Triste anniversaire pour Shalit
Cela fait quatre ans vendredi que le soldat israélien Gilad Shalit est retenu en captivité par le mouvement palestinien du Hamas. Si la communauté internationale fait pression pour qu'une issue heureuse soit trouvée, les négociations sont dans l'impasse.
C'était il y a quatre ans. Le soldat israélien Gilad Shalit, alors âgé de 19 ans, était capturé après l'attaque par des combattants palestiniens dans un poste armé à la frontière sud d'Israël. Depuis, le mouvement palestinien du Hamas, qui le retient, n'a donné que deux fois des nouvelles de son otage. En juin 2007, par le biais d'un enregistrement audio, puis en octobre 2009 en diffusant une vidéo. Depuis, plus rien. Le Hamas a refusé à la Croix-Rouge le droit de rendre visite au prisonnier et reste sourd aux demandes de libération. Et, alors que le blocus de Gaza -imposé par Israël en représailles de la capture du sergent-tankiste- a pourtant été allégé après l'épisode de la flottille de la paix, le pessimisme est de rigueur.
Pour ce triste anniversaire, la communauté internationale a rappelé le Hamas à ses responsabilités. De nombreuses manifestations ont eu lieu ou sont programmées pour réclamer sa libération. Le 21 juin, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Paris au Trocadéro. Un événement identique est prévu à Rome vendredi avec la participation du père de l'otage, Noam Shalit. Ce dernier organise aussi une marche vers Jérusalem dimanche et les Israéliens sont appelés à porter un ruban jaune pour afficher leur solidarité.
Les négociations dans l'impasse
Et les dirigeants ont également profité de l'occasion pour faire pression sur la mouvance islamiste. "Comme tous les Français, je suis indigné qu'un homme puisse être ainsi privé de liberté mais aussi (...) de tout contact avec sa famille et ses amis", s'est indigné Nicolas Sarkozy dans une lettre adressé aux parents du soldat, qui possède aussi la nationalité française. "Nous ne baisserons jamais les bras. Nous ne ménagerons aucun effort pour obtenir la mise en oeuvre de la solution qui a été élaborée", promet aussi le chef de l'Etat. Bernard Kouchner a aussi assuré à Aviva et Noam Shalit que "la France restait pleinement mobilisée" et il a"formé le vœu que ce triste anniversaire soit le dernier que nous ayons à connaître avant sa libération". Le Conseil de l'Europe a demandé pour sa part au Hamas de laisser la Croix Rouge rendre visite au prisonnier, comme le stipule le droit international.
Mais, malgré ces pressions, Israël et le Hamas se rejettent la faute dans l'échec des négociations. Les dernières discussions, menées sous l'égide de l'Egypte et avec un médiateur allemand, portaient sur l'échange du détenu contre un millier de prisonniers palestiniens. Une contrepartie inacceptable pour Benjamin Netanyahou qui laisse les négociations dans l'impasse. Si les exigences du mouvement islamiste sont élevées, certains n'hésitent pas à rappeler que l'attitude d'Israël vis-à-vis des palestiniens. "On ne peut miser sur les privations endurées par une population pour obtenir une libération qui, en tout état de cause, aurait dû avoir eu lieu depuis longtemps", a ainsi rappelé Nicolas Sarkozy aux parents de Gilad Shalit.
Shalit: Barghouti cœur d'échange
Les tractations pour obtenir la libération du soldat franco-israélien s'accélèrent mais semblent achopper sur les modalités de l'échange de prisonniers. Après avoir prôné la prudence mardi, le Premier ministre israélien aurait refusé mercredi de libérer deux anciens responsables de la branche militaire du Hamas.
Israël refuse d'inclure deux anciens responsables de la branche militaire du Hamas parmi les centaines de prisonniers palestiniens qu'il est prêt à élargir en échange de la libération du soldat Gilad Shalit, selon des sources proches des tractations.
Mais le mouvement islamiste "insiste toujours sur ses exigences", dit-on de même source, confirmant ainsi un blocage dans les longues et complexes négociations menées via l'Egypte et l'Allemagne pour faire libérer le soldat enlevé en juin 2006 en territoire israélien par des activistes de Gaza.
L'échange entre Shalit et des centaines de Palestiniens détenus en Israël avait été présenté ces derniers jours par des médias régionaux comme imminent, mais le Premier ministre Benjamin Netanyahou a déclaré mardi qu'il n'était ni bouclé ni même certain. Un responsable israélien s'est refusé mercredi à "évoquer publiquement à ce stade les noms des gens qui seront ou ne seront pas inclus dans un échange". Mais un responsable proche des tractations et souhaitant conserver l'anonymat a déclaré à Reuters que les deux chefs activistes qu'Israël refuse de libérer sont Ibrahim Hamed et Abdallah Barghouti (sans lien de parenté avec Marouane Barghouti, ndlr).
"Nous sommes persuadés que Marouane fera partie de l'échange"
Abdallah Barghouti purge une peine de détention à perpétuité en Israël pour des attentats et Ibrahim Hamed était le chef de la branche armée du Hamas avant sa capture par l'Etat hébreu. Celui-ci répugne de longue date à libérer des prisonniers qui ont "du sang de civils israéliens sur les mains" et l'actuel gouvernement craint que l'opinion ne s'insurge contre un prix excessif payé pour la libération du soldat Shalit.
Un responsable du Hamas, Khalil al-Hayya, a tenu Israël pour responsable du blocage du projet d'échange. Les négociateurs du mouvement islamiste au Caire se sont rendus ces dernières heures à Damas pour consulter leur direction en exil. Parmi les personnalités dont le Hamas réclame la libération figure Marouane Barghouti, ancien chef du Fatah en Cisjordanie, condamné en 2004 à la prison à vie en Israël en tant que cerveau présumé d'attentats meurtriers revendiqués par les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa durant la seconde intifada.
Le vice-Premier ministre israélien, Silvan Shalom, a affirmé lundi que Marouane Barghouti, considéré comme le successeur potentiel du président palestinien Mahmoud Abbas, ne serait pas inclus dans l'échange de prisonniers envisagé, bien que d'autres ministres y soient ouvertement favorables. Mais Me Khader Chkirat, un des avocats de Barghouti qui lui a rendu visite mercredi dans sa prison, a déclaré: "Nous sommes persuadés que Marouane fera partie de l'échange." Le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, a dit pour sa part "espérer et s'attendre qu'il sera sur la liste".