L'Afrique du Sud a enterré une France rapidement réduite à 10, mardi au Free State Stadium de Mangaung/Bloemfontein (1:2). Un succès pour l'honneur pour le pays hôte, éliminé malgré tout.

Si comme le pense Marcel Pagnol, la première qualité d’un héros est d’être mort et enterré, ces Bleuslà sont des braves, la paix signée aux forceps. Et d’abord avec eux-mêmes. Le temps dira quand viendra le repos de l’âme pour une équipe enterrée sans chrysanthèmes sur la pelouse de la "Fontaine aux Fleurs", appellation afrikaans de Bloemfontein. Leur épitaphe, les vice-champions du monde en titre l’ont gravé sur le marbre de leur tombe sud-africaine : la fin d’un chemin de croix.

Le calice, les Bafana Bafana l'ont fait boire jusqu’à la lie à ces Bleus pourtant assez remuants dans le premier quart d’heure. Pierre-André Gignac, sur un service en or de Yoann Gourcuff, gâchait même une prompte occasion de "répondre de leurs actes sur le vrai terrain", comme le sommait la veille Raymond Domenech en référence au cumul des polémiques entourant le groupe depuis la défaite face au Mexique. Une tête de Djibril Cissé plus tard et les Vuvuzelas du Free State Stadium entonnaient la marche funèbre de coqs à la crète basse.

Deux minutes après la première alerte sud-africaine, Bongani Khumalo profitait de la sortie manquée d’Hugo Lloris sur corner, pour prendre le meilleur sur Abou Diaby dans les airs (20’, 0:1). Dans la foulée, Katlego Mphela allait enfoncer le clou d’un cerceuil que Yoann Gourcuff venait déjà de rabaisser. Coupable d’un coup de coude dans un duel aérien avec MacBeth Sibaya, le Bordelais voyait rouge (25’).

Malouda sauve l'honneur
Sous les yeux du président Jacob Zuma, les Bafana Bafana ne trainaient pas pour profiter de la supériorité numérique. Sur un centre fuyant de Tsepo Masilela à ras de terre, l’attaquant des Mamelodi Sundowns prenait le meilleur sur Gaël Clichy (37’, 0:2). Puis il obligeait Lloris à la parade (43’) juste avant la pause. Entre les deux, c’était une histoire de duels. Le portier lyonnais allait tous les remporter en seconde période, laissant les Bleus à portée d’un retour possible.

Car entre les entrées de Florent Malouda (46’) et Thierry Henry (55’), judicieuses pour l’animation offensive, et l’opération "tous à l’abordage pour le goal-average" décidée par Carlos Alberto Parreira, les Bleus sortaient une main du caveau tel des morts encore un peu vivants. Malouda seul devant le but vide, sur un caviar de Franck Ribery (70’, 1:2), calmait les ardeurs des quelque 39 000 supporteurs. Tous enflammés par les trois grosses occasions précédentes de Mphela, deux fois perdant devant Lloris, une fois malchanceux sur un poteau (51’).

Siphiwe Tshabalala n'était pas plus en réussite devant Lloris, impérial (90'+3) avant un coup de sifflet final synonyme de sortie de route pour les Bafana Bafana. Pour la première fois dans l'histoire de la Coupe du Monde de la FIFA, le pays d'accueil reste à quai avant les huitièmes de finale. Pour les Bleus, il va falloir maintenant tirer les bilans nécessaires. Pour ressusciter.