Qu'a dit la première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, à l'ambassadrice de France, fin février ? Cette question suscite la polémique au Royaume-Uni, quelques semaines avant le début des élections législatives.
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Le quotidien conservateur Daily Telegraph a affirmé samedi, en une, que Mme Sturgeon – chef de file des nationalistes écossais – aurait confié à l'ambassadrice française, Sylvie Bermann, « voir plutôt » une victoire de David Cameron, le premier ministre britannique conservateur sortant, plutôt que d'Ed Miliband, le travailliste, qui serait selon elle dépourvu de « l'étoffe d'un premier ministre ».
Plusieurs démentis
Le quotidien appuie ses révélations sur une note de la diplomatie britannique. Cette dernière a été établie après le compte-rendu de la discussion entre les deux femmes fait, comme le veut l'usage, par un diplomate français aux autorités britanniques. Ce diplomate, le consul général de France en Ecosse, Pierre-Alain Coffinier, a démenti auprès de l'AFP avoir rapporté de tels propos.
L'ambassade de France a aussi contredit les informations du quotidien conservateur, expliquant que « la question des préférences politiques personnelles de Mme Sturgeon n'a pas été évoquée » lors de leur rencontre . Enfin, la principale intéressée a également démenti avoir tenu ces propos, affirmant qu'ils étaient « catégoriquement et à 100 % faux ». Elle a appelé sur la chaîne Sky News à l'ouverture d'une enquête. Elle a été entendue puisque des investigations vont être menées pour déterminer comment ces informations ont pu fuiter dans le Daily Telegraph.
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Tensions avant les élections
La question est brûlante, à un peu plus d'un mois des élections législatives qui se tiendront le 7 mai dans le pays : le parti nationaliste écossais (SNP) de Mme Sturgeon pourrait ravir une quarantaine de sièges au parti travailliste (Labour) d'Ed Miliband. Or, Mme Sturgeon, qui a répété au fil de la campagne vouloir « chasser les conservateurs » du pouvoir, est censée être politiquement proche des travaillistes. De son côté, Ed Miliband a exclu de former un gouvernement de coalition avec le SNP, mais envisage une alliance ou un soutien ponctuel.
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M. Miliband a donc réservé un accueil glacial à ces supposées déclarations. Selon lui, elles prouvent le double jeu du parti nationaliste écossais (SNP) : « En public, le SNP affirme ne pas vouloir d'un nouveau gouvernement conservateur, mais en privé, il dit en vouloir un », a-t-il déclaré, appelant les électeurs qui ne veulent plus des conservateurs au pouvoir « à voter Labour ».
Nicola Sturgeon a été présentée par les sondages et les analystes comme l'une des vainqueurs du débat politique entre les sept chefs de parti qui a eu lieu jeudi soir. Samedi, le Times titrait que « le triomphe de Sturgeon avait placé le Labour dans la tourmente » quand le Daily Mail la présentait comme « la femme la plus dangereuse de Grande-Bretagne ».
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