• « QUE DIRE A UN JEUNE DE 20 ANS »

    Décembre 2004. Avec l'aimable autorisation d'Eric Soudan, photographe. Cliquez pour agrandir  « QUE DIRE A UN JEUNE DE 20 ANS »

    Quand on a connu tout et le contraire de tout,
    quand on a beaucoup vécu et qu’on est au soir de sa vie,
    on est tenté de ne rien lui dire,
    sachant qu’à chaque génération suffit sa peine,
    sachant aussi que la recherche, le doute, les remises en cause
    font partie de la noblesse de l’existence.

    Pourtant, je ne veux pas me dérober,
    et à ce jeune interlocuteur, je répondrai ceci,
    en me souvenant de ce qu’écrivait un auteur contemporain :

    «Il ne faut pas s’installer dans sa vérité
    et vouloir l’asséner comme une certitude,
    mais savoir l’offrir en tremblant comme un mystère».

    A mon jeune interlocuteur,
    je dirai donc que nous vivons une période difficile
    où les bases de ce qu’on appelait la Morale
    et qu’on appelle aujourd’hui l’Ethique,
    sont remises constamment en cause,
    en particulier dans les domaines du don de la vie,
    de la manipulation de la vie,
    de l’interruption de la vie.

    Dans ces domaines,
    de terribles questions nous attendent dans les décennies à venir.
    Oui, nous vivons une période difficile
    où l’individualisme systématique,
    le profit à n’importe quel prix,
    le matérialisme,
    l’emportent sur les forces de l’esprit.


    Oui, nous vivons une période difficile
    où il est toujours question de droit et jamais de devoir
    et où la responsabilité qui est l’once de tout destin,
    tend à être occultée.

    Mais je dirai à mon jeune interlocuteur que malgré tout cela,
    il faut croire à la grandeur de l’aventure humaine.
    Il faut savoir,
    jusqu’au dernier jour,
    jusqu’à la dernière heure,
    rouler son propre rocher.
    La vie est un combat
    le métier d’homme est un rude métier.
    Ceux qui vivent sont ceux qui se battent.


    Il faut savoir
    que rien n’est sûr,
    que rien n’est facile,
    que rien n’est donné,
    que rien n’est gratuit.


    Tout se conquiert, tout se mérite.
    Si rien n’est sacrifié, rien n’est obtenu.


    Je dirai à mon jeune interlocuteur
    que pour ma très modeste part,
    je crois que la vie est un don de Dieu
    et qu’il faut savoir découvrir au-delà de ce qui apparaît 
    comme l’absurdité du monde,
    une signification à notre existence.

    Je lui dirai
    qu’il faut savoir trouver à travers les difficultés et les épreuves,
    cette générosité,
    cette noblesse,
    cette miraculeuse et mystérieuse beauté éparse à travers le monde,
    qu’il faut savoir découvrir ces étoiles,
    qui nous guident où nous sommes plongés
    au plus profond de la nuit
    et le tremblement sacré des choses invisibles.

    Je lui dirai
    que tout homme est une exception,
    qu’il a sa propre dignité
    et qu’il faut savoir respecter cette dignité.


    Je lui dirai
    qu’envers et contre tous
    il faut croire à son pays et en son avenir.

    Enfin, je lui dirai
    que de toutes les vertus,
    la plus importante, parce qu’elle est la motrice de toutes les autres
    et qu’elle est nécessaire à l’exercice des autres,
    de toutes les vertus,
    la plus importante me paraît être le courage, les courages,
    et surtout celui dont on ne parle pas
    et qui consiste à être fidèle à ses rêves de jeunesse.

    Et pratiquer ce courage, ces courages,
    c’est peut-être cela

    «L’Honneur de Vivre» 


    Hélie de Saint Marc

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