• «Pour la première fois, tous les candidats parlent des PME»

    «Pour la première fois, tous les candidats

    parlent des PME»

    Recueilli par Dominique ALBERTINI

    Jean-François Roubaud est président de la Confédération générale des PME (CGPME), qui a reçu les principaux candidats à l'élection présidentielle pour entendre leurs propositions en faveur des petites entreprises. Il tire un bilan positif des auditions. 

    Êtes-vous satisfait des engagements pris envers vous par les différents candidats ? 

    Le président de la CGPME, Jean-François Roubaud, estime jeudi qu'un report de l'âge légal de départ à la retraite à 63 ans serait "déjà un effort considérable" et plaide pour une exonération de cotisations pour toute embauche en contrat aidé d'un senior dans une PME.

    Nous avons entendu beaucoup de choses. Certaines ont fait des propositions assez différentes des nôtres. Notre première invitée, Eva Joly, a défendu les 32 heures. Déjà que nous étions opposés aux 35... Mais, pour la première fois, l'ensemble des candidats parlent des PME. En 2007, les questions économiques étaient moins centrales. On se sent courtisés. Ce sont les PME qui créent l'emploi en France. Nos chefs d'entreprise ne délocalisent pas, ils sont ancrés dans leur territoire.

     
    Nicolas Sarkozy est-il le candidat naturel des patrons, petits et grands ? 

    Ce n'est pas aussi simple que cela. Certes, 70% des chefs d'entreprises, environ, se déclarent prêts à voter pour lui. Mais les difficultés sont là : le déficit commercial s'est creusé, les charges augmentent... Nous savons que chacun doit prendre sa part des efforts nécessaires. Mais on ne peut plus ranger les patrons à droite et les salariés à gauche. Différentes tendances existent.  

    Comment jugez-vous le bilan du président sortant ?

    Il est difficile à faire, dans la mesure où Nicolas Sarkozy a dû faire face, dès le départ, à une crise épouvantable. Pourtant, il n'y a jamais eu autant de réformes. Je retiens notamment la rupture à l'amiable en matière sociale, les délais de paiement, l'autonomie des universités, la suppression de la taxe professionnelle... Mais ces réformes ne sont peut-être pas allées aussi loin qu'on aurait pu l'espérer. 

    La compétitivité par la baisse des coûts, qu'il défend, est-elle le meilleur angle de soutien aux PME ? 

    Le coût n'est pas le seul paramètre : il y a aussi la qualité, l'innovation. Les Allemands ont à peu près le même coût de main-d'œuvre. Mais, en plus, ils ont une vraie stratégie industrielle, développée sur le long terme. La question des coûts est tout de même importante. Les 35 heures nous ont coûté 13% en plus. Appliquer ce système à tout le monde, au même moment, c'est une stupidité extraordinaire. 

    François Hollande a-t-il brisé la glace entre la gauche et les entreprises ? 

    Pour la première fois, le PS a pris au sérieux les problèmes économiques. C'est très important. Nous sommes favorables à la modulation de l'impôt sur les sociétés qu'il propose. Le taux de 35% pour les grandes entreprises, ce n'est pas mon souci ; 30% pour les moyennes, c'est bien, parce que c'est moins que les 33,3% actuels. Enfin, le taux de 15% pour les petites existe déjà jusqu'à 38 000 euros de bénéfices. Si on monte ce plafond, ça m'intéresse. 

    Quelle est, selon vous, la mesure prioritaire en faveur des PME ?

    Il s'agit de la non-rétroactivité des textes et des lois, inscrite dans la Constitution. Tous les textes adoptés doivent l'être au moins pour une mandature. L'entreprise a besoin de visibilité à moyen terme, au minimum. Il faut être certain que les règles du jeu ne vont pas changer en cours de route. C'est loin d'être le cas actuellement. C'est comme cela, par exemple, que la filière photovoltaïque a été sabordée. Au départ, l'énergie produite devait être rachetée pour une certaine valeur. Des chefs d'entreprise se sont précipités dans le secteur. Un an plus tard, on a baissé le prix. Des centaines d'emplois ont été détruits, et il n'y a pratiquement plus de photovoltaïque aujourd'hui en France. 

    Marine Le Pen était votre invitée la semaine dernière. Son discours sur le protectionnisme et la préférence nationale à l'embauche a été mieux reçu qu'on ne pouvait s'y attendre. Etes-vous étonné ? 

    Non, car nous réservons un bon accueil républicain à tous les candidats. Le problème de fond avec Marine Le Pen est son projet de sortie de l'euro. Là est le vrai blocage économique. Pour nous, c'est foncer dans le mur. Sur le protectionnisme, il est temps de se rendre compte que l'économie est mondialisée. Si on fait cela, il y aura des ripostes. Quant à la préférence nationale, on embauche quelqu'un sur sa capacité à remplir un poste. Blanc, Noir, Français ou étranger, ce n'est pas la question.

    Laurence Parisot, la présidente du Medef, s'est clairement rangée derrière Nicolas Sarkozy. En tant que patron, le lui reprochez-vous ? 

    Chacun sa responsabilité. Nous, nous ne le ferons pas. Nous sommes proches des Français, nous ne recevons pas de ces salaires extraordinaires qui font vraiment honte aux chefs d'entreprise. Cette mauvaise image donnée par quelques-uns rejaillit sur nous tous. Le salaire moyen du patron de PME, c'est 4 500 euros. La bonne rémunération, c'est celle que l'on peut annoncer directement à son comité d'entreprise. 

    Medef et CGPME pourraient-ils défendre un même projet ?

    Non, on n'a pas forcément les mêmes intérêts. A 80%, peut-être, nos propositions pourraient se recouper. Mais les divergences sont réelles sur les grandes entreprises, les assurances, l'attitude des banques. Sur la sous-traitance, aussi. En tant que représentant des PME, je peux protester contre certains donneurs d'ordre.


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