• Paul Goze / Président de l’USAP

    «Le drapeau catalan, c’est comme la burqa»

    Vendredi 30.4.2010. 21:00h


    Le tryptique sport-identité-business réussit à l’USAP, qui figure parmi les plus grands clubs européens malgré un budget d’à peine 16 millions d’euros. Son président, Paul Goze, vise 20 millions à moyen terme mais reste discret sur les salaires des joueurs, « ça ne se dit pas ». Comme le Barça pour le football, il souhaite créer, avec l'USAP, un phare du rugby pour l’ensemble de la Catalogne. Paul Goze, président de l'USAP, dans son bureau du stade Aimé Giral de Perpignan, 28 avril 2010 / "La Clau"


    L’USAP est leader du Top 14, avec un budget moyen. Quel est le secret ? 

    En budget consolidé, c'est-à-dire en comprenant les boutiques, et, bientôt, notre brasserie ouverte Quai Vauban, à Perpignan, nous sommes le 6ème budget du championnat. A l’arrêté du 30 juin nous serons autour de 16 millions d’euros pour la saison 2009-2010. Mais il n’y a pas de secret. Chaque joueur est payé en fonction de sa valeur et aucun n’est payé à des sommes trop importantes par rapport à ce qu’il vaut. Nombre d’entre eux, de très bon niveau, sortent de notre centre de formation et coûtent donc moins cher pendant les premières saisons. 


    L’USAP est un exemple du rugby français pour la qualité de ses infrastructures, c’est un peu l’anti-Toulon, qui ne dispose que d’un seul mécène. Pour son développement, où en est l’idée d’un nouveau stade ? 

    Nos projets sont complémentaires, à moyen terme et long terme. Pour un nouveau stade, entre le moment où une décision sera prise, et sa réalisation, il se passera 10 ans. Nous regardons plutôt dans les 2 ou 3 ans qui viennent, avec le développement du Stade Aimé Giral, pour accueillir le nombre de spectateurs et les partenaires que nous souhaitons avec les espaces réceptifs adéquats, et enfin recevoir les bénéfices de ces transformations, donc faire progresser le club. Mais l’idée d’un grand stade peut toujours être discutée. J’y pense, mais c’est du très long terme. La jauge d’un stade à Perpignan, pour nous, à l’heure actuelle et dans un avenir proche, serait de 18.000 à 20.000 places, ce qui conditionnerait une politique commerciale différente. Pour l’instant, nous sommes coincés .

    Le seuil de 20 millions de budget est décisif au sein du Top 14. Quelles sont vos stratégies pour l’atteindre ? Droits télé ? Investisseurs français, sud-catalans ? 

    La Ligue Nationale de Rugby (LNR) négocie les droits télé, donc je n’y suis pour rien, mais nous partageons les droits à part égale. En tant que membre du Comité Directeur de la ligue, je vais participer à une réflexion. En termes de partenaires, nous travaillons d‘abord le local, avec un gros travail déjà effectué, et une marge de progression. Nous travaillons aussi le sud de la Catalogne, et nous travaillons à Paris, à travers une agence, pour ramener chez nous des partenaires nationaux et
    internationaux, comme nous en avons déjà. Dans les cinq prochaines années, en imaginons d’obtenir une augmentation équivalente à celle des cinq dernières, nous devrions être à 25 millions en 2015. Mais c’est une hypothèse que je ne retiens pas, car elle exige une augmentation de 5% par an, qui sera difficile à réaliser. Raisonnablement, je vise 19,5 millions ou 20 millions dans cinq ans. Il faut donc jouer sur tous les leviers : le prix des places, les abonnements, les partenariats, la télévision et les collectivités locales. 

    Quels sont vos nouveaux partenaires ? 

    Nous avons signé pour la première fois le partenaire « Catalunya », c'est-à-dire le label touristique du Gouvernement catalan, et nous venons de signer avec Collverd (géant du foie gras installé à Vilamalla, près de Figueres - ndlr). 

    La presse parisienne prétend que l’USAP est l’équipe de toute la Catalogne, nord et sud… 

    C’est un peu vrai et c’est ce que nous tentons de faire, au-delà des partenaires. Nous travaillons au développement du rugby en Catalogne sud, avec notre centre de formation. Nous avons signé une charte en ce sens, avec une vingtaine de clubs, nous invitons des jeunes joueurs du sud à tous les matchs, nous avons un entraîneur, que nous finançons, détaché auprès de la Fédération Catalane de Rugby, à Barcelone. Et puis un jeune de Sant Boi, au Sud (Hèctor Garcia - ndlr) fera son entrée au centre de formation à la rentrée prochaine. Tout cela favorise le développement et l’image de l’USAP au sud, pour que l’USAP soit le club de rugby de toute la Catalogne, comme le Barça en matière de foot. Tout cela, visible depuis en 2007, sert l’implantation véritable du rugby en Catalogne, et c’est parfaitement assumé. Notre titre obtenu en 2009 a beaucoup joué, car le public du Sud, qui a vu le match, a été sensibilisé par la catalanité que nous dégageons. Il y a des choses significatives : des dizaines de Catalans du sud assistent d’ailleurs à tous nos matchs, et, en mars 2008, lors de l’ouverture de notre billetterie sur Internet, le tout premier ticket a été vendu à un gars d’Olot (province de Girona, ndlr). La culture rugby s’installe au sud. 

    L’identité catalane est ostentatoire à l’USAP… Identité réelle ou identité marketing ?

    C’est une identité réelle, même si je parle très mal le catalan. Le côté marketing est obligatoire, mais c’est une conséquence, et non pas un but. 

    Le phénomène identitaire n'était pas commenté lors de la finale de 1955 : tous les joueurs parlaient catalan, mais point de drapeaux. En 2010, aucun ne parle catalan, mais les drapeaux sont par milliers…

    Je ne peux pas vous l’expliquer. Aujourd’hui, il y a une véritable marée de drapeaux sang et or. Mais si un jour nous sommes plus ouverts, puisque mon but est d’accueillir d’autres joueurs catalans du sud au centre de formation, et que l’un d’eux devienne équipier premier, j’aimerais que les drapeaux restent. Après les années 1960, mauvaises pour nous, nous sommes partis plusieurs fois en phase finale. Lorsque j’ai effectué ma première phase finale à l’USAP, en 1971, il y avait quelques drapeaux, puis ce phénomène s’est développé, puis est passé à de fortes doses, avec la grillade et le drapeau catalan, pour suivre l’équipe. La modernité a commencé après les années 1970, alors que les gens parlaient déjà beaucoup moins catalans. 

    Pourquoi ont-ils alors brandi le drapeau ? Cela vient d’une certaine vision des gens qui jugeaient que nous étions considérés comme des parents pauvres par le reste de la France. On a voulu montrer notre identité par compensation, comme pour dire « Nous savons que nous sommes traités comme des gens lointains, comme le trou du cul de la France, en bas, comme une zone délaissée par la France, comme les derniers arpents de terre avant l’Espagne ». Je pense que le message de cette époque, dans l’imaginaire populaire, était « Vous ne vous occupez pas de nous, on s’en fout, puisqu’on est catalans, c’est normal, on n’est pas de chez vous ». Cette revendication de l’identité est semblable à la présence musulmane : si les filles mettent la burqa et les mecs parlent comme ils parlent, c’est parce qu’ils ne se sentent pas intégrés, et donc mettent en exergue leurs différences. A petite échelle, les drapeaux catalans, c’est la même chose, parce qu’on se sent mal-aimés, maltraités, ou traités par-dessus la jambe. Mais en comparaison, lors du dernier match du Barça que j’ai vu à Barcelone, il y avait deux drapeaux !

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    Une rétrospective de Balbino Giner Garcia est visible à « A Cent mètres du centre du monde ». Une occasion de faire le tour de cette galerie importante, ouverte à Perpignan en 2004.

    Balbino Giner, A Cent Mètres du Centre du Monde, à Perpignan

    Vendredi 30.4.2010. 21:00h


    Le centre d’art "A cent mètres du centre du monde" a ouvert en 2004 sur une initiative de Vincent Madramany, son fondateur et directeur. Il s’agit d’une initiative qui lui revient entièrement. Vincent Madramany a été un important chef d’entreprise implanté au marché international Saint-Charles de Perpignan. En parallèle, il a réuni une collection d’artistes vivants. Son arrière cour abritant un immense ancien magasin, il a fait le rêve d’y créer un grand centre d’art contemporain. C’est avec quatre ans de retard sur ses prévisions, en 2004, que Madramany ouvre ce lieu, exploité par une association regroupant de nombreux mécènes. 

    Une ligne d’expositions 

    Dès le départ, les choix de Vincent Madramany en matière d’art sont clairs : sa collection reflète ses goûts. Et c’est sans doute là sa force : là où les instances publiques sont contraintes à des commissions et des compromis inévitables, les collectionneurs privés sont souvent monomaniaques. Vincent Madramany est né à València, dont il connaît bien la scène, et possède des œuvres de plusieurs artistes : Armengol, Barberà, Heras. Chacun d’eux se voit d’emblée consacrer une exposition monographique avec catalogue. Des coproductions se mettent en place avec l’Institut Valencien d’Art Moderne (IVAM). Les choix sont précis et reflètent, à la manière d’une fondation naissante, les goûts et l’histoire du fondateur. 

    La peinture française 

    Puis une série d’expositions explore l’œuvre d’artistes français : Viallat, Ben tout d’abord. Difficile de faire du nouveau avec ces vieux loups, d’autant qu’ils ont beaucoup été montrés dans la région. Les expositions ont au moins l’avantage de montrer la fidélité de Madramany à ces artistes des années 1970. Mais la véritable passion du collectionneur valencien est dédiée à l’œuvre de Jean le Gac. Celui-ci se voit consacrée une exposition en 2006 qui fait date dans la biographie du peintre de la galerie parisienne Templon. Madramany continue d’ailleurs de prêter de nombreuses œuvres du peintre pour des expositions, à Paris ou ailleurs. 

    Balbino Giner Garcia 

    L’exposition en cours, celle de Balbino Giner, coproduite avec le consortium des musées de València, retrace le parcours du peintre né à València et mort à Perpignan. Plus d’une centaine d’œuvres sont accrochées, pour reprendre les traces singulières laissées par l'artiste. Une peinture aux styles éclatés, de l’académisme tardif des années trente à un expressionisme à la Kirchner. Le grand nombre d’œuvres et l’accrochage thématique rendent difficile la compréhension globale. L’exposition peine à nous faire saisir l’intérêt réel de l’œuvre de Balbino, les superlatifs ne faisant pas un commissariat. Mais l’œuvre elle même est tellement inégale que l’exercice est périlleux. Au moins, hommage est rendu à ce prophète en son pays. 

    Entre deux eaux 

    Le centre, après six ans d’existence, joue un rôle phare dans le paysage perpignanais, où l’art contemporain n’est souvent qu’une ballade entre gens qui sont nés quelque part. On aime vraiment lorsque Madramany est plus indépendant, et découvre de jeunes artistes allemands tels que Eichhorn (2006), ou français (Corpet 2007, ou Penchréac’h, à venir). Mais sans doute, pour rencontrer le succès public et médiatique, faudrait-il programmer, à la manière des fondations, d’importantes et historiques expositions estivales, n’ayant pas forcément de lien de territoire avec la Catalogne. Quitte à élargir à l’histoire de l’art moderne, autant présenter des artistes majeurs qui, attirant des publics plus nombreux, feront bénéficier de leur aura les autres expositions du centre. Une telle démarche impliquerait de passer un cap structurel bien sûr, mais également culturel dans une région où l’histoire de l’art ressemble parfois à une condamnation. C’est l’espoir que porte aujourd’hui le centre d’art de Vincent Madramany. 

    « Balbino Giner Garcia », A cent mètres du centre du monde (A.C.M.C.M), 3, avenue de Grande Bretagne 66000 Perpignan.www.acentmetresducentredumonde.com. Jusqu’au 13 juin 2010.


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    Dernier de la Super League, le club accumule 10 blessés

    Les Dragons Catalans avouent traverser une "année noire"

    Mardi 18.5.2010. 17:45h

    La Super Leagueanglaise ne réussit pas aux Dragons Catalans, battus sur leur terrain par Hull FC, samedi, sur le score de 28-14. Cette semaine, le staff du club avoue avoir à gérer une « infirmerie au complet » suite à cette rencontre, qui provoque la « plus grande crise de blessures » de l’histoire des Dracs, débutée en 2006. Déjà amputés de Clint Greenshields, Chris Walker, Sébastien Martins, Cyrille Gossard, Casey McGuire et Adam Mogg, le plus grand club de rugby à XIII du Pays Catalan a pour nouveaux blessés Dimitri Pelo, Tony Gigot, Dane Carlaw et Dallas Johnson, tous atteints d’une fracture au nez. Dans cette pénible des séries, Gregory Mounis, KO samedi suite à une fracture à l’avant-bras, s’apprête à être hospitalisé. Après le match brutal de ce week-end, les Dragons Catalans affronteront, encore à domicile, les Salford Reds, ce samedi, mais l’hécatombe finit par réduire la place du sport pour une simple occupation du terrain, car il est désormais "difficile" de "trouver 17 joueurs disponibles" , selon l’aveu de l’entraîneur, Kevin Welter. Ce dernier, qui déplore 10 joueurs à l’infirmerie, lance « C’est vraiment une année noire », mais cette situation « n’excuse pas » la dernière place des Catalans au classement.

    Hull FC / Dragons Catalans, 15 mai 2010 © RMD Agency.


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  • CHIANG MAI, Thaïlande (Reuters) - La présence de centaines de manifestants enthousiastes vendredi à la gare de Chiang Mai où arrivaient des "chemises rouges" expulsés de Bangkok ne laisse guère de place au doute: la contestation est loin d'être terminée en Thaïlande.

    Cette grande ville rurale du Nord, à 14 heures de train de la capitale, est un bastion du mouvement qui s'est achevé - provisoirement ? - dans le sang et les flammes à Bangkok.

    C'est là qu'est né voilà 60 ans l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, dont se réclament les "chemises rouges" et que ses adversaires accusent d'avoir financé la lutte et bloqué les tentatives de règlement négocié.

    Le gouvernement affirme que l'ex-Premier ministre, déposé par un coup d'Etat en septembre 2006, a tiré les ficelles de la contestation et le soupçonne d'avoir fait passer en contrebande armes et combattants à partir du Cambodge voisin.

    Dans la capitale, le calme a été rétabli mais au prix d'une cinquantaine de morts et de plus de 400 blessés en six jours d'affrontements, de vendredi à mercredi. Depuis le début de la crise politique, en avril, le bilan humain est d'au moins 82 morts et 1.800 blessés.

    Jamais dans son histoire récente la Thaïlande n'avait été confrontée à une telle explosion de violences.

    Aujourd'hui, les "chemises rouges", qui réclament la démission du Premier ministre, Abhisit Vejjajiva, et la tenue d'élections anticipées, semblent ramenés au pas, leurs dirigeants matés et leur réputation en lambeaux.

    Mais le déploiement militaire qui a fini par les déloger de Bangkok donne au mouvement, qui tire essentiellement sa légitimité des zones rurales et des classes pauvres du pays, de solides raisons de reprendre la lutte.

    "NOUS N'ABANDONNERONS JAMAIS"

    "Beaucoup d'entre nous ont été tués, mais nous ne sommes pas battus", hurle un manifestant dans un mégaphone à la gare de Chiang Mai, s'attirant aussitôt l'approbation sonore de la foule. "Nous n'avons pas perdu, nous engagerons un nouveau combat", reprend-il de plus belle tandis que les partisans scandent le mot "combat".

    Dans la gare, des familles réunies s'embrassent. La musique coule à flots, des bannières s'agitent. Des affiches brandies dénoncent Abhisit "l'assassin !".

    Plus loin, des manifestants affirment qu'Abhisit et l'armée ont remporté une bataille, mais pas la guerre. "Nous n'abandonnerons jamais, jamais, jamais", insiste Dow, 36 ans, qui ne donne que son surnom par crainte de représailles.

    "Quelqu'un va devoir payer pour ce qui s'est passé. De nouveaux dirigeants émergeront bientôt et nous recommencerons", ajoute-t-elle.

    La crise thaïlandaise a révélé au grand jour les divisions de la société, ses inégalités entre la scintillante Bangkok et le monde rural.

    D'après les données de la Banque mondiale, sur 67 millions de Thaïlandais, les 20% les plus riches détiennent 55% de la richesse nationale, les 20% les plus pauvres n'en ont que 4%.

    Pour Abhisit, qui s'est engagé vendredi à mettre en oeuvre un plan de réconciliation, la marge de manoeuvre est étroite: ses partisans toléreront mal toute concession aux "chemises rouges" qu'ils assimilent à des émeutiers.

    Sources : par Martin Petty   et Henri-Pierre André pour le service français


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  •  BANGKOK (AP) — Le centre de Bangkok s'est embrasé mercredi après la chute du camp retranché des "Chemises rouges" sous l'assaut de l'armée. Alors que plusieurs chefs du mouvement antigouvernemental s'étaient rendus pour éviter une explosion de violence, des manifestants ont incendié la bourse, des banques et d'autres bâtiments. Toute la capitale est soumise à un couvre-feu de 20h à 6h.

    Au moins cinq personnes -quatre militants et un journaliste photographe italien.

    Au moins cinq personnes -quatre militants et un journaliste photographe italien- ont été tuées, et une soixantaine d'autres ont été blessées. On dénombre au moins 44 morts, des civils pour la plupart, depuis le début des affrontements entre soldats et militants jeudi dernier.

    Les Chemises rouges étaient retranchés depuis six semaines dans une zone d'environ 3 kilomètres carrés protégée par des barricades de pneus et de bâtons de bambou, dans le quartier commercial huppé de Rajprasong où hôtels et centres commerciaux chics sont fermés. Les autorités estimaient le nombre des manifestants à 10.000 au début et environ 3.000 ces derniers jours, dont des femmes et des enfants.

    La tentative de l'armée de les assiéger a enflammé d'autres quartiers proches. Les soldats ont tiré à balles réelles sans réussir à faire cesser les affrontements. L'armée a finalement pris le camp d'assaut mercredi à l'aube.

    Des véhicules blindés ont écrasé les barricades tandis que des centaines de soldats armés de fusils d'assaut convergeaient vers la zone occupée, déclenchant des fusillades avec les manifestants, qui ont lancé des grenades et incendié des pneus. Plusieurs journalistes étrangers ont été blessés.

    Sept des chefs des Chemises rouges ont préféré se rendre pour éviter un bain de sang. "Mes frères et mes soeurs (...) rentrez chez vous s'il vous plaît", a lancé l'un d'eux, Nattawut Saikua, au moment de son arrestation.

    En milieu d'après-midi, l'armée a annoncé qu'elle avait repris le contrôle de la zone occupée et que les opérations lancées neuf heures plus tôt étaient terminées.

    Mais la violence s'est propagée dans tout le centre de la ville. Des émeutiers ont incendié la bourse et plusieurs banques ainsi que le siège de la compagnie d'électricité régionale et un complexe de cinémas qui s'est effondré. Ils ont aussi mis le feu à l'un des plus grands centres commerciaux de Thaïlande, le Central World, tout proche du camp, qui a été pillé. Le gouverneur de la capitale, cité par les médias locaux, a déclaré qu'il ne pouvait pas déployer les pompiers tant qu'ils risquaient d'être attaqués.

    Les opposants s'en également pris à la chaîne de télévision locale qu'ils accusent d'avoir dénigré leur action. Des groupes ont attaqué les bureaux de Channel 3 TV, incendiant des voitures sur le parking et crevant des conduites d'eau avant de forcer l'entrée. La chaîne a cessé d'émettre. Des hélicoptères ont évacué les responsables de la chaîne de l'immeuble en feu tandis que le petit personnel s'enfuyait à pied.

    Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva a décrété un couvre-feu total dans toute la capitale de 20h à 6h (15h à 1h à Paris; 13H à 21H GMT). Le gouvernement a déclaré que les opérations militaires continueraient toute la nuit de mercredi à jeudi.

    Des violences ont également éclaté dans le nord-est rural de la Thaïlande. Beaucoup des Chemises rouges viennent des campagnes pauvres et se sentent négligés par Bangkok. Ils accusent le gouvernement d'être arrivé au pouvoir en manipulant les tribunaux, avec le soutien de la puissante armée, celle-là même qui a renversé leur champion, le Premier ministre Thaksin Shinawatra, en 2006. Ils exigent des élections législatives anticipées.

    Les médias locaux ont fait état de l'incendie de bureaux officiels dans la ville d'Udon Thani, où le gouverneur a demandé l'intervention de l'armée, et de la mise à sac de l'hôtel de ville de Khon Kaen. La télévision a diffusé des images de soldats attaqués par la foule et forcés de reculer à Ubon Ratchathani.

    Les manifestations qui paralysent largement Bangkok depuis le début du mouvement le 12 mars ont porté un coup sévère à l'économie et au tourisme en Thaïlande, longtemps considérée comme l'un des pays les plus stables de l'Asie du Sud-Est. AP


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