L’ancien président du géant pharmaceutique Novartis, Daniel Vasella, va quitter la Suisse pour les Etats-Unis, selon la municipalité de Risch, sa commune de résidence sur les bords du lac de Zoug. «M. et Mme Vasella ont annoncé fin janvier à la commune leur départ pour les Etats-Unis», a confirmé la commune lundi, après une information en ce sens publiée dimanche par le journal SonntagsBlick.
Aucune raison ni date n’ont été données quant à ce départ, dont l’annonce intervient une semaine après l’adoption de l’initiative Minder sur les salaires abusifs et l’interdiction des parachutes dorés par les électeurs suisses. Or, ce référendum s'était tenu dans le contexte d'un tollé soulevé par l'annonce du montant du parachute doré réservé à Vasella, qui a 59 ans a passé 17 années à la tête de Novartis.
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Le montant du parachute doré (72 millions de francs suisses, soit 60 millions d'euros), était soumis à une clause de non-concurrence après le départ de Vasella, prévu en février 2013. Face au scandale, Vasella avait annoncé qu’il renonçait à cette somme, ce qui le libérait en même temps de la clause de non-concurrence.
Le parachute, annoncé deux semaines avant le vote le 3 mars sur l’initiative Minder, du nom de son auteur Thomas Minder, avait été unanimement réprouvé en Suisse, aussi bien par les défenseurs que les opposants à ce texte. Les milieux économiques en particulier, notamment le patronat suisse, avaient aussi réagi avec incompréhension.
Après ce tollé, l’initiative Minder a été plébiscitée par les électeurs suisses, qui l’ont acceptée à 67,9% des voix, un niveau historique. Daniel Vasella s’était installé en 1999 dans la commune de Risch, où les impôts sont beaucoup moins élevés qu’à Bâle, où il résidait auparavant et où est situé le siège de Novartis.
Durant ses 17 ans de carrière aux commandes de Novartis, entamés en 1996, il a touché selon les estimations entre 200 et 400 millions de francs suisses (entre 162 et 324 millions d’euros). Directeur général de Novartis depuis 1996, année de la naissance du groupe après la fusion de Ciba Geigy et Sandoz, Vasella avait également endossé trois ans plus tard la présidence du conseil d’administration. Une double casquette critiquée, jusqu’à sa démission de la direction générale en 2010, au profit de l’Américain Joe Jimenez.
Daniel Vasella a longtemps été le patron le mieux payé de Suisse, et justifiait ses hauts revenus par les us et coutumes pratiqués dans les grands groupes pharmaceutiques mondiaux. Le 23 janvier dernier, Novartis avait annoncé que Daniel Vasella ne se représenterait pas pour un nouveau mandat de président à l’assemblée générale des actionnaires, qui a eu lieu le 22 février dernier.
Son successeur est l’Allemand Jörg Reinhardt (56 ans), entré en 1982 chez Sandoz - devenu une filiale de Novartis axée sur les génériques - avant d’occuper des postes à responsabilité croissante au sein de Novartis.