• Passes d?armes entre le gouvernement et le patronat

    Passes d’armes entre le gouvernement et le patronat

    Le Monde.fr | <time datetime="2014-12-03T16:35:54+01:00" itemprop="datePublished">03.12.2014 à 16h35</time> • Mis à jour le <time datetime="2014-12-03T18:37:06+01:00" itemprop="dateModified">03.12.2014 à 18h37</time>

     

    <figure class="illustration_haut " style="width: 534px"> Manuel Valls, premier ministre, lors des questions au gouvernement, à l'Assemblée nationale, le 2 décembre. </figure>

    Depuis près d’une semaine, pas une journée sans que le patronat et le gouvernement ne s’invectivent à distance, par micros interposés, en se rejetant la responsabilité de la situation de blocage de l’économie française, au moment où les petites et les moyennes entreprises se mobilisent.

    Lire aussi : L’exécutif accuse le patronat d’irresponsabilité

    Mardi 2 décembre, c’est le premier ministre lui-même, Manuel Valls, qui profite de la tribune que lui offre l’Assemblée nationale pour dénoncer les « provocations » de certains « dirigeants du patronat », qui ne sont « pas à la hauteur » de leurs « responsabilités ». Une attaque, à peine voilée, contre le patron du Medef, Pierre Gattaz, qui rassemble ses troupes lors d’un grand meeting, mercredi 3 décembre à Lyon.

    La bataille médiatique avait été amorcée six jours plus tôt, vendredi 28 novembre, trois jours avant le début d’une semaine de mobilisation patronale. C’est sur i-Télé que Bruno Le Roux ouvrait les hostilités en menaçant le patronat de « revenir » sur les 40 milliards d’euros de baisse de charges. Bruno Le Roux, président du groupe PS à l’Assemblée nationale, visait alors directement M. Gattaz, « qui essaie de ruiner jour après jour tous les efforts que nous faisons pour espérer retrouver de la confiance ». Un « comportement peu citoyen », estimait-il.

     

    « Quelque chose d’incompréhensible »

    Dimanche 30 novembre, c’est au tour du porte-parole du gouvernement et ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, de fustiger les propos du patron des patrons qui avait appelé la France à lever l’obligation de justifier un licenciement. « Je pense qu’il y a un problème Gattaz », assène le ministre sur France 5 dans l’émission « C Politique ».

    Alors que les chefs d’entreprises s’activent à la veille d’une journée de mobilisation, Stéphane Le Foll estime que la mobilisation a « quelque chose d’incompréhensible ». « Ces patrons qui vous disent qu’il faut faire 100-150 milliards d'euros d’économies, ils vous disent de les faire où ? Le jour où il faudra baisser encore de manière drastique le nombre de fonctionnaires et la dépense publique, c’est le BTP qui viendra dire : Mais on n’a plus de quoi investir. »

    Le temps de la riposte patronale arrive logiquement lundi, jour de l’appel à manifester de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises. C’est au micro d’Europe 1 que Pierre Gattaz choisit de répondre. Il souligne le « ras-le-bol » des patrons face à « la fiscalité qui continue de monter contrairement aux promesses ». « Nous sommes asphyxiés par ces charges », poursuit le patron du Medef, chiffrant la hausse de la fiscalité des entreprises à quelque 42 milliards d’euros sur la période 2010-2015, dont « 21 milliards de la responsabilité de Sarkozy-Fillon et 21 milliards de la responsabilité de François Hollande et de ses gouvernements ».

    Lire aussi : Les petits patrons à Hollande : « On ne vous dit pas “merci pour ce moment” »

     

    « Usine à gaz » ou « avancée sociale »

    La colère du patronat se cristallise contre trois dispositifs de l’exécutif : le compte pénibilité lié à la réforme des retraites, l’obligation d’informer en amont des salariés en cas de projet de cession d’une PME (loi Hamon) et l’instauration d’une durée de travail minimum de 24 heures par semaine pour le temps partiel. « Il faut revoir ces dispositifs, les surseoir, voire les supprimer », avance Pierre Gattaz en les jugeant « anti-économiques », coûteux et complexes à mettre en œuvre.

    Aux déclarations de Pierre Gattaz et à celles de centaines de patrons qui répondent aux médias durant leur journée de mobilisation, le gouvernement riposte par une vague d’attaques ciblées. Sur la question du « compte pénibilité », Marisol Touraine, ministre de la santé, lance la contre-offensive : il s’agit « d’une avancée sociale majeure », dit-elle, assurant aux patrons qui dénoncent une nouvelle « usine à gaz » administrative que la « mise en place sera simple ». « Je veux rappeler cela avec force aujourd’hui, alors que certains défilent dans la rue en brandissant caricatures et exagérations. »

    C’est ensuite au tour d’Emmanuel Macron, ministre de l’économie, de répondre vertement au responsable patronal, mardi 2 décembre sur Radio Classique : « Je n’ai pas à qualifier l’attitude de Pierre Gattaz. J’ai simplement à dire que dans pacte de responsabilité, il y a le mot responsabilité », tance le ministre. « Aujourd’hui, il y a très peu d’accords de branche qui sont signés. C’est un échec et c’est aussi le sien », accuse-t-il, en visant M. Gattaz.

    La déclaration sème la confusion au sein de la majorité : « Depuis le début de l’année, le gouvernement nous répète que le pacte est l’atout numéro un pour relancer la croissance. Et alors que son application commence à peine, Macron nous explique que c’est un échec ? C’est hallucinant », grince un dirigeant socialiste.

    Pierre Gattaz répond d’un tweet sarcastique à l’attaque d’Emmanuel Macron :

    L’ambiance affichée fin août paraît bien loin, lorsque M. Valls avait lancé son « j’aime l’entreprise » suscitant la réaction enthousiaste de M. Gattaz qui avait applaudi « un discours de lucidité, de pragmatisme, de courage ».


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