PARIS (AFP) - Les militants socialistes ont voté jeudi soir sur cinq textes d'orientation politique, en prévision du congrès de Toulouse de leur parti, lors d'un scrutin qui consacrera sans surprise le texte de "rassemblement" d'Harlem Désir, ultra-favori pour diriger le parti.
Le vote, auquel étaient appelés à partir de 17H00 dans les sections quelque 173.000 adhérents (dont 72.000 environ à jour de cotisation), s'est achevé à 22H00. Les premiers résultats seront connus dans la nuit.
Choisi en septembre par Martine Aubry et par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, pour conduire la motion à vocation majoritaire (la "motion 1"), qui réunit l'ensemble des ministres du gouvernement et les ténors du PS, Harlem Désir, et donc sa motion, sont grands favoris.
L'ancienne patronne du PS Martine Aubry lui a d'ailleurs témoigné son soutien en allant voter dans sa ville de Lille, voyant en lui le "candidat" pour "porter le parti dans cette période très importante pour la France".
Le Premier ministre a lui déposé son bulletin dans l'urne de la section "Nantes Ouest" du PS de Loire-Atlantique en demandant de "dépasser les ambitions personnelles" pour "se rassembler sur l'essentiel, surtout quand le gouvernement est engagé dans une bataille pour le redressement du pays". Assurant que le PS ne serait "jamais un parti godillot", il a souligné que "les débats n'empêchent pas le rassemblement".
M. Désir a lui voté dans sa section d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
Cette consultation s'inscrit dans le processus de désignation du successeur de Martine Aubry au poste de premier secrétaire du PS, un processus taxé d'"opaque" et de "verrouillé" par de nombreuses voix au PS.
Les seuls enjeux de ce scrutin sont le taux de participation ainsi que le score obtenu par le texte de M. Désir.
Au PS, on souligne qu'aux derniers congrès où cinq motions avaient été déposés, le score de 70% n'a jamais été atteint par la motion majoritaire, résultat de la dispersion automatique des votes.
Emmanuel Maurel, vice-président de la région Ile-de-France, qui mène la motion de l'aile gauche du PS (la "motion 3") escompte un score à "deux chiffres".
Un deuxième vote des militants socialistes aura lieu le 18 octobre pour départager les deux premiers signataires des deux motions arrivées en tête ce jeudi pour diriger le parti, si tous deux se présentent.
M. Maurel et ses amis de la motion "Maintenant la gauche, le social au coeur", en pointe contre la ratification du traité budgétaire européen, entendent "peser" désormais au sein du PS pour défendre leurs vues. Pour eux, le traité, adopté ce jeudi par le Sénat après l'Assemblée mardi, doit être renégocié.
La motion d'Harlem Désir fait valoir que ce traité n'est qu'une première étape devant conduire à une Europe de la relance.
Les trois autres motions sont "Question de principes", menée par Juliette Méadel, "Oser. Plus loin, plus vite", avec Stéphane Hessel pour premier signataire, et "Toulouse, mon congrès", de Constance Blanchard.
A Paris, dans une section du XIe arrondissement, Richard Franco, 55 ans, a expliqué à l'AFP pourquoi il avait voté pour cette dernière : "Voter comme un seul homme sur la motion 1, avec tout le monde derrière, non. Et cette façon de (...) culpabiliser les autres motions, ça m'a un peu gêné", a-t-il témoigné.
David, 28 ans, a lui choisi la motion 1, et souligne "la nécessité du rassemblement, dans une période difficile pour le gouvernement avec l'éclatement de la gauche, des impatiences compréhensibles". Il a "déploré" toutefois "la façon dont cette motion s'est constituée de manière un peu maladroite" et a demandé qu'"on en finisse" avec le Congrès pour "s'atteler" à la "préparation des prochaines échéances et expliquer l'action du gouvernement".
Dernier enjeu: le score obtenu par chacune des cinq motions doit décider de la répartition des postes entre les différentes sensibilités au sein des instances dirigeantes.
Parmi les critiques émises au sein du PS, certains déplorent qu'Harlem Désir soit déjà en poste à la tête du parti, puisqu'il assure l'intérim depuis le départ précipité de la maire de la Lille.
Le congrès de Toulouse (26-28 octobre) doit définir le rôle du parti, après dix années d'opposition: soutien au gouvernement, promotion de nouvelles idées, etc.