• Rome tend de nouveau la main aux lefebvristes

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    Rome tend de nouveau la main aux lefebvristes

    Par Jean-Marie Guénois Mis à jour <time class="updated" datetime="18-01-2013T22:37:00+02:00;">le 18/01/2013 à 22:37</time> | publié <time datetime="18-01-2013T19:52:00+02:00;" pubdate="">le 18/01/2013 à 19:52</time>

    Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité Saint Pie X, en décembre 2011, à Écone en Suisse.
    Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité Saint Pie X, en décembre 2011, à Écone en Suisse. Crédits photo : HUMBERTO DE OLIVEIRA/PHOTOPQR/LE PARISIEN
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    Une lettre propose aux prêtres de la Fraternité Saint Pie X une méthode pour reprendre le dialogue.

    C'est un peu la lettre de la dernière chance. Celle que l'on écrit avec son intelligence mais aussi avec tout son cœur pour sauver une situation en apparence perdue. Cette lettre n'a pas été rendue publique et n'a pas vocation à l'être mais elle circule depuis peu dans les milieux de la Fraternité Saint Pie X. Elle a été rédigée par Mgr J. Augustine Di Noia, un ami personnel de Benoît XVI, en novembre dernier. Elle a été adressée avant Noël à Mgr Bernard Fellay, supérieur général de cette Fraternité sacerdotale en rupture avec Rome et héritier direct de Mgr Marcel Lefebvre, son fondateur.

    Une lettre très importante car son signataire, Mgr Di Noia, un Américain, a été spécialement appelé des États-Unis à Rome en juin dernier par le Pape pour lui confier la responsabilité de la vice-présidence de la commission Ecclesia Dei, chargée, dans le cadre de la congrégation pour la Doctrine de la foi, de gérer les relations avec les lefebvristes. Il n'y a donc pas plus autorisé sur le sujet. Et il est évident, compte tenu de l'importance du sujet aux yeux du Pape et du silence très actif de ces derniers mois sur ce dossier que Benoît XVI en est l'inspirateur et qu'il a dû en viser le contenu. La lettre le dit toujours «extrêmement désireux de surmonter les tensions».

    À Menzingen, siège suisse de la Fraternité Saint Pie X, on reconnaît l'existence de ce document et le fait que Mgr Fellay l'ait fait diffuser à ses prêtres, puisque, à travers lui, cette missive leur est directement destinée. On n'en fait pour le moment aucun commentaire sinon que l'on reconnaît qu'elle est étudiée avec soin.

    Que dit ce document de huit pages traduit de l'anglais en français? Trois éléments essentiels: l'état actuel des relations, l'esprit de ces relations, la méthode pour reprendre le dialogue.

    La question du Concile

    L'état actuel des relations entre Rome et Ecône est décrit sans fard par Mgr Di Noia. Ces relations restent «ouvertes» et «pleines d'espérance» même si des récentes déclarations à différents niveaux de la Fraternité ces derniers mois pourraient en faire douter. Quant aux efforts faits depuis le début du pontificat de Benoît XVI pour un rapprochement, ils n'ont rien changé, estime Mgr Di Noïa en raison du désaccord fondamental qui subsiste sur la question du Concile. Cet Américain, fin diplomate mais réaliste, établit pour la première fois à ce niveau le constat d'une «impasse» dans le sens où le désaccord sur le fond n'a pas évolué d'un pouce.

    Deuxième partie du document, l'esprit des relations. Il importe pour l'auteur de la lettre de le transformer, sans quoi l'échange «courtois» entre les deux entités pourrait être «sans issue». Comment? En s'inspirant des sages conseils de saint Thomas d'Aquin quand il s'agit de préserver l'unité de l'Église. En évitant «l'orgueil, la colère, l'impatience». Le «désaccord sur des points fondamentaux» ne doit pas exclure de parler des questions disputées avec, donc, un «esprit d'ouverture».

    La dernière partie de la lettre propose deux axes pour sortir du blocage actuel car la Fraternité Saint Pie X n'a pas d'avenir dans «l'autonomie». Reconnaître tout d'abord - et Rome le fait là comme jamais encore - le «charisme» propre de Mgr Lefebvre et de l'œuvre qu'il a fondée qui est celui de la «formation des prêtres» et non celui de la «rhétorique âpre et contre-productive» ou de «se donner la mission de juger et de corriger la théologie» ou encore «de corriger publiquement les autres dans l'Église». Et, deuxième axe - totalement nouveau puisqu'il recourt à un document, Donum Veritatis qui avait été publié, en 1990, pour encadrer la dissidence de théologiens progressistes!: considérer qu'il est légitime, dans l'Église catholique, d'avoir des «divergences» théologiques mais que ces «objections» doivent être exprimées en interne, et non sur la place publique, pour «stimuler le magistère» à mieux formuler son enseignement. Et non sous la forme d'un «magistère parallèle.»


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