• Hollande évite Royal à New York : est-il prisonnier de Trierweiler à ce point ?

    Modifié le 27-09-2012 à 13h35
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    Temps de lectureTemps de lecture : 4 minutes

    LE PLUS. En évitant de saluer Ségolène Royal dans un couloir de l'ONU, François Hollande relance les supputations autour des conséquences de sa vie privée sur la conduite des affaires de la France. Mais de quoi le président a-t-il peur ? De Ségolène Royal ? De Valérie Trierweiler ? Analyse de notre chroniqueur Bruno Roger-Petit.
     

    Édité par Sébastien Billard   Auteur parrainé par Benoît Raphaël

    Feydeau honoré aux Nations Unies ? C'est fait. Grâce à Ségolène Royal, François Hollande et Valérie Trierweiler. En une scène de quelques secondes, le président de la République a réduit sa prestation à l'assemblée générale des États-Unis à pas grand chose.

     

    On résume : dans les couloirs de l'organisation mondiale, François Hollande se présente à l'entrée d'un couloir où Ségolène Royal, elle aussi présente à l'ONU, est en train de répondre à une interview. Il n'est pas possible de passer sans la saluer. Et là, chose incroyable, inconcevable, hallucinante même, François Hollande décide de temporiser, de patienter, de ne pas s'engager dans le couloir, tout cela dans le but d'éviter de croiser le chemin de Ségolène Royal... Celle-ci finit même par s'en amuser.


    VIDEO

    Hollande esquive Royal à l'ONU par BFMTV

     

    La scène est-elle vaudevillesque ? Oui, sans doute. Est-elle digne de la rubrique people ? Oui, sans doute. Les aspects people et vaudeville de cette affaire ayant été largement développés ailleurs, on insistera pas ici davantage. En revanche, et c'est sans doute le plus accablant pour qui veut poser les vraies questions, la dimension politique de l'affaire, pour ce qu'elle révèle du caractère du président de la République, doit être évoquée.

     

    Minimiser la rencontre

     

    Donc, François Hollande a pris soin de ne pas saluer Ségolène Royal. De l'éviter. De ne pas être filmé en sa compagnie.

     

    En vérité, le président était placé devant l'alternative suivante. Saluer Ségolène Royal, c'était l'assurance de voir l'image diffusée partout en France durant une journée. Ainsi vont les médias après cinq ans de sarkozysme. Après tout, quoi de plus normal que de la saluer ? Ségolène Royal est présidente d'une grande région française et vice-présidente de l'Internationale socialiste, présente à l'ONU à ce titre et par ailleurs mère de ses quatre enfants. Or, François Hollande prend le risque de ne pas la saluer, sachant qu'il y a des caméras, et que cette esquive (la preuve) risque d'être abondamment commentée, tout aussi commentée, si ce n'est plus, que le simple fait de saluer Ségolène.

     

    François Hollande ne peut pas ignorer, dans le contexte de la rencontre, en présence d'une foule de caméras et de journalistes, les conséquences de son geste. Ne pas saluer Ségolène Royal suscitera plus de commentaires et de débats que de la saluer. Les conséquences seront plus graves. En professionnel de la politique, il le sait. Il ne peut pas ne pas le savoir, c'est impossible. Logiquement, politiquement, médiatiquement, il devrait saluer Ségolène Royal, minimiser la rencontre, la maîtriser. Or, il choisit pourtant la pire des solutions.

     

    L'ombre de Valérie Trierweiler

     

    Qu'on ne s'y trompe pas, choisir la mauvaise solution, cela revient à signifier qu'un élément plus déterminant encore, extérieur à la scène, mais présent dans l'esprit du président, a pesé dans son choix. "De deux maux il faut choisir le moindre", chacun le sait.

     

    C'est à ce stade de la réflexion que s'impose l'image de Valérie Trierweiler, l'affaire du tweet, l'affaire du meeting de Rennes, les livres et les unes consacrées au trio qui pèse sur la vie nationale, aux conséquences de cette affaire privée dans les affaires publiques, à l'entretien du 14 juillet... "Le privé restera privé" avait dit François Hollande...

     

    Tout observateur normalement constitué ne peut qu'en tirer la seule conclusion qui s'impose : Valérie Trierweiler est probablement la cause déclenchant l'absurde comportement de François Hollande. Une fois de plus, le privé commande le public, devenant de fait public, influant sans contestation sur le comportement du président, donc son image, donc à terme, sur ses sondages...

     

    Une séquence pas favorable au chef de l'État

     

    Disons les choses comme elles sont : cette séquence n'est pas favorable au chef de l'Etat (théorie des deux corps du roi, on ne refait pas la leçon...) et elle est même catastrophique. François Hollande est-il à ce point prisonnier de ses problèmes privés qu'il est capable de prendre le risque d’abîmer son image présidentielle, et la fonction avec ?

     

    Et une autre interrogation surgit alors : si François Hollande, pour ne pas se mettre en porte-à-faux face à sa compagne actuelle, en est réduit à commettre une faute de communication politique lourde de politique dans un couloir de l'ONU, qu'en est-il sur d'autres situations, sur des choix engageant l'avenir du pays, sur l'accession à des postes de responsables publics ?

     

    Et de se souvenir des témoignages, plus ou moins "off" de tous ceux qui racontent avoir été écartés de la campagne présidentielle ou de la constitution de l'équipe gouvernementale parce qu'ils déplaisaient à Valérie Trierweiler.

     

    Et de se souvenir de ce socialiste proche de François Hollande, mais détesté de Valérie Trierweiler, narrant à l'auteur de ces lignes qu'il recevait durant la campagne, des textos du candidat Hollande à deux heures du matin lui demandant, en toute amitié, de ne pas assister à des réunions de campagne où sa compagne devait être présente et ce afin de ne pas la froisser.

     

    Des contradictions renouvelées

     

    Et de se souvenir des contradictions renouvelées de la compagne de François Hollande, journaliste qui fait ses cartons de "Paris Match", mais continue de disposer d'un cabinet élyséen qui répond au courrier envoyé à la journaliste de "Paris Match".

     

    Et de se souvenir que le président, le 14 juillet avait dit que tout ça était réglé, que c'en était fini, terminé, bouclé, verrouillé... Et de se dire que rien n'est réglé, et de se dire que le rôle de Valérie Trieweiler n'a pas été réglé, que rien n'est terminé,  bouclé, verrouillé.

     

    Et de se dire que la communication présidentielle elle-même est victime de cette situation. Un responsable de la presse élyséenne digne de ce nom, toujours présent aux cotés du président, aurait dû lui conseiller de saluer Ségolène Royal, qu'il valait mieux prendre le risque d'un courroux privé éventuel que d'offrir l'image d'un président prisonnier public de sa situation privée : il est stupéfiant que cela ne soit même plus possible...

     

    Et de se dire enfin, tout cela mis en perspective, qu'en bout de processus, cela donne l'image d'un président de la République française qui n'ose pas saluer son ex-compagne, prenant le risque de donner le sentiment à ceux qui découvrent la scène qu'il est un homme incertain et hésitant, pour ne pas dire plus.... C'est assez sidérant... Mais de quoi François Hollande a-t-il peur, en fait ?


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  • Arnaud Montebourg au JT de France 2 : dans la bouse jusqu’au cou !

    Modifié le 01-10-2012 à 12h05 
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    Temps de lectureTemps de lecture : 4 minutes

    LE PLUS. Le ministre du Redressement productif aurait mieux fait de refuser l’invitation de Laurent Delahousse au JT de France 2. Selon notre chroniqueur Thierry de Cabarrus, il n’avait rien à donner, ni rien à dire. Sauf un proverbe régional pour gagner du temps.

    Édité par Louise Pothier

    Arnaud Montebourg était l'invité du JT de France 2 dimanche 30 septembre. Ici, à Paris, le 29 septembre (J.MARS/JDD/SIPA).

    Arnaud Montebourg était l'invité du JT de France 2 dimanche 30 septembre. Ici, à Paris, le 29 septembre (J.MARS/JDD/SIPA)

     

    En voyant Arnaud Montebourg dimanche soir au JT de France 2 (video à 15'55), je me suis demandé pourquoi il osait se présenter ainsi les mains vides devant les Français alors qu’il n’avait aucune annonce à faire, aucun espoir concret à formuler.

     

    J’ai pensé qu’une fois de plus, la télé rendait fou nos hommes politiques à l’ego surdimensionné. Et je me suis dit que notre ministre du Redressement productif entrant dans les foyers par la petite lucarne était une insulte à tous ceux qui sont aujourd’hui menacés par les plans sociaux, chez PSA, chez Sanofi, chez Fralib, et évidemment chez Mittal à Florange.

     

    Le ministre a "du peps"

     

    Rien, absolument rien n’est ressorti de son intervention. Tellement rien que c’en était ridicule et qu’un nanar des années soixante-dix m’est revenu en mémoire : "C’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’on doit fermer sa gueule".

     

    Et je me suis souvenu de la fameuse tirade du "peps" : Jean Lefebvre en tenue de plombier disant à son complice Michel Serrault, tous deux enfermés dans des toilettes, qu’il en avait du "peps", de l’énergie, de la vigueur et que d’ailleurs, il allait le dire à tout le monde, et même l’écrire sur le mur pour que personne n’en doute : un graffiti au dessus du lavabo.

     

     

     

    Alors, je suis parvenu à sourire quand même, en comprenant qu’Arnaud Montebourg était venu simplement nous dire qu’il avait du peps et que son message n’avait guère plus d’importance qu’un graffiti sur le mur des toilettes publiques.

     

    La France va mal, mais Arnaud Montebourg, costume bleu sur-mesure impeccable, beau comme un patron de multinationale, va bien, merci pour lui. Il a du peps et il nous le répète. D’ailleurs, il a le verbe flamboyant, il dit qu’il veut "faire plier le système économique", que s’il n’est pas aux côtés de Mélenchon et des manifestants à la Bastille, c’est parce qu’il est ministre, mais que, finalement, il pourrait y être, et d’ailleurs, qu’il y est, à leurs côtés, en même temps qu’il est là à faire le beau à la télévision. Il est "à coté de ceux qui connaissent l’inquiétude de perdre leur travail".

     

    "Ministre des solutions économiques"

     

    Arnaud Montebourg est ainsi fait qu’il ne semble pas percevoir les évidences et les contradictions. Il est, dit-il en substance, avec les ouvriers à la Bastille et en même temps, il est là à pérorer avec Laurent Delahousse sur sa mission.  Non il n’est pas le "paratonnerre" du gouvernement qui prendrait tous les coups de foudre des plans sociaux comme le journaliste voudrait le lui faire avouer, mais il est, dit-il, un ministre avec une belle mission.

     

    Ah bon ? Et alors, c’est quoi, son travail, se demandent les Français qui s’efforcent de le suivre ? Et voilà qu’il déroule de jolies phrases, évoque sa feuille de route pas très réaliste, à laquelle lui-même ne semble pas trop croire :

     

    "Le travail que j’ai à faire après dix années de délabrement industriel, c’est de reconstruire pierre après pierre. Donc c’est un travail très difficile mais c’est une mission qui n’est pas impossible (…) Je ne suis pas le ministre des plans sociaux, je suis le ministre des solutions économiques. C’est donc qu’il y a une solution, qu’il y a de l’espoir."

     

    D’après lui, ça marche, la preuve ? Il a réussi, se vante-t-il, à "faire plier" le patron de Sanofi qui voulait supprimer 2500 emplois, qui a proposé un plan de 1400 suppressions de poste avant d’accepter moins de 1000. Arnaud Montebourg se réjouit devant ses statistiques, oubliant d’adresser un mot de compassion  à ce millier de salariés dont la vie va basculer dans l’inquiétude et la précarité.

     

    "À la fin de la foire, on compte les bouses !"

     

    Mais pour lui, l’essentiel n’est-il pas de montrer aux téléspectateurs que, décidément, il a du peps, et qu’ils peuvent compter sur lui pour limiter la casse ? D’ailleurs, il n’a pas l’intention de se dérober. À Laurent Delahousse qui lui demande s’il n’a pas posé un lapin aux salariés de PSA qui l’attendaient samedi au Mondial de l’Auto, il répond que non, c’était prévu comme ça, et il ajoute qu’il "leur donne rendez-vous puisque c’est samedi prochain".

     

    Sur Florange, il explique que "Monsieur Mittal veut se désengager. Nous avons demandé deux mois (de sursis) pour trouver une solution de reprise". Pour autant, reconnaît-il, l’État ne nationalisera pas les hauts-fourneaux. Est-ce qu’il sous-entendrait finalement que c’est une mauvaise affaire et que la filière est condamnée ? Pas du tout, on l’a mal compris, qu’est-ce qu’on va chercher… Simplement, l’État est un mauvais actionnaire et en plus, il n’a pas un kopec.

     

    Voilà, la France est fauchée, et en plus, elle est étranglée par l’objectif des 3% de déficit, "un chiffre qui m’exaspère" reconnaît-il du bout des lèvres,  message timide à destination de Mélenchon et des manifestants contre le traité d’austérité. Une concession qu’il balaie aussitôt en ajoutant : "Pour l’instant, nous redressons les comptes publics. On nous a légué un pays endetté…"

     

    On arrive à la fin de l’interview. Arnaud Montebourg sent bien qu’il a ramé et que ça s’est vu. Alors, il retrouve soudain ses réflexes de président du Conseil général de Saône et Loire, quand parfois dans les réunions publiques, une voix s’élève pour l’apostropher de façon désagréable. Il dégaine alors une formule puisée dans son paquet de proverbes qui sentent bon la campagne.

     

    Cette fois, il nous dit à sa façon de patienter, nous demande de lui laisser le temps de travailler. Et ça donne : "C’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses !" Quand je vous dis que comme Jean Lefebvre enfermé dans les toilettes, il se vante d’avoir du peps.


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  • Après le PSG, le Qatar investit dans les banlieues : est-il une menace pour la France ?

    Modifié le 01-10-2012 à 14h32 
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    Temps de lectureTemps de lecture : 3 minutes

    LE PLUS. La Qatar se porte au secours des banlieues françaises. Selon "Libération", un fonds d'investissement d'au moins 100 millions d'euros, abondé en partie par Doha, devrait être créé pour soutenir des projets d'entrepreneurs des quartiers. Les peurs que cette annonce a suscité sont injustifiées, selon Pascal Boniface, directeur de l'IRIS.
     

    Édité par Sébastien Billard   Auteur parrainé par Maxime Bellec

    François Hollande et l'Emir Sheik Hamad bin Khalifa Al Thani à l'Elysée, le 22 août 2012 (J.Brinon/SIPA).

     François Hollande et l'Emir Sheik Hamad bin Khalifa Al Thani à l'Elysée, le 22 août 2012 (J.Brinon/SIPA).

     

    Un spectre hante la France : le spectre du Qatar. Et toutes les voix de la peur des arabes se sont unies dans une sainte alliance pour traquer ce spectre.

     

    À en croire certains commentaires, nous sommes en train d'être envahis par le Qatar. L'indépendance de la France serait menacée par ce pays d'1,7 millions d'habitants dont 300.000 nationaux. Un "fond banlieue" financé par le Qatar, puis transformé en fond cofinancé à parité par l'État français et le privé, suscite des commentaires alarmistes.

     

    À les croire, les 50 millions d'euros que le Qatar veut verser vont mettre en péril l'identité nationale française. Celle-ci ne doit pas est très solide, si elle est menacée par si peu.

     

    Superposition des peurs françaises

     

    Peut-on ramener un peu de rationalité dans ce débat où la simple superposition de "pays arabes du Golfe - islam - banlieue" permet tous les excès ?

     

    Le Qatar a investi des milliards d'euros en France depuis plusieurs années. Il achète également des biens d'équipement français pour des sommes équivalentes. Mais les 50 millions de dollars de ce fond suscitent plus de commentaires que les investissements plus massifs dans les grands groupes industriels français, ou l'achat d'Airbus, les contrats BTP etc. De même qu’on parle énormément du Qatar depuis qu'il a acheté pour 40 millions d'euros 70 % du Paris-Saint-Germain il y a un an.

     

    Le fond d'investissements dans les banlieues suscite immédiatement l'image d'une horde d'imams allant prêcher le wahhabisme, la haine de l'Occident dans nos banlieues déjà prêtes à exploser. Pourtant, lorsque l'ambassade américaine fait des banlieues sa priorité d'action politique et culturelle, on ne fait pas de telles remarques.

     

    Croit-on que le moindre dérapage des actions financées par ce fond d'investissements ne donnera pas lieu à une couverture médiatique sensationnaliste et dénonciatrice ?

     

    Des craintes injustifiées

     

    Ce que l'on peut dire, c'est qu'il est dommage que ces territoires aient été abandonnés par l'État français, que le talent qui y réside ne soit pas mis en valeur. C'est le constat commun qu'ont fait les États-Unis et le Qatar, et ce que reconnaissent aussi les responsables français.

     

    Il est amusant de voir que les milliards d'euros investis ne suscitent aucun commentaire alors que les quelques millions d'euros – il est vrai dans un club de football – ou vers les banlieues créent l'hystérie.

     

    Lorsque un fonds qatari a acheté le Paris-Saint-Germain, on a vu la ministre des Sports de l'époque, Chantal Jouanno, déplorer que le club de la capitale soit vendu à l'étranger. Seul problème, il appartenait auparavant à un fond d'investissements américain, qui n’y investissait rien d’ailleurs.

     

    On a dit que l'équipe féminine ne jouerait pas au Parc des Princes. Elle n'y avait jamais joué auparavant. Depuis, elle a été professionnalisée et son budget a quadruplé. On a dit que la convention avec le Paris Foot Gay (PFG) serait abrogée, le Qatar, comme de nombreux pays arabes, pénalisant l'homosexualité. La convention a été renouvelée. Le Qatar respecte la législation française en France. Les hôtels qu’il possède servent ainsi de l'alcool.

     

    La France y gagne aussi

     

    Les relations entre la France et le Qatar remontent à l'arrivée de l’actuel Émir au pouvoir, en 1996. En 2000, lorsqu'il veut lancer l'exploitation du gaz liquide, seul Total le suit, les compagnies anglo-saxonnes font défaut. À l'époque, le baril de pétrole est à peine supérieur à 10 dollars. Depuis, les relations politiques, militaires, économiques et stratégiques entre les deux pays se sont développées dans l'intérêt mutuel.

     

    Le Qatar poursuit son intérêt national, quoi de plus normal ?

     

    Mais la France y trouve également son compte. Entre un pays membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, puissance indépendante, et un petit pays riche mais fragile, qui a besoin d'exister sur la carte par rapport aux appétits croisés saoudiens et iraniens, la France est une contre-assurance utile qui vient s'ajouter à une garantie américaine.

     

    Le déchaînement des commentaires effrayés ne sont que le reflet d'une peur irrationnelle des pays arabes et musulmans.


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  • Pas de nucléaire sans vraie autorité de sûreté

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    Copyright Reuters

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    François Lévêque | 28/09/2012, 07:14 - 

    A l'origine de la catastrophe de Fukushima, la régulation publique de la sûreté nucléaire au Japon s'est avérée absente, incohérente ou inappliquée. Elle n'existe toujours pas, alors que des centrales nippones sont rouvertes...

    Que mes amis japonais me pardonnent. C'est bien à eux qu'il appartient d'arbitrer entre le bénéfice d'une énergie à meilleur marché et le risque toujours possible d'un nouvel accident majeur sur le parc existant. Il est pourtant légitime de les exhorter à ne pas relancer des réacteurs avant que la nouvelle autorité de sûreté nucléaire soit à pied d'œuvre.
    Bien sûr, chaque nouvel accident rend moins probable des catastrophes analogues ailleurs, et les failles qui en sont à l'origine ont permis d'améliorer la sûreté sur quasiment l'ensemble du parc mondial. À la suite de Fukushima Daiichi, la protection des groupes électrogènes de secours contre les inondations a été partout revue pour les centrales en bord de fleuve ou de littoral. Bien sûr, l'émotion soulevée par les nouveaux accidents n'a toujours pas conduit à des décisions hasardeuses (dépenses de sûreté coûteuses inutiles, brusque virage de politique énergétique...). Les attentats terroristes du 11 septembre 2001 ont par exemple conduit pendant quelque temps les Américains à moins prendre l'avion et plus leur voiture. En trois mois, le nombre de morts supplémentaires sur la route a dépassé celui des passagers qui ont péri dans des avions détournés. L'effet domino et global des accidents nucléaires rend donc légitime l'intrusion des étrangers dans les débats japonais.
    Il faut donc leur dire que c'est l'absence de régulation effective de la sûreté nucléaire au Japon qui est à l'origine de Fukushima Daiichi et que, là, rien n'a bougé. La cause immédiate réside bien sûr dans la conjugaison d'un séisme et d'un raz-de-marée, tous deux de très grande ampleur. Environs de la centrale dévastés, réseau électrique coupé, diesels de secours noyés, refroidissement des réacteurs empêché, la centrale est restée sans alimentation électrique pendant onze jours. Il ne s'agit cependant pas d'un double événement imprévisible, ni même imprévu - sauf à la construction, à la fin des années 1960.

    Plus difficile de fermer une centrale que de s'opposer à son redémarrage

    Depuis, les connaissances scientifiques des sismologues ont progressé. La digue initiale de six mètres aurait dû être rehaussée. Mais le régulateur de la sûreté est resté muet et inactif. Il a laissé l'opérateur de la centrale, Tepco, agir, ou plutôt ne pas agir, à sa guise. Ainsi la régulation publique de la sûreté nucléaire au Japon est-elle restée absente, incohérente ou inappliquée. Le président de la Commission pour la sûreté nucléaire a reconnu que « jusqu'à aujourd'hui, les réglementations en matière de sûreté sont le fruit d'une collusion entre les électriciens et les autorités de sûreté. Les premiers proposaient les normes de sûreté les moins coûteuses, et les secondes les approuvaient. Ce qui a conduit à un système vicieux dans lequel les électriciens ne faisaient rien et justifiaient leur inaction en disant que le gouvernement avait approuvé les normes de sûreté ».Les caractéristiques de la nouvelle autorité de sûreté en gestation marquent en creux les défaillances d'hier : indépendance vis-à-vis de l'industrie et des pressions politiques, transparence des décisions, dotation en ressources humaines de qualité, efforts de collecte d'information en propre et dans le suivi des connaissances scientifiques. Mais, dix-sept mois après la catastrophe, elle n'a toujours pas vu le jour. La nomination de son président n'a pas encore été validée par les parlementaires ; les services non encore réorganisés. Et pourtant deux centrales ont déjà été redémarrées. Toute nouvelle autorisation décrédibiliserait cette autorité avant même sa naissance. Un redémarrage précoce signalerait que la nouvelle institution compte pour peu de chose, que la réforme réglementaire est en fait uniquement cosmétique. Ou, à l'inverse, que le gouvernement craignant une agence de sûreté trop peu malléable cherche à la mettre devant le fait accompli. Il est en effet plus difficile pour un nouveau régulateur d'enjoindre le gouvernement de fermer une centrale pour des raisons de sécurité que de s'opposer à son redémarrage. Dans les deux cas, la confiance des Japonais dans la sûreté nucléaire ne pourra être rétablie, et le regard des étrangers restera suspicieux.
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    François Lévêque est professeur d'économie à Mines ParisTech, membre du Club des économistes de l'énergie.


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    Le producteur du film "L'Innocence des musulmans" arrêté à Los Angeles

    le Vendredi 28 Septembre 2012 à 00:42 
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    Le producteur présumé du film anti-islam qui a suscité un vaste mouvement de protestation dans le monde musulman, a été arrêté jeudi à Los Angeles, selon le bureau du procureur de la ville.

    Nakoula Basseley Nakoula devrait comparaître devant un tribunal fédéral de Los Angeles. © Reuters Bret Hartman

    Nakoula Basseley Nakoula, 55 ans, avait déjà été brièvement entendu par la police le 15 septembre, mais se cachait depuis. Il est désormais en état d'arrestation, et devrait comparaître devant un tribunal fédéral de Los Angeles ce vendredi. 

    Le producteur a été arrêté pour avoir violé les conditions de sa liberté conditionnelle dans le cadre d'une affaire de fraude bancaire pour laquelle il avait été condamné en 2010.

    Ce chef d'accusation cependant a peut-être un lien avec la diffusion de ce film islamophobe qui a provoqué, dès sa mise en ligne, une vague de violences et la mort de plus de 30 personnes. Il avait en effet interdiction d'utiliser internet sans l'accord préalable de son officier de probation


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