"L'accès au territoire israélien a été interdit à 124 militants pro-Palestiniens venus d'Europe. Ils sont actuellement détenus dans des prisons israéliennes" a indiqué à l'AFP Sabine Hadad, la porte-parole des services d'immigration, "faute de place au centre de rétention de l'aéroport international Ben Gourion de Tel-Aviv qui ne peut accueillir que 60 personnes".

Ces militants de la cause palestinienne, pour la plupart français, mais aussi américains, belges, bulgares, espagnols ou encore néerlandais, devraient dans les heures qui viennent être renvoyés chez eux. Encore que. Ils "seront expulsés dès qu'il y aura des places et des vols disponibles à cet effet. Aujourd'hui, jour de shabbat, il n'y a pas beaucoup de vols et le processus d'expulsion risque de se prolonger quelque peu", a expliqué Mme Hadad ce samedi.

En fin de journée, elle a annoncé que l'autorisation de séjour avait finalement été accordée à deux Allemands et deux Néerlandais, qui ont donc été relâchés, après qu'ils "se sont engagés par écrit à ne pas provoquer des désordres sur la voie publique et à éviter des lieux d'affrontements" entre Palestiniens et forces de l'ordre israéliennes.

D'autres militants ont déjà refusé d'en faire de même, et tous devraient se voir proposer cette alternative. En tout état de cause, a répété Mme Hadad, "tous ceux qui refuseront de signer seront refoulés dès qu'il y aura des places et des vols disponibles".

Interrogée par l'AFP, la porte-parole de l'Autorité pénitentiaire israélienne, Sivan Weizman, a indiqué que 85 d'entre eux avaient été incarcérés au centre de détention de Guivon, à Ramlé, près de Tel-Aviv, et 39 à la prison Ela de Beersheva, au sud du pays, dans le désert du Néguev.

"En attendant leur expulsion, ils bénéficient du traitement correct réservé à tous les autres détenus et n'ont pas provoqué d'esclandre" a-t-elle ajouté.

A l'invitation de quinze associations palestiniennes, quelque 600 militants dont ceux actuellement en détention comptaient participer à l'opération "Bienvenue en Palestine", organisée ce 9 juillet pour commémorer les sept ans jours pour jour de la décision de la Cour internationale de Justice condamnant la construction par Israël d'une barrière de séparation, ou plutôt d'une épaisse muraille, qui empiète sur la Cisjordanie.

Soit en dissuadant les compagnies aériennes de les acheminer à Tel-Aviv, sous peine de devoir les rapatrier à leurs frais, soit en les interceptant à leur arrivée, les autorités israéliennes sont parvenues à bloquer la plupart des activistes, aussi sûrement qu'elles maintiennent le blocus maritime autour de Gaza, où une flottille affichant une vocation humanitaire voudrait débarquer.

Et, par les airs comme par la mer, l'Etat hébreu ne semble pas près de relâcher la pression. "Nous restons en état d'alerte à Ben Gourion, où d'importants effectifs policiers sont toujours déployés, car il y a constamment des vols et il faut très attentivement vérifier les passagers" a déclaré le porte-parole de la police Micky Rosenfeld.

Malgré la diffusion d'une liste de passagers interdits et la multiplication des interrogatoires à l'aéroport, selon le site d'information Ynet, une cinquantaine de militants européens sont parvenus hier à passer les contrôles et a gagné la Cisjordanie.

Ils figuraient peut-être parmi les quelque dizaines de Palestiniens et sympathisants étrangers qui ont manifesté au cri de "Non à l'occupation !" à proximité du barrage routier de Qalandiya, au nord de Jérusalem. Barrage que l'armée a momentanément fermé et où elle a fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser les protestataires...

Pendant ce temps à Paris, plus de cent personnes qui s'étaient rassemblées cet après-midi près de l'Hôtel de Ville clamant des slogans hostiles à Israël et réclamant la libération de leurs 124 "camarades" ont été interpellées, faute d'autorisation de cette manifestation improvisée...