• Réserve africaine de Sigean : "On a perdu des animaux et tout le monde s?en fout"

     

    Réserve africaine de Sigean

    "On a perdu des animaux et tout le monde s’en fout"

    lien

     

     

    <figure class="image">

    <figcaption>
    Deux crocodiles femelles naines victimes des inondations. © Réserve africaine de Sigean
    Le 02 décembre 2014 | Mise à jour le 02 décembre 2014
    </figcaption></figure>

     

     

     

    La crue qui a ravagé l’Aude le week-end dernier a également fait des victimes parmi les animaux de la Réserve africaine de Sigean. Sur place, l’équipe du parc est en colère face à l’inertie des autorités. 

     

    Un sentiment d’impuissance et de frustration face au désastre. Dans la nuit de samedi à dimanche, les inondations qui ont touché l’Aude et les Pyrénées-Orientales ont provoqué un véritable drame à la Réserve africaine de Sigean où quelques 3 800 animaux vivent toute l'année en semi-liberté. «La rivière a débordé vers 7 heures, il y a eu plus de deux mètres d’eau au niveau de la plaine africaine et des torrents de boue. Le vivarium aussi a été inondé», explique à Paris Match, Gabriel de Jésus, responsable de la communication, qui vit sur le site. «J’ai dû évacuer mon épouse et mes 3 filles, qui ont passé la nuit dans la voiture, sur un parking», se souvient-il.

    <figure><figcaption>
    L'impala décédé. Réserve africaine de Sigean
    </figcaption></figure>

    Au petit matin, beaucoup de sites étaient inaccessibles. Seuls quelques soigneurs, en 4x4, ont pu se rendre sur les lieux pour redresser les premières barrières et éviter que les animaux ne s’échappent. Malheureusement ces derniers se sont rapidement rendus compte de l’étendue des dégâts. «Les pompiers nous ont aidés, et là, dans leur bassin, on a découvert deux crocodiles femelles naines, mortes. Elles étaient parmi nos animaux les plus précieux», explique Gabriel de Jésus, qui ajoute: «à présent, cette espèce est éteinte en Europe, il n’y en n’a plus». «C’est le stress thermique qui les a tué», ajoute-t-il.

    Les secours ont également découvert les cadavres d'un impala, d'un gnou, d'une grue et d'un flamant rose. Mais les pertes pourraient encore être pire. Certains des animaux ont passé plusieurs heures dans cette eau froide et pourraient bien tomber malade. Les membres du parc ont notamment peur pour la santé des deux petites lionnes nées en février dernier à la réserve. «Il y a la peur d’une pneumonie», indique Gabriel de Jésus. «C’est un désastre», glisse-t-il.

    La réserve songe à s'installer en Espagne

    La colère est d’autant plus forte qu’il règne à la réserve un sentiment d’abandon de la part des autorités. C’est en effet la septième fois, depuis 1999 et sa crue centennale, que le parc est inondé. A l’époque, la crue avait détruit une partie de la digue située à l'extérieur du parc et canalisant la Berre. Elle avait été reconstruite par les autorités, mais trop basse. «Depuis qu’elle a été refaite, c’est un déversoir», déplore l'employé du parc. La réserve réclame pourtant depuis des années que la digue de rochers soit enfin rehaussée, mais en vain. Pour Gabriel de Jésus, «les autorités ont abandonné la réserve». «On a l’impression que tout le monde s’en fout, mais en plus de notre devoir de conservation, on procure également du travail. On fait vivre 200 familles». «On a rendu la réserve inondable», poursuit-il. Pourquoi? «Sans jeu de mots, on veut peut-être nous faire couler. Est-ce qu’ils veulent qu’on mette la clé sous la porte?»

    <figure class="image_chronique"><figcaption class="flottant">
    Le vivarium. © Réserve africaine de Sigean
    </figcaption></figure>

    Pour lui, le parc, qui vit sans subventions et ne touchera d’argent de la part des assurances que si la crue est classée catastrophe naturelle, n’a désormais plus que deux solutions: «Soit, la digue n’est pas réparée, et on a plus qu’à fermer la réserve, soit on délocalise en Espagne, où l’on n’a aucun soucis à trouver un terrain à louer».

    Mais le but n’est évidemment pas là. La Réserve africaine de Sigean fait près de 330 000 entrées par an, «pour la région, ce n’est pas rien». «Il suffirait juste de réparer cette digue, c’est tout ce que l’on demande». Si l’équipe se sent impuissante face à l’inertie des autorités, elle peut cependant compter sur les soutiens de nombreux anonymes. «On reçoit des appels de gens qui veulent nous aider, des gens inquiets aussi, qui pensent que tous les animaux sont morts». Pour les rassurer, mais aussi pour éviter de trop grandes pertes financières, la réserve compte bien rouvrir ses portes dès mercredi.  

    L’été dernier, Paris Match était allé à la rencontre de l’équipe de la Réserve africaine de Sigean


    Tags Tags :
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :