage équitable et juste de l'eau", note le chercheur. Gidon Bromberg estime, lui, que l'eau peut "justement représenter un vecteur très solide pour construire la confiance" entre Israéliens et Palestiniens.

    Flora Genoux


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    Dernière modification : 24/01/2012 
    - Hamas - Khaled Mechaal - Territoires palestiniens

    Le chef du Hamas Khaled Mechaal attendu dimanche en Jordanie

     Le chef du Hamas Khaled Mechaal attendu dimanche en Jordanie  

    Khaled Mechaal, accompagné du prince du Qatar, se rendra dimanche à Amman. Il s'agit de la première visite officielle en Jordanie du chef du bureau politique du Hamas depuis son expulsion en 1999. Il doit notamment y rencontrer le roi Abdallah II.

    Par Dépêche (texte)
     

    AFP -   Le chef du bureau politique du Hamas Khaled Mechaal est attendu dimanche à Amman pour sa première visite officielle depuis son expulsion en 1999, ouvrant un nouveau chapitre dans les relations entre la Jordanie et le mouvement islamiste, selon le ministre de l'Information.

    "Khaled Mechaal viendra en Jordanie dimanche en compagnie du prince héritier du Qatar le prince héritier Tamim Ben Hamad Al-Thani", a déclaré mardi Rakan Majali, également porte-parole du gouvernement.

    "Le roi Abdallah II recevra le prince du Qatar et M. Mechaal", chef du bureau politique du mouvement islamiste palestinien, a-t-il dit, qualifiant cette rencontre de "nouvelle page dans les relations avec le Hamas", au pouvoir dans la bande de Gaza. 

     

    Le ministre a souligné que le responsable du Hamas aura en outre des entretiens avec plusieurs responsables du gouvernement.

    A Gaza, le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri, a affirmé que cette visite visait à "remettre de l'ordre dans les relations entre le Hamas et la Jordanie" et à discuter de la possibilité de "l'ouverture d'un bureau" du mouvement dans le royaume.

    "Ces entretiens ne se feront nullement au détriment de l'Autorité palestinienne qui est pour la Jordanie l'unique représentant légitime du peuple palestinien", a par ailleurs affirmé le ministre jordanien mardi, relevant toutefois "l'effet positif du rapprochement entre le Fatah et le Hamas", les deux principaux mouvement palestiniens rivaux.

    La visite de M. Mechaal qui constitue "une nouvelle page dans les relations" entre la Jordanie et le Hamas" selon M. Majali.

    Elle ne présage pas "une ouverture de bureaux du Hamas en Jordanie", a-t-il affirmé ajoutant que "le Hamas ne l'a d'ailleurs pas demandé".

    Cette visite était attendue depuis que le nouveau Premier ministre jordanien Aoun Khassawneh, ancien juge à la Cour internationale de La Haye, avait affirmé le 2 novembre, quelques jours après l'investiture de son gouvernement, que l'expulsion des dirigeants du Hamas de Jordanie en 1999 était "une erreur constitutionnelle et politique".

    La médiation du Qatar a été d'emblée avancée, mais la visite tardait à se réaliser officiellement "en raison du calendrier du prince héritier du Qatar", alors que dans les milieux politiques on invoquait une volonté de calmer l'Autorité palestinienne, inquiète de cette ouverture.

    La Jordanie a accueilli le 3 janvier la première rencontre publique en 16 mois entre négociateurs palestinien et israélien.

    Cette rencontre publique a été pour la Jordanie l'occasion de montrer qu'une éventuelle normalisation avec le mouvement palestinien Hamas ne changerait en rien sa reconnaissance de l'Autorité palestinienne et qu'elle ne ferait pas de concessions dans sa relation avec Israël dans le cadre du processus de réformes entamé par le royaume.

    La Jordanie et le Hamas entretiennent des relations difficiles depuis 1999, lorsque Khaled Mechaal et d'autres membres du mouvement islamiste avaient été expulsés.

    Ces relations s'étaient encore détériorées en 2006, Amman ayant accusé le Hamas de trafic d'armes à partir de la Syrie vers son territoire.

    Khaled Mechaal avait échappé en 1997 à Amman à une tentative d'assassinat du Mossad, le service de renseignement israélien.

    Depuis son expulsion en 1999, M. Mechaal, basé à Damas, n'a effectué que deux courtes visites en Jordanie, pour assister à l'enterrement de son père et pour rendre visite à sa mère malade.
     


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