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    Des souris maudites sur trois générations

    LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | <time datetime="2012-08-30T14:55:11+02:00" itemprop="datePublished">30.08.2012 à 14h55</time> • Mis à jour le <time datetime="2012-09-01T20:24:01+02:00" itemprop="dateModified">01.09.2012 à 20h24</time>lien

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    Un stress social subi par une souris jeune peut retentir sur le comportement de ses descendants.

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    Serait-ce une démonstration, chez la souris, de cette observation récurrente effectuée chez l'homme par les psychiatres et psychologues : un stress subi par un individu jeune, même sans conséquences visibles, peut retentir sur la santé psychique de ses petits-enfants voire de ses arrière-petits-enfants - ou l'art de cuire à petit feu un "non-dit" familial ?

    Des chercheurs de l'université de médecine Tufts à Boston (Etats-Unis) ont soumis des souris jeunes à un stress chronique. Entre l'âge de 4 à 11 semaines (soit l'"adolescence" et le jeune âge adulte de la souris), douze rongeurs mâles et onze femelles ont été exposés à une "instabilité sociale chronique" : la composition des animaux dans les cages était modifiée fréquemment, de sorte que les souris ne parvenaient pas à établir avec leurs congénères de relations normales, fondées sur une hiérarchie sociale.

    Deux mois plus tard, les chercheurs ont évalué par différents tests l'anxiété et les comportements sociaux des souris stressées, qu'ils ont comparés à ceux de leurs congénères non stressées. Leurs résultats sont publiés dans Biological Psychiatry du 18 août. Ils montrent d'abord que les effets de cette instabilité sociale subie dans la jeunesse sont persistants.

    Les femelles stressées présentent une anxiété accrue et une sociabilité altérée : une forme de "timidité sociale", qui se traduit par une réticence à interagir avec des souris inconnues. Leur niveau de corticostérone, l'hormone du stress, est augmenté. Les mâles aussi sont affectés, avec une moindre anxiété.

    L'équipe bostonienne a croisé mâles et femelles stressés (génération F0) entre eux. Puis elle a testé leurs descendants (génération F1), âgés de 2 mois, qui n'avaient pas subi de stress social. Résultats : les mâles F1 ne présentent aucun comportement altéré "visible", mais les femelles F1 manifestent une anxiété accrue et des interactions sociales défectueuses - même lorsqu'elles ne sont pas élevées par leurs parents stressés. "Cela peut s'expliquer parce que la femelle stressée transmet quelque chose à sa fille durant la gestation, par exemple via un niveau de corticostérone accru", observe Deborah Bourc'his (Inserm/CNRS), spécialiste des "effets parentaux" à l'Institut Curie.

    MODE DE TRANSMISSION INÉDIT

    Les auteurs ont ensuite croisé les souris F1, issues de parents stressés, entre elles ou avec des souris contrôles. Fait remarquable, seules les femelles - pas les mâles - de la génération F2 montrent des signes d'anxiété et de sociabilité altérée. Les plus atteintes proviennent des mâles F1 issus de parents F0 stressés, alors même que ces mâles ne semblent pas atteints.

    Poursuivant leurs croisements, les chercheurs ont testé les animaux de la génération F3 : là encore, seules les femelles manifestent une anxiété et des dispositions sociales défectueuses. Elles semblent hériter de ce comportement par leur père, issu d'un grand-parent F0 stressé. "Nous sommes en présence d'un mode de transmission assez inédit et a priori excitant, analyse Deborah Bourc'his. Il s'agit de caractères transmis par le père apparemment normal, mais qui ne s'expriment que chez les filles, c'est-à-dire dans un contexte hormonal particulier."

    Quels pourraient être les mécanismes de cette transmission ? "A ce jour, nous ne pouvons le dire", reconnaît Larry Feig, principal auteur. Trois mécanismes sont possibles. Une transmission génétique, c'est-à-dire par des variations de la séquence d'ADN de certains gènes de la lignée germinale mâle. Une transmission épigénétique, fondée sur des modifications chimiques de l'ADN ou des protéines qui l'entourent, survenant lors de la maturation des spermatozoïdes. Ou bien le mâle réinduirait des caractères anormaux à chaque génération par un comportement anormal (non identifié) qui perturberait sa partenaire...

    Deborah Bourc'his reste prudente : "Les auteurs ont eu recours à une lignée de souris hétérogènes sur le plan génétique. C'est sans doute un bon modèle pour l'étude des effets de l'instabilité sociale, mais pour les études épigénétiques toujours très complexes à mener, mieux vaut utiliser des lignées génétiquement homogènes."

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  • Etats-Unis : alerte au virus mortel dans un parc touristique californien

    Publié le 01.09.2012, 09h34 | Mise à jour : 09h52   lien

    Le Centre fédéral de contrôle et de prévention des maladies américain (CDC) a averti vendredi que 10 000 personnes sont susceptibles d'avoir été en contact avec un virus mortel lors de leur séjour dans le Parc national de Yosemite (Californie, ouest) cet été.

    Le Centre fédéral de contrôle et de prévention des maladies américain (CDC) a averti vendredi que 10 000 personnes sont susceptibles d'avoir été en contact avec un virus mortel lors de leur séjour dans le Parc national de Yosemite (Californie, ouest) cet été. | (AFP/David McNew.)

    Dix mille personnes sont susceptibles d'avoir été en contact avec un virus mortel lors de leur séjour cet été dans le Parc national de Yosemite (Californie, ouest), selon le Centre fédéral de contrôle et de prévention des maladies américain (CDC). Au moins six cas de syndrome pulmonaire à hantavirus (SPH), une maladie véhiculée par la salive ou l'urine d'animaux, notamment des souris, ont été détectés et d'autres cas potentiels sont surveillés.
     
    Deux des personnes infectées sont mortes. Toutes avaient en commun d'avoir séjourné dans le «Curry Village», une plaque tournante pour les visiteurs du spectaculaire Parc de Yosemite.

    Le Service des parcs nationaux (SPN) a essayé de prendre contact avec les 2 900 personnes qui avaient réservé pour séjourner dans ce camping entre le 10 juin et le 24 août. Le CDC estime qu'au 10 000 personnes y ont séjourné : les 2 900 ayant réservé, ainsi que les membres de leurs familles ou les amis qui les accompagnaient.

    «Les tentes ont été désinfectées le 24 août et les visiteurs relogés. Mais les personnes ayant séjourné là entre le 10 juin et le 24 août peuvent courir le risque de développer le HPS dans un délai de six semaines», indique le CDC.

    Il n'existe aucun traitement

    Le SPH est assez rare mais il est très dangereux : plus d'un cas sur trois est mortel. Il se manifeste dans un premier temps par des symptômes bénins, fièvre, maux de , problèmes intestinaux, toux... mais il peut rapidement devenir fatal. Il n'existe aucun traitement, une prise en charge rapide est donc indispensable pour augmenter les chances de survie des patients. Depuis que la maladie a été identifiée en 1993, une soixantaine de cas ont été diagnostiqués en Californie et 587 au total aux Etats-Unis. Plus d'un tiers des malades en sont morts.

     

    LeParisien.fr


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  • Mis à jour 24-08-2012 14:55

     
     

    Une nouvelle maladie proche du sida détectée en Asie

    Photo : Sipa / photo d'illustration

    Une nouvelle maladie proche du sida détectée en Asie

    Une affection mystérieuse dont les symptômes sont comparables à ceux du sida a été découverte. Contrairement au VIH, elle ne serait pas contagieuse.

    C'est une étude inquiétante que publie jeudi le New England Journal of Medicine. Des chercheurs ont en effet identifié une nouvelle maladie dont les symptômes sont similaires à ceux du sida. Comme le syndrome d'immunodéficience acquise, elle empêche les malades de lutter contre les infections, explique l'agence AP.

    La chercheuse de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses, Sarah Brown, qui a travaillé sur cette étude menée à Taïwan et en Thaïlande, explique cependant que cette déficience immunitaire ne se transmet pas à travers un virus. Certains patients seraient morts d'infections foudroyantes. Les personnes touchées sont âgées d'une cinquantaine d'années en moyenne, mais ne font pas partie d'une même famille, excluant l'hypothèse selon laquelle un seul gène serait responsable.

    Facteur génétique ou environnemental ?

    Si les origines de cette affection demeurent encore inexpliquées, les scientifiques supposent qu'il pourrait exister un facteur génétique ou environnemental, la plupart des cas étant effectivement détectés en Asie. Les premiers ayant été découverts en 2004.

    L'ampleur de cette nouvelle maladie, identifiée pour la première fois en 2004, est difficile à estimer, les médecins ne disposant pas de données concernant le nombre de décès. L'étude vise une centaine de patients recensés en six mois mais "nous savons qu'il y en a de nombreux autres", précise la chercheuse qui met notamment en cause des méprises dans les diagnostics. Les symptômes peuvent en effet s'apparenter à des cas de tuberculose. Si certains patients peuvent être soignés précisent les chercheurs, ils ne retrouveront pas totalement leurs défenses immunitaires.


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  • Causes de la sclérose en plaques(SEP)





    La sclérose en plaques, ou SEP, est la maladie neurologique non traumatique la plus fréquente du système nerveux central chez l'adulte jeune. La SEP est la première cause de handicap non traumatique chez les jeunes adultes.
    La SEP a une origine dite multifactorielle.Même si les causes exactes de la SEP sont encore inconnues, plusieurs facteurs, génétiques, immunitaires, environnementaux, viraux rentrent en cause de manière isolée ou associée.

    Maladie auto-immune

    La SEP est une maladie auto-immune
    Les maladies auto-immunes résultent d'un dérèglement du système immunitaire qui se manifeste par l'action de cellules et d'anticorps sur certains organes, qui sont alors assimilées à des corps étrangers. Le malade fabrique des anticorps contre ses propres tissus appelés les auto-anticorps.Dans le cas de la SEP, le système immunitaire de la personne malade réagit contre la myéline et la neutralise comme s'il s'agissait d'un corps étranger.

    Facteurs de risques génétiques

    La sclérose en plaques n'est pas réellement une maladie héréditaire même s'il existe une prédisposition génétique car il est fréquent de rencontrer plusieurs cas dans une même famille. Le risque de développer une SEP pour les enfants ou les frères et soeurs d'un patient atteint de SEP est relativement faible, de l'ordre de 2% à 4% maximum.

    Infections, virus

    La sclérose en plaques n'est pas une maladie infectieuse mais l'influence de certains virus de l'enfance qui pourraient favoriser cette réaction immunitaire est une hypothèse qui n'est pas exclue.

    Facteurs de risques liés à l'environnement

    La répartition de la SEP est différente selon les régions du monde : en effet, la SEP est plus fréquente en Europe du Nord e Europe Centrale qu'en Europe du Sud ou en Afrique. Cette différence pourrait expliquer l'influence de l'environnement sur le déclenchement de la maladie.

    La maladie est plus fréquente chez les populations qui vivent dans des zones tempérées, ainsi que chez les personnes qui passent leur enfance dans ces régions. En revanche, on a constaté que la sclérose en plaques est moins fréquente chez des individus issus de ces régions tempérées mais ayant grandi ailleurs.

    Autres facteurs

    Le stress, les traumatismes et les interventions chirurgicales pourraient favoriser les poussées de SEP

    Le combat de Dominique Faruggia contre la SEP

    http://sante.journaldesfemmes.com/magazine/dossier/10-malades-celebres-aux-carrieres-hors-normes/dominique-farrugia-son-combat-contre-la-sclerose-en-plaque.shtml

    Manifestations d'une poussée de SEP

    Manifestations d'une poussée de SEP

    En savoir plus

    SEP info : http://www.sep-info.fr/fr_FR/members/sclerose-en-plaques/definition/index.jsp

    Réalisé en collaboration avec des professionnels de la santé et de la médecine, sous la direction du docteur Pierrick HORDE

     
    Publi-information

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  • Rencontre avec Yves Sirois : du Boson de Higgs à la supersymétrie

    Info rédaction, publiée le 23 août 2012

    Maxisciences a rencontré en exclusivité Yves Sirois, directeur de recherche au CNRS à l’École Polytechnique et responsable de l'expérience CMS du CERN pour la France. Entretien avec un homme qui est à la pointe de la traque au Boson de Higgs. Il revient sur l'annonce faite le 4 juillet dernier en Suisse, et sur le futur de l'expérience.

    Maxisciences : Pouvez-vous revenir à la genèse de ce programme, jusqu'à ce qui a été annoncé le 4 juillet dernier au CERN ?
    Yves Sirois : le projet du collisionneur est un projet qui a plus de 20 ans, au début des années 90. C'est aussi à ce moment que débute les proto-collaborations : des groupes de personnes travaillant chacune de leurs côtés et joignant, in fine, leurs efforts. À cette période, on connaissait déjà le Boson de Higgs et sa problématique, ce chaînon manquant dans la théorie fondamentale. Et grâce aux collisionneurs hadroniques du CERN, on avait une bonne expertise, il s'agissait des premiers collisionneurs de ce type, construit dans les années 60-70.

    Fort de cette expérience, on venait de découvrir que le boson Z et W d'interaction faible étaient massifs, donc on avait la preuve expérimentale qu'il y avait bien une brisure de symétrie entre interaction électromagnétique et interaction faible, la prochaine étape était le Boson de Higgs. En 2009, on a les premières collisions et au printemps 2010, les premières collisions à haute énergie. En continuant d'augmenter en puissance, les quantités de données sont devenues plus pertinentes. Et alors qu'en 2010, ces outils nous avaient permis de retracer tout l'univers de la physique connu, en 2011, nous sommes arrivés aux portes de la nouvelle physique, et pu explorer au-delà, avec des recherches de particules ou de dimensions inconnues jusqu'alors.

    En 2011, on a pu également, pour la première fois, observer des paires de bosons Z, dans le canal multi-leptons. Il s'agissait là de la dernière étape. On savait qu'en arrivant là, on était à quelques pas du Boson de Higgs. La masse du Boson de Higgs n'est pas connue ni prédite par la théorie. On a donc commencé par rechercher sur un spectre très très vaste et on a commencé à exclure une partie de l'espace des paramètres. En décembre 2011, on commence à observer une série d'évènements à basse masse et au sortir de ces analyses, présentées au printemps 2012, il nous reste plus qu'une petite plage de masses, entre 115 GeV et 127 GeV (pour ce qui est de l'expérience CMS). 115, c'est la limite du collisionneur précédent, 127 c'est la nouvelle limite établit par le LHC au printemps 2012. C'est assez cocace, car si le Boson de Higgs avait été trouvé ailleurs, s'il avait été plus lourd ou plus léger, on l'aurait trouvé bien plus facilement. C'est assez vicieux qu'il soit à l'endroit le plus difficile à atteindre. À contrario, c'est aussi l'endroit le plus intéressant pour la physique, car dans ce domaine de masses, tous les modes de production et de désintégration peuvent contribuer à l'identifier. La masse est élevé (il est plus lourd que n'importe quel boson observé auparavant) et il se désintègre de plusieurs façons. Une fois cette petite fenêtre de recherche identifiée, on a travaillé en aveugle, on a mis de côté les données que nous avions jusqu'ici pour éviter les biais, pour avoir le travail le plus juste et le plus précis possible.

    Et on a expérimenté comme ça jusqu'au 11 juin. Ce jour là je suis aller au Comité International de Revue des Expériences, le « LHCC », et j'ai montré une figure que l'on avait préparé à Chamonix (Réunion entre le CERN et les expériences pour présenter nos résultats et discuter des perspectives pour la machine) et j'ai expliqué que si le boson de Higgs existait tel que prédit par la théorie, nous avions possiblement déjà dans nos données un signal à 5 écarts standard. Ce qui veut dire, vis à vis de notre convention, que l'on avait, dans nos données, potentiellement une découverte, compte tenu des fluctuations observées en 2011 et de la petite fenêtre de masses où la recherche était possible. Et si on a la masse du Boson de Higgs, on a tout : les modes de production et de désintégration sont alors complètement fixés.  On savait donc à quoi s'attendre si on avait un signal. Et il se trouve qu'en ouvrant la boîte, on a trouvé quelque chose qui tombe pile poil pour les deux canaux les plus significatifs, exactement à cet endroit là.

    Pourquoi un boson est difficile à identifier ?
    On a dû attendre, à partir de 2011, une assez grande production de données pour avoir accès au signal du Boson de Higgs. Ce dernier est assez semblable au divers "bruits de fond" intervenant durant l'expérience, lui-même difficile à observer.

    "On a une chance sur 3 millions que ça ne soit pas ça"

    Pourquoi ce chiffre de 99,96 % ?
    Ce qu'on observe, ce que l'on quantifie, c'est la probabilité à ce que le bruit de fond fluctue à un niveau supérieur ou égal à l'observation, en tenant compte de toutes les propriétés. On considère que l'on a quelque chose que l'on peut appeler une observation ou une découverte si la probabilité que ce fond fluctue à un niveau supérieur ou égal à ce qui est observé et inférieur à une chance sur 3 millions, à peu près. Mais pour mieux comprendre ce chiffre, il faut savoir à quoi il fait référence :

    Il existe 4 modes de production et 5 modes de désintégration. Parmi les modes de désintégration, il y a deux modes à la sensibilité très intéressantes : le Higgs qui part en deux photons, et le Higgs qui part en paire de boson Z, et les deux Z se désintègrent en deux leptons, ce qui fait 4 leptons en tout. Ces deux modes là sont rares mais beaucoup plus fin que n'importe quel type d'analyse. Si deux canaux doivent parler, ce sont ces deux canaux là et les deux canaux donnent des écarts significatifs par rapport au bruit de fond. Chacun à plus de 3 sigmas, dans CMS et dans ATLAS. On a donc en tout dans deux expériences, 4 canaux qui fluctuent au bon endroit, à la même masse, sachant que la combinaison de chaque expérience on a une chance sur 3 millions que ça ne soit pas ça.

    Donc compte tenu de ce chiffre et de notre convention, j'affirme que nous avons bien une découverte, qu'elle restera et qu'elle ne va pas disparaître. Nous avons bien ici un nouveau Boson. Déjà ça en soit c'est assez intéressant, pour plusieurs raisons : c'est le Boson le plus lourd que l'on ait jamais observé, en plus ce boson se couple aux photons et aux boson Z. Il a soit un spin 0 soit un spin 2 (spin = propriété quantique semblable à un moment angulaire). Le spin 2 pouvant désigner un élément exotique, comme un graviton dans des théories faisant inclure des dimensions supplémentaires, ce qui n'est pas exclu. Le spin 0 désigne un boson scalaire, ce que l'on appelle le boson de Higgs. On ne sait pas si c'est le boson de Higgs du modèle standard, mais on sait que c'est un boson, et un boson scalaire. Il a toute les caractéristiques, il a le goût et la saveur d'un boson de Higgs, mais est-ce un boson de Higgs du modèle standard, donc minimal, ou celui d'un modèle étendu, avec des propriétés différentes ? Est-ce qu'on l'appellera encore demain boson de Higgs ?

    Donc à partir de là, on va continuer de prendre des données pour arriver à 5 écarts standard dans chacun des deux principaux canaux utilisés séparément et ensuite observer leurs modes de désintégration en paire de W, de quarks b ou de leptons taus. À ce moment là, avec les cinq modes de désintégration, on va commencer à réaliser une structure fine et différencier par rapport aux modes de production. Pour l'instant, dans les deux modes les plus significatifs, l'analyse inclusive est là où l'on a les résultats les plus significatifs. Dans le mode à deux photons, nous sommes déjà en train de séparer les deux principaux modes de production.

    Cette phase d'analyse avec les différents modes va prendre du temps. Ce sont les 3 à 4 ans dont a parlé le CERN ?
    Pour être en mesure d'avoir un signal significatif dans les autres modes de production, on devrait y arriver avant la fin de cette année. À la fin de cette année, on aura les deux photons et les quatre leptons, chacun avec ses 5 écarts standard, et après on ne parle plus d'écarts standard parce qu'il y a une découverte mais des propriétés et là ça va très très vite. Parce qu'avec le mode à 4 leptons, on a une dizaine d'évènements dans chaque expérience. Dès qu'on double ou qu'on triple la statistique, la qualité de la mesure devient de plus en plus intéressante. Avant la fin de l'année, on pourra mesurer les propriétés quantiques de la masse avec une très grande précision, le spin, la parité, juste sur ce canal là. Maintenant, si ce boson de Higgs ne correspond pas à celui du modèle minimal, avec un peu de chance, on commencera à se dire tiens cette propriété là n'était pas celle qui était attendu, et là, ça peut être encore plus intéressant d'une certaine façon, car ça impliquerait l'ouverture d'une nouvelle physique à l'échelle du TeV, qui est assez probable.

    "Il est possible que le boson de Higgs soit une fenêtre vers la super symétrie"

    Justement, le boson de Higgs est-il l'une des ultimes portes de la physique, ou peut-il conduire vers d'autres choses ?
    Le Boson de Higgs permet plusieurs choses : le champ de Higgs donne de la masse aux autres particules, les fermions de matières et les bosons d’interactions. Les bosons sont liés au principe fondamental de symétrie de la théorie. Il se trouve que l'on a unifié la relativité restreinte d'Einstein à la mécanique quantique, ça donne une théorie que l'on appelle la théorie des champs, et dans cette théorie des champs on s'est aperçu qu'il y a un certain nombre de symétrie dont une, fondamentale, la symétrie de jauge. Ça consiste à être en mesure, à chaque points de l'espace temps, de faire des rotations, indépendantes les unes des autres. Ensuite, on demande à ce que la théorie, les équations ou la physique soient valables même si, à chaque point de l'espace-temps, on fait une rotation différente. Et, presque magiquement, pour satisfaire à cette symétrie de jauge, il faut obligatoirement qu'il y ait de la lumière, de l'interaction faible, et des bosons. Des symétries découlent l'existence des bosons. Or ces symétries interdisent aux bosons et aux fermions d'avoir de la masse. Un millième de milliardième de secondes après le big bang, apparaît le champ de Higgs qui va donner de la masse aux fermions et aux bosons et la matière peut commencer de s'organiser à partir de ce moment là. Ce champ de Higgs donne de la structure au vide. Et dans ce bouillonnement quantique permanent, y'a une partie de ce bouillonnement qui est une production et une absorption de boson de Higgs, et lui il donne une énergie au vide. C'est l'interaction entre les particules de masses nulles et le champ de Higgs qui donnent leurs masses.

    La matière, c'est constitué de particules élémentaires, comme des grains, autour desquels s'organise toute la dynamique. Les grains sont apparus au début de l'Univers et la masse de ces grains est apparue à partir de l'apparition du champ de Higgs.

    Grâce à la découverte de ce boson, on peut explorer un peu plus loin l'idée de ces champs à très haute énergie et à petite distance, et on peut peut-être aller jusqu'à l'idée d'une grande unification originelle. Mais on ne pourra pas aller à l’échelle de cette grande unification sans faire d'autres découvertes et vraisemblablement même au LHC à haute énergie. La théorie du Boson de Higgs est extrêmement bien définie si on a sa masse. Or cette dernière est instable. Il faut donc d'abord la stabiliser. Et il se trouve qu'il a une masse assez légère pour être un "ami" de la supersymétrie, si on veut. Mais il a une masse suffisamment faible pour permettre d'imaginer qu'à l'échelle du TeV, dans quelques années au LHC, on pourrait découvrir la supersymétrie, un espèce d'univers miroir où chaque particule, chaque fermion a son boson associé, et vice versa. Et ces particules supersymétriques  se désintègrent toutes les unes par rapport aux autres sauf une, la plus légère : le neutralino, l'un des meilleurs candidats pour la matière noire, la particule la plus légère de l'Univers, et comme c'est la plus légère, elle peut plus se désintégrer en d'autre chose, elle est stable. Il est donc possible que le boson de Higgs soit une fenêtre vers ces théories de la supersymétrie, avec peut être la découverte de la matière noire de ce fait.

    Au-delà de la masse qu'il donne aux particules, et de l'éventuelle porte qu'il ouvre sur la supersymétrie et la matière noire, le boson de Higgs et sa découverte ont-ils un autre intérêt ?
    Oui, la découverte du boson de Higgs la compréhension de l’origine de la masse ramène sur le devant de la scène d’autres problèmes d'un intérêt certain. Le Boson de Higgs permet de comprendre l'origine des masses des particules élémentaires, mais pas d'expliquer la hiérarchie entre ces masses. Par exemple, il existe un quark, le quark top, qui est extrêmement lourd, presque 200 fois la masse du proton, 173 GeV, beaucoup plus lourd que les quarks u et d qui forment le proton. Et pourquoi lui il est lourd et les autres très légers, ça le boson de Higgs n'y répond pas. Tout ce qu'il dit c'est qu'il suffit qu'il y ait un couplage très particulier et ce couplage peut expliquer la masse. La structure de la matière qui nous entoure, est que l'on appelle la matière de première famille : les électrons, le quark u, le quark d, le photon et voilà l'essentiel. Après il y a le boson Z pour la radioactivité, le gluon pour l'interaction nucléaire et c'est tout.  Dans les laboratoires on produit 3 familles. Est-ce qu'il y a une 4ème famille ? C'est peu probable pour la simple raison que si on a trouvé un boson de Higgs, il pourrait se coupler aux fermions de 4ème famille et on l'aurait vu depuis longtemps. En fait, la découverte du boson de Higgs vient exclure directement l'existence d'une 4ème famille de fermions et c'est un résultat majeur. Aujourd'hui, on ne sait pas pourquoi il n'y a que trois familles, mais l'existence de ces trois familles rend possible ce qu'on appelle la violation de CP (Charge-Parité) assez intéressante car si on veut une asymétrie entre la matière et l'antimatière dans l'Univers, il faut la violation CP. Peut être qu'il faut au moins trois familles pour qu'il puisse y avoir cette asymétrie matière-antimatière. Pourquoi ? On ne le sait pas.

    "On a imaginé les expériences alors que les détecteurs n'existaient pas"

    Qu'est-ce que cette découverte a ou va changer ?
    Historiquement, si on regarde Newton, ou Maxwell, l'unification entre l'électricité et le magnétisme, qui est peut être le moment de l'affiliation d'origine la plus proche avec notre sujet, le délai entre la découverte fondamentale et l'application s'allonge avec le temps, et on est rendu dans des domaines de recherche tellement fondamentaux, que la perspective de l'application est très lointaine.

    Quant au chemin pour arriver à cette découverte, c'est encore autre chose et justement là, l'arrivée au boson de Higgs a changé beaucoup de chose. Quand on fait de la Physique de pointe, il faut de la technologie. Ici, on a imaginé les expériences alors que la technologie pour construire les détecteurs n'existait pas. On a fait des paris, un tableau en disant 'Dans 10 ans il y aura l’informatique pour ça, et dans 5 ans l’électronique pour cette partie, etc...'. L'expérience (CMS) telle qu'elle existe et fonctionne aujourd'hui était totalement impossible au moment où on l'a conçu. Ça implique donc que pour avoir ce résultat, ça implique de la nouvelle technologie (système de détection, électronique, informatique) dont pour le calcul une technologie qui s'appelle la grille, dont un dérivé aujourd'hui s'appelle ... Le Cloud ! De même, historiquement, la quasi-totalité des grands systèmes de détection en médecine sont des dérivés directs de la physique des particules. Mais déjà, nous, nous avons de nouveaux détecteurs, dont un petit pour mesurer les faisceaux de protons, développé initialement pour CMS. Il est tellement précis qu'ils le vendent à des hôpitaux dans le cadre d'un traitement contre le cancer, pour éliminer de façon fine et efficace les cellules malades. Donc ça, ce sont des applications directes et concrètes de ce que l'on fait.

    Pour le Boson de Higgs, il faut aller loin dans la perspective mais les théories utilisées sont déjà présentes dans nombre de domaines. Mais, pour imaginer une application de la découverte du boson de Higgs, vu le peu que l'on en sait, imaginer des débouchés aujourd'hui seraient de la science-fiction....Non, de la super science fiction !

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