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Parti socialiste : ça se complique pour Désir !
Parti socialiste : ça se complique pour Désir !
Créé le 12-10-2012 à 12h25 - Mis à jour à 14h45lienPar Sylvain CourageUne participation faible, une motion gouvernementale qui ne fait pas le plein, une aile gauche renforcée… le vote des motions sème le trouble.
Mots-clés : CONGRES, gauche, motionHarlem Désir arrive en tête, mais avec un score plus bas qu'attenndu (Guillaume Souvant/Sipa)Mais que sont les socialistes devenus ? Appelés à voter pour les motions qui orienteront la vie du parti pour les trois prochaines années, les militants ont été bien peu à se déplacer : 50% de participation selon la statistique solferinienne, soit environ 80.000 militants. Un étiage riquiqui pour une organisation qui revendique officiellement 172.000 membres. Pas étonnant, dans ces conditions, que le résultat déconcerte !
La motion "gouvernementale" concoctée par l'ex-première secrétaire Martine Aubry et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault n'a recueilli "que" 68%. Un pied-de-nez pour tous les hiérarques socialistes qui voulaient arrimer le parti au char de l'Etat. La base n'a suivi que très imparfaitement la consigne. Les scrutins ficelés d'avance réservent toujours de mauvaises surprises… "Cela prouve d'abord que contrairement à ce qui a été dit, quand il y a un vote dans le PS, les choses ne sont pas jouées d'avance. Qu'est-ce qu'on aurait dit s'il y avait eu un score de 90 % ? On aurait dit, c'est un parti (nord) coréen ou à la soviétique", a réagi Harlem Désir, dans une langue de bois qui n'est pas sans évoquer Leonid Brejnev.
Désigné par avance comme le prochain premier secrétaire, Désir voit son avenir s'assombrir. En deuxième position, la motion représentant l'aile gauche du parti a capté 13,4% des votes. Selon les statuts, son premier signataire Emmanuel Maurel peut, lui aussi, se porter candidat à la direction. Jusqu'au vote d'hier soir, il avait semblé exclure cette hypothèse. Mais son score à deux chiffres l'encourage à aller de l'avant pour affirmer son autorité de chef de file, renforcer la démocratie interne et créer un rapport de force plus favorable avec la majorité hollando-hollandaise. Harlem Désir qui encourait le risque d'une abstention massive à demeurer seul en piste, y gagnera sans doute un peu de légitimité. Mais son score final pourrait aussi en pâtir : le 18 octobre prochain, son élection ne sera pas le triomphe annoncée. Loin de là…
L'aile gauche du parti, qui peut désormais s'affranchir de la tutelle de Benoît Hamon assigné à la discipline gouvernementale, va pouvoir réclamer une représentation en proportion de ses résultats dans les instances de direction. Mais elle n'est pas la seule ! La motion-surprise déposée par le très médiatique Stéphane Hessel et le bouillonnant économiste Pierre Larrouturou a réuni plus de 11% des suffrages. Elle aussi peut revendiquer son quota de représentants dans l'appareil. Cette intrusion des promoteurs d'un New Deal à la française remet en cause les calculs d'apothicaire des "sous-courants" qui, à l'intérieur de la motion majoritaire, s'était déjà répartis les postes. Les amis de Valls, Peillon, Moscovici et Le Foll, Delanoë ou Aubry vont devoir faire un peu de place à ceux de Larrouturou qui réussit, là, un joli hold-up politique. François Hollande, qui a veillé à toute la manœuvre depuis l'Elysée, sait désormais ce qu'il lui reste à faire : s'inspirer au plus vite de Franklin Delano Roosevelt !
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