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    Parti socialiste : les 5 chantiers qui attendent Harlem Désir

    Créé le 18-10-2012 à 16h58 - Mis à jour le 19-10-2012 à 09h52   lien

     

    Le nouveau premier secrétaire du PS doit rebâtir un parti qui peine à trouver sa place maintenant qu'il est au pouvoir.

     

    Harlem Désir, nouveau premier secrétaire du PS. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

    Harlem Désir, nouveau premier secrétaire du PS. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

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    Harlem Désir peut enfin s'asseoir légitimement dans le fauteuil de Martine Aubry. Grâce au vote des militants (72,1%) jeudi 18 octobre, il peut retirer la mention "par intérim" qu'il portait sur le front, et s'arroger le titre de "premier secrétaire du PS" de plein exercice. Patron du parti au pouvoir, un aboutissement pour l'ancien président de SOS racisme devenu un apparatchik socialiste. Un aboutissement mais pas une sinécure, car il lui faut désormais reprendre en main une machine calibrée pour gagner la présidentielle mais désertée depuis par ses principaux dirigeants devenus ministres. Pour reconstruire Solférino, Harlem Désir va devoir faire dans la maçonnerie lourde.

    Remobiliser la base militante

    Le parti a eu du mal à faire venir ses adhérents aux urnes pour cette élection, où le suspense n'était pas au programme. Avant le vote sur les motions, la semaine dernière, 100.000 adhérents n'étaient pas à jour de cotisation, sur les 174.000 que revendique le PS. Un an après avoir mobilisé 3 millions de personnes pour la primaire ouverte, le retour à la réalité est rude. Conséquence de ce taux de participation très moyen (à peine 50%) : le score des petites motions s'en est trouvé gonflé. La motion Harlem Désir, pourtant soutenue par quasiment tous les dirigeants socialistes, a réalisé moins de 70% des voix (68,44%).

    Luc Carvounas, jeune sénateur proche de Manuel Valls, relativise cette participation. "Entre les différentes votations depuis 2008, on est à des scores aux alentours de 30% de participation. A Reims il y a quatre ans, il n'y avait eu que 56% de participation, alors qu'il y avait davantage d'enjeux et de suspense. Par ailleurs, aucune motion n'avait obtenu plus de 80% des voix avec plus de trois motions en lice."

    Faire émerger des cadres

    Les cadres du PS sont partis par wagons vers les ministères, au lendemain de la victoire du 6 mai. Les têtes de pont se sont vues offrir des maroquins, alors que les seconds couteaux ont rallié les cabinets. Ce fut la chance d'Harlem Désir, qui n'eut face à lui aucune figure de premier rang dans la course au poste de premier secrétaire - Stéphane Le Foll, Vincent Peillon, Pierre Moscovici ou encore Michel Sapin ayant jugé plus valorisant de garder leur ministère.

    Le PS doit désormais rassembler ses forces et faire émerger de nouveaux talents pour rester un parti actif. Martine Aubry a posé la première pierre en nommant beaucoup de nouvelles têtes au secrétariat national. Elle a demandé à son successeur de conserver le fruit de son travail. Mais Désir, élu grâce à une coalition de courants, pourrait être tenté de nommer dans l'appareil des gens à lui. Il a déjà désigné les deux membres de sa garde rapprochée : Elsa Jacquemin et Pierrick Paris, deux anciens collaborateurs de son mentor Bertrand Delanoë. Il devra aussi composer avec son nouveau numéro deux, la valeur montante fabiusienne à tendance aubryste, Guillaume Bachelay.

    Imposer son autorité

    Rien de tel que l'épineux dossier du cumul des mandats pour tester son leadership. Avant de quitter le navire, Martine Aubry avait lancé un ultimatum aux députés pour qu'ils respectent leur engagement de ne plus cumuler. Harlem Désir hérite de la patate chaude, qu'il a eu tôt fait d'avaler. Dans le texte de sa motion, il rappelle pourtant son engagement à encourager le non-cumul des mandats. Aujourd'hui, il considère que "le plus dur est fait. On ne peut plus dire que la plupart des députés PS sont des cumulards." Mais d'après un décompte d'Europe 1, seuls 37 députés (dont une moitié de femmes) ont démissionné de l'un de leur mandat. 160 élus cumulent toujours.

    Le PS reste donc un parti de cumulard, malgré les dénégations de la direction. Les choses ne devraient pas bouger avant la remise du rapport de la commission Jospin. A moins que le nouveau patron ne tape du poing sur la table...

    Dealer avec la corruption

    C'est l'avantage des élections sans enjeu, il n'y a pas vraiment besoin de tricher. Les soupçons de manipulation de résultats, qui avaient entaché le dernier congrès, sont beaucoup moins présents, même si Emmanuel Maurel a tiré la sonnette d'alarme contre d'éventuelles tentatives de gonfler les chiffres de participation.

    De là à dire que le PS est sorti de ses déboires, il y a un pas. La garde à vue de Jean-Pierre Kucheida, pilier de la fédération du Pas-de-Calais, est venue rappeler, s'il en faut, que la rénovation du PS est loin d'être achevée.

    La semaine dernière, au moment du vote sur les motions, une autre ombre embarrassante a ressurgi, celle de Jean-Noël Guérini. L'ancien patron de la fédération des Bouches-du-Rhône, qu'on croyait en retrait, est venu voter comme un simple militant. Une guerre des mots avait opposé Désir et Guérini au moment de la mise en examen de ce dernier en 2011. "Cette mise en examen doit marquer la fin du système Guérini", avait estimé Désir. Le sénateur marseillais lui avait retourné la pareille, rappelant opportunément une vieille condamnation de Désir, en 1998, pour emploi fictif : "S'il faut donner l'exemple, que le premier secrétaire du Parti socialiste par intérim soit le bon élève et commence par le faire. Il a été condamné ? Alors qu'il démissionne!" Un an plus tard, Guérini affirme dans "Le Parisien" : "Je vote Harlem Désir. Harlem sera, j'en suis persuadé, un bon premier secrétaire." Une main tendue qui ressemble à un cadeau empoisonné.

    Assumer l'indépendance de Solférino

    La maison mère socialiste a beau être à deux pas de l'Elysée, Harlem Désir devra imposer sa voix s'il veut marquer de son empreinte son mandat. Le Parti socialiste doit rester une force de proposition pour ne pas tomber dans l'écueil du parti godillot. Une nécessaire distance que le PS n'a jamais réussi à trouver quand les siens étaient au pouvoir.

    Signe de cette volonté ? Harlem Désir s'est prononcé en faveur de la procréation médicalement assistée (PMA) dans la loi sur le mariage homosexuel, alors même que le gouvernement rechigne. "Le parti et les parlementaires peuvent enrichir l'action du gouvernement (...) Il s'agit d'être une force de soutien, d'appui totalement loyale, mais aussi d'alimenter la réflexion et le travail législatif du gouvernement parce que nous sommes en lien avec la société. Moi je veux un Parti socialiste qui soit à l'écoute des Français". Voilà qui ressemble à une lettre de mission. Que Désir s'adresse surtout à lui-même.


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