• Un immense site gaulois de stockage de grains découvert en Auvergne

    par Rédaction de France Info vendredi 14 août 2015 13:22
    Les fouilles sur le site du plateau de Corent, en Auvergne, ont permis de découvrir un immense site gaulois de stockage de grains © Bernard-Noël Chagny

    Des chercheurs ont mis au jour une centaine de silos de stockage de céréales sur le site du plateau de Corent, dans le Puy-de-Dôme. Cette découverte archéologique inédite représente une avancée majeure pour la compréhension du mode de vie des Gaulois.

    C'est du jamais vu pour les archéologues français : début août, des chercheurs ont mis au jour une centaine de silos de stockage de céréales, datant des Gaulois, sur le site du plateau de Corent, dans le Puy-de-Dôme.

    "C'est le plus gros ensemble jamais trouvé en France et une découverte majeure pour  la compréhension du mode de fonctionnement de l'économie gauloise, qui n'est pas du tout rudimentaire comme on pouvait le supposer il y a une centaine d'années", explique  Matthieu Poux, professeur d'archéologie à l'université Lyon-2 et responsable des fouilles.

    "Une découverte tout à fait inattendue" - Matthieu Poux avec Lucie Barbarin

    "Ce genre de découverte nous permet de faire des bonds de géants"

    Ces 120 silos, datant de l'Age de Fer, et dont le nombre total est estimé à plus d'un millier, ont été découverts en creusant des tranchées dans un ancien lac, à 500 mètres d'altitude, pour en restituer l'histoire sédimentaire, explique le chercheur. Pour l'archéologue, le principe de ces silos est le suivant : "creusées dans un sol argileux, pratiquement imperméable à l'eau et à l'air, les fosses étaient remplies à ras bord de blé, orge ou seigle, puis obturées hermétiquement". Chacune pouvait contenir "entre un quintal et une tonne de céréales", portant la capacité du site "à plusieurs centaines de tonnes".

    "C'est une économie qui dégage des surplus, que l'on stocke et que l'on échange. Il y a un circuit de stockage et de redistribution des ressources et ce genre de découverte nous permet de faire des bonds de géant dans la compréhension de ces mécanismes", a-t-il ajouté.

    "Un système tout à fait ingénieux"

    Ce système d'"emballage sous vide" permettait de conserver les céréales "plusieurs mois, voire plusieurs années", "un système tout à fait ingénieux". "Elles ont peut-être été stockées là pour soutenir un siège ou à proximité d'une grande place de marché ou alors c'était un surplus exceptionnel", spécule Matthieu Poux. Les parois des silos étaient recouvertes d'une couche de charbon montrant que ces installations ont été stérilisées au feu, "afin d'être utilisés plusieurs fois". Les silos "ont été comblés ensuite de terre, car ils ne servaient plus", souligne le chercheur. "On a le sentiment que tout a été aménagé en peu de temps car les silos sont très régulièrement espacés et on dirait qu'ils ont tous été comblés en même temps", a-t-il noté.

    Impossible de dater précisément le site pour l'heure, explique Matthieu Poux : "On sait qu'il date de l'Age de Fer, on y trouve des tessons de poterie, des céramiques, qui datent de -700 à -50 avant notre ère, mais pour avoir une datation plus précise, il faudra attendre la datation carbone des charbons retrouvés au fond des fosses, et là on aura une datation plus précise, à cent ans près." Les fouilles sur le site se poursuivent jusqu'à la fin du mois d'août.


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    Nuit des étoiles d'exception: comment

    en profiter, tout seul comme un grand

    <nav class="breadcrumb" role="breadcrumb"> </nav> Par , publié le <time datetime="07/08/2015 17:26:00" itemprop="datePublished" pubdate=""> 07/08/2015 à 17:26 </time> , mis à jour à <time datetime="07/08/2015 17:56:28" itemprop="dateModified"> 17:56 </time>
     
    L'Association française d'astronomie lance ce vendredi 7 août la 25ème édition de la nuit des étoiles.
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    L'Association française d'astronomie lance ce vendredi 7 août la 25ème édition de la nuit des étoiles.

    AFP/REMY GABALDA

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    La 25e édition de la nuit des étoiles démarre ce soir. Les plus chanceux d'entre nous auront la chance de se rendre dans l'une des 443 manifestations organisées par l'association française d'astronomie. Pour les autres, rien n'est perdu pour autant.

    La 25e nuit des étoiles, attendue avec impatience par les amateurs d'astronomie, débute ce vendredi soir dès le coucher du soleil. Cette année, la cuvée promet d'être exceptionnelle, tant les scientifiques s'attendent à un festival d'étoiles filantes. Pour l'occasion, l'association française d'astronomie organise quelque 443 manifestations dans toute la France (consultez ici la carte interactive de l'AFA), en compagnie de passionnés ou de professionnels, dans un souci de pédagogie. Mais si vous préférez ne dépendre de personne, et jouer seul, entre amis ou en famille aux astronomes, c'est tout à fait possible! Suivez le guide. 

    Comment choisir un bon spot?

    Ce soir, vous avez décidé de vous éloigner un peu de la ville pour chasser les étoiles filantes. Félicitations, c'est le meilleur moyen de profiter du spectacle. Du fait de la pollution lumineuse, les conditions d'observation seront forcément dégradées en ville. Un exemple avec la ville de Toulouse. Selon l'association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes, il ne sera possible de voir que dix étoiles dans la constellation de la Grande Ourse. En théorie, il serait possible d'en observer quarante fois plus, rapporte France Bleu

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    Nouveau et à découvrir : @anpcen publie la carte de la en en 2015 http://lc.cx/ZneB 

     

    Joint par L'Express, Jean-Pierre Lebreton, chercheur au laboratoire d'études spatiales et d'instrumentation en astrophysique, également partie prenante de la mission Rosetta , confirme ce constat. "Ce serait un peu gâcher le plaisir que de regarder le ciel en ville. Il sera toujours possible de voir les plus gros phénomènes lumineux, mais pas de profiter des couleurs, que l'on promet magnifiques." 

    Un autre élément sera déterminant: la météo. Ce vendredi, il semblerait que les plus chanceux soient les habitants de l'est de la France ainsi que ceux situés, en remontant vers le nord, du Poitou-Charente jusqu'à la Normandie, Bretagne exceptée. Une partie du Centre, de l'Ile-de-France, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais sera tout aussi propice à l'observation des étoiles. 

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    Nuit des : où faut-il se trouver ce soir pour les observer ? Avantage au nord-ouest et à la façade est !

    Comment s'y préparer?

    Observer les étoiles, ça peut prendre du temps. Les plus volontaires resteront sans doute plusieurs heures les yeux rivés vers le ciel. Ce qui nécessite une certaine préparation. L'important finalement, c'est d'être le plus à l'aise possible. Garder la tête vers le ciel en restant debout pourrait rapidement vous lasser. Pour éviter le torticolis, rien ne vaut la bonne vieille chaise longue, voire le sac de couchage pour les campagnards. Attention également à ne pas prendre froid. Il est facile de se faire piéger les nuits d'été. prévoyez donc un pull et tout ce qui pourrait vous permettre de vous réchauffer. 

    Y'a-t-il une heure à privilégier?

    Ce vendredi, le soleil devrait se coucher aux alentours de 21h20. Mais d'après l'association française d'astronomie, les premières étoiles filantes devraient être observables passé 23 heures. Les plus patients devraient même pouvoir profiter d'une deuxième vague aux alentours d'une heure du matin, la Terre étant censée croiser "un autre filament de poussières", explique le Danois Peter Jenniskens, de l'institut Seti, auprès de Sciences et Avenir. Le scientifique ajoute que le pic est prévu le matin du 13 août, aux alentours de 5 heures, avec une moyenne d'une étoile filante par minute. 

    Faut-il des jumelles ou un télescope?

    A priori, les jumelles ou le télescope ne sont en rien obligatoires . C'est tout l'avantage de la nuit des étoiles. L'événement est accessible au plus grand nombre, et ne coûte potentiellement rien. En réalité, si vous faites le déplacement pour les étoiles filantes, vous pouvez laisser les jumelles au placard. Elles vous priveraient du champ de vision suffisant pour ne pas les laisser passer. "Le meilleur moyen d'observer les météores, ce sont les yeux", confirme Jean-Pierre Lebreton. Eux seuls permettent de garantir le champ de vision le plus large possible. Il ne faut surtout pas utiliser de jumelles." 

    Et à part les étoiles filantes?

    Ce vendredi soir, les amateurs d'astronomie ne viendront certainement pas que pour les étoiles filantes. Comme l'explique BFMTV sur son site internet, Jupiter sera visible durant un court instant, près du soleil couchant. Mais attention, interdiction de chercher la planète gazeuse à l'oeil nu ! Saturne et ses anneaux devraient quant à eux être observables une bonne partie de la nuit jusqu'aux alentours d'une heure du matin. L'AFA vous invite de son côté à guetter les "Trois belles d'été". Trois étoiles nommées Véga, Déneb et Altaïr, relève Francetvinfo

    Contempler les étoiles, c'est aussi toujours l'occasion d'essayer d'identifier les différentes constellations. Si vous ne connaissez que la Grande Ours, cette carte pourrait vous aider à progresser rapidement. Pour ne pas trop vous embêter, sachez que l'appli Star Walk, disponible aussi bien sur Android que sur iPhone, fait le travail pour vous en identifiant toute seule les constellations. Malin. 

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    La 25e nuit des , c'est ce week-end. La carte du ciel, pour trouver (par exemple) "la chevelure de Bérénice".

    Comment expliquer cette nuit des étoiles?

    Les étoiles filantes observables au début du mois d'août sont également appelées Perséides. Elles proviennent de la comète Swift-Tuttle, dont la révolution la rapproche chaque année très près de la Terre. "Ce phénomène se produit lorsque la Terre passe à travers l'orbite d'une comète", ajoute Jean-Pierre Lebreton. Les poussières entrent alors dans l'atmosphère a une très grande vitesse. Ce qui semble remarquable cette année, c'est que nous devrions avoir droit à énormément de bolides, dont certains pourraient être gros de plusieurs mètres. Ce qui peut nous laisser espérer de longues traversées lumineuses, de plusieurs secondes." 


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  • La Nasa découvre une planète ressemblant étrangement à la Terre

    Presque la même taille, sûrement la même composition, en orbite autour d'une étoile semblable au soleil : la nouvelle exoplanète Kepler 452b est une cousine très proche de la Terre.

    P.L. | 23 Juil. 2015, 18h16 | MAJ : 23 Juil. 2015, 19h38  lien
     
     
    <figure> La Terre et sa lointaine cousine Kepler 452b. <figcaption class="articleChapeau ">La Terre et sa lointaine cousine Kepler 452b. (NASA/JPL-Caltech/T. Pyle)</figcaption> </figure>

    Ce jeudi la retransmission live de la NASA est indisponible sur internet, trop de trafic, trop de gens connectés pour assister à la toute dernière annonce de l'agence spatiale : la découverte d'une nouvelle planète cousine de la Terre.

     
    <aside class="bloc m10t" id="complements">La première de ces exoplanètes, en orbite autour d'une étoile ressemblant à notre soleil, a été découverte en 1995. Depuis le lancement du télescope Kepler, 12 planètes semblables à la Terre ont été identifiées, et le catalogue complet des découvertes de Kepler atteint 4696 exoplanètes. Alors qu'est ce qui rend la petite nouvelle, Kepler 452b, si spéciale? C'est sa ressemblance encore plus frappante avec la Terre.</aside>



    Une «super Terre»

    Kepler 452b est plus grosse que la Terre, 60% plus grande, sa composition n'a pas encore été déterminée mais elle est selon toute vraisemblance rocheuse. Mieux, elle se situe dans la zone habitable de son étoile, comme la Terre. Encore mieux, l'étoile en question est une G2-star, la même catégorie que notre soleil, c'est-à-dire que la température et la masse de l'étoile sont pratiquement semblables. A peine est-elle plus vieille que le soleil (6 milliards d'années, contre 4,5). Jusque là, les exoplanètes découvertes par le télescope étaient en orbite autour d'étoiles plus froides que notre astre.



    Pour en finir avec les concordances troublantes : Kepler 452b fait le tour de son étoile en 385 jours, seulement 20 de plus que la Terre ! Elle est située à 1 400 années-lumières de la Terre, dans le système Kepler 452, à peine plus grand que notre système solaire. Le tout dans la constellation du Cygne.



    «Cette découverte excitante est un pas supplémentaire qui nous amène toujours plus proche de la découverte d'une Terre 2.0» pour John Grunsfeld, administrateur adjoint de la Direction des missions scientifiques de la NASA.

    Kepler 452b peut-elle abriter la vie?

    Soyons clairs, les scientifiques n'ont pour l'heure aucune assurance quant à l'existence d'une quelconque vie sur cette nouvelle exoplanète, mais si la vie a pu apparaître quelque part dans l'univers, autre que sur Terre, Kepler 452b semble la candidate idéale.

    La planète a passé 6 milliards d'années dans la zone habitable de son étoile, c'est bien plus longtemps que la Terre. «C'est une grande opportunité pour l’apparition de la vie, si bien sûr tous les ingrédients et toutes les conditions nécessaires à la vie existent sur cette planète», déclare Jon Jenkins, qui dirige les analyses des données rassemblées par le télescope Kepler.

    Kepler 452b pourrait aider à prévoir le futur de la Terre

    L'exoplanète tourne autour de son étoile depuis bien plus longtemps que nous, et cela pourrait nous donner une idée de ce qui peut arriver à la Terre dans un lointain futur. «Si Kepler 452b est bien une planète rocheuse, sa position par rapport à son étoile pourrait indiquer qu'elle vient d'entrer dans une période de fort réchauffement dans l'histoire de son climat», selon Doug Caldwell, un astronome du SETI qui travaille sur la mission Kepler.

    «L'augmentation de l'énergie dégagée par l'étoile vieillissante pourrait chauffer sa surface et provoquer une évaporation des océans qui s'y trouveraient, entraînant la perte à jamais de l'eau de la planète», poursuit-il. «Kepler 452b pourrait ainsi subir actuellement ce que la Terre connaîtra dans plus d'un milliard d'années quand le soleil vieillira et deviendra plus brillant», explique le scientifique.

    Les petites planètes, orbitant dans la zone habitable de leur étoile, découvertes par le télescope Kepler



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  • Des hominines taillaient déjà des outils

    il y a 3,3 millions d'années

     

    Il y a un mois environ, l'annonce de l'archéologue française du CNRS Sonia Harmand, qui codirige le West Turkana Archaeological Project (WTAP), avait fait l'effet d'une bombe en paléoanthropologie. La chercheuse et ses collègues viennent finalement de publier dans Nature un article présentant la découverte des plus vieux outils attribuables à ce jour à la lignée humaine. Trouvés non loin du lac Turkana, au Kenya, ils sont âgés de 3,3 millions d'années et montrent qu’avant l’apparition d’Homo, des hominines taillaient déjà des outils en pierre.

    Jason Lewis (à droite) voulait être paléoanthropologue et réaliser des fouilles en Afrique orientale depuis l'âge de 13 ans après avoir lu un livre sur Lucy, la célèbre Australopithecus afarensis. On le voit ici en compagnie de Sonia Harmand qui a toujours été passionnée par la quête de nos origines et le rôle des outils dans l'évolution cognitive des hominines. Elle voulait elle aussi travailler dans le berceau de l'humanité, où les premiers chapitres de l'histoire humaine sont préservés. Les voici réunis sur cette photo où ils examinent les plus vieux outils découverts à ce jour. © MPK-WTAP Jason Lewis (à droite) voulait être paléoanthropologue et réaliser des fouilles en Afrique orientale depuis l'âge de 13 ans après avoir lu un livre sur Lucy, la célèbre Australopithecus afarensis. On le voit ici en compagnie de Sonia Harmand qui a toujours été passionnée par la quête de nos origines et le rôle des outils dans l'évolution cognitive des hominines. Elle voulait elle aussi travailler dans le berceau de l'humanité, où les premiers chapitres de l'histoire humaine sont préservés. Les voici réunis sur cette photo où ils examinent les plus vieux outils découverts à ce jour. © MPK-WTAP

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    C’est une découverte majeure, l’une de celles qui marquent une vie de chercheur et qui fait date dans l’histoire des sciences. Elle a été réalisée un matin du 9 juillet 2011 par l’archéologue française Sonia Harmand et son collègue Jason E. Lewis, également en poste à l’université de Stony Brook (États-Unis). Tous deux directeurs du West Turkana Archaeological Project (WTAP) et respectivement Research Associate Professor et Research Assistant Professor au Turkana Basin Institute (TBI), ils s’étaient écartés par erreur de leur de chemin alors qu’ils menaient une campagne de fouilles dans le nord du Kenya, sur la berge ouest du lac Turkana. Tout en cherchant à retourner sur sa route, l’équipe examinait le sol à l'endroit qui allait être baptisé plus tard le site de Lomekwi 3. Les archéologues ont fini par découvrir avec l'aide d'un indigène, Sammy Lokorodi, des outils taillés dont l’âge était encore indéterminé à ce moment-là.


    La vallée du Grand Rift est un espace privilégié pour les recherches archéologiques et paléoanthropologiques qui permettent d'en apprendre davantage sur les origines de l'Homme. La « Mission Préhistorique » au Kenya, un projet franco-kenyan, a mené des fouilles sur la rive ouest du lac Turkana. En 1997, elle y fait une découverte majeure en mettant au jour les plus anciens outils taillés au Kenya. Aujourd'hui, le record est battu. Ces images donnent une bonne idée de ce que représentent les fouilles ayant conduit à la découverte de Lomekwi 3. © Albert Leminbach, YouTube

    L’étude de ces outils et leur datation allaient occuper pendant des années une équipe internationale de 19 chercheurs, dont certains sont membres du CNRS, de l'Inrap et de l'université de Poitiers. Jusqu’à présent, on attribuait une telle industrie lithique à des membres du genre Homo, comme Homo habilis. Mais certains se demandaient si des hominines, tels les fameux australopithèques comme Lucy, n’étaient pas déjà capables d’une telle prouesse il y a plus de 3 millions d'années. Encore fallait-il dater de façon fiable les outils trouvés sur Lomekwi 3 (voir les images des fouilles sur Flickr) et convaincre ainsi l’ensemble de la communauté scientifique. Il s'agissait là d'une démarche nécessaire pour pouvoir attribuer ces artefacts à certains des hominines qui vivaient dans la région du lac Turkana il y a quelques millions d’années.

    Le site de Lomekwi 3. Le chantier de fouille se trouve dans la zone triangulaire.
    Les outils ont été trouvés sur le site de Lomekwi 3, au Kenya. Le chantier de fouille se trouve dans la zone triangulaire, au milieu sur l'image. © MPK-WTAP

    Des outils datés indirectement par téphrostratigraphie

    Pour dater ces outils, les chercheurs ont eu recours à une méthode bien connue qu'il est possible d'employer lorsque l’on dispose d’une couche de sédiments prise en sandwich entre deux couches de cendres volcaniques. Les principes de la stratigraphie permettent en effet d'établir une chronologie relative : sauf perturbation géologique, une strate est toujours plus vieille que celle qui la recouvre. Dater deux couches de cendres entre lesquelles s’intercale une couche sédimentaire dans laquelle peut se trouver des fossiles ou des outils permet donc, en principe, d’encadrer l’âge de la couche sédimentaire et ce qu’elle contient.

    Dans le cas du site de Lomekwi 3, la téphrostratigraphie a pu être mise en pratique. Cette technique rend possible la datation des couches de cendres par des procédés physico-chimiques. Elle permet de corréler les couches étudiées à d'autres couches de cendres datées par radiométrie. Afin de consolider les estimations des âges obtenues, la mémoire magnétique des sédiments entourant les outils a été consultée. La chronologie des inversions magnétiques permet en effet de dater des roches grâce à la science du paléomagnétisme.


    Le site de Lomekwi 3 est visible sur Google Maps. © Google

    Homo habilis n'était pas le premier hominine taillant la pierre

    Il a alors fallu se rendre à l’évidence. Comme l’expliquent les 19 archéologues, géologues, paléontologues et paléoanthropologues dans un article tout juste publié dans Nature, les outils de Lomekwi 3 sont âgés de… 3,3 millions d’années environ. Ce sont les plus anciens découverts à ce jour. Ils sont trop vieux pour être attribués à des représentants du genre Homo connus, en particulier Homo habilis, que l'on croyait être le premier à tailler des outils.

    C’est une révolution, non seulement parce que cela repousse d’au moins 700.000 ans dans le passé les débuts de l’industrie lithique chez les hominines mais aussi parce que cela indique qu’elle a débuté avant l’apparition du genre Homo. Il semble donc que l’on soit actuellement en présence d’un changement de paradigme au sens de Thomas Kuhn, bien que celui-ci pointait rétrospectivement le bout de son nez depuis quelques années déjà. Ce qui est certain c’est que, comme l’explique Sonia Harmand, « ces outils mettent en lumière une période inattendue et inconnue de l’histoire du comportement des hominines et ils peuvent nous apprendre beaucoup sur le développement cognitif de nos ancêtres que nous ne pouvions comprendre uniquement à partir de leurs fossiles ».

    Jason Lewis fait quant à lui remarquer : « La conception habituelle de l’évolution humaine supposait que l’origine de l’industrie lithique était liée à l’émergence du genre Homo. Le développement de cette technologie était aussi supposé être connecté au changement climatique ayant provoqué le développement de la savane. L’hypothèse était donc que seule notre lignée avait accompli le bond cognitif consistant à faire se percuter des pierres pour en tirer des éclats et que cela avait été à la source du succès de notre processus évolutif ».


    Cette découverte est celle des plus vieux outils taillés par des hominines connus aujourd'hui. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle avec deux barres horizontales en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître, si ce n'est pas déjà le cas. En cliquant ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, vous devriez voir l'expression « Traduire les sous-titres ». Cliquez pour faire apparaître le menu du choix de la langue, choisissez « français », puis cliquez sur « OK ». © YouTube, sbcomm

    Une industrie lithique initiée dans la forêt ?

    On reconnaît dans la réaction de Jason Lewis la formulation de la théorie de l’East Side Story d’Yves Coppens. Bien qu’ayant perdu beaucoup de terrain ces dernières années à la suite de découvertes de fossiles d’hominines au point que son auteur l’ait abandonnée, elle supposait que le changement climatique avait conduit des forêts à se transformer en savane. Nos ancêtres aurait ainsi dû se redresser pour marcher d’une zone restée boisée à une autre et pour repérer au loin la présence de prédateurs ou de nourriture, ce qui avait conduit à la libération des mains, les rendant disponibles pour fabriquer et utiliser des outils.

    Mais l’étude des outils de Lomekwi 3 ainsi que la reconstitution de l’environnement où les hominines les ont taillés dans des blocs de lave lourds et volumineux conduit à une tout autre image. La région autour du site de Lomekwi 3 était en effet plutôt boisée il y a 3,3 millions d’années. « Les hominines qui y vivaient ne devaient probablement pas se trouver dans la savane », selon Jason Lewis. Sonia Harmand ajoute d’ailleurs que l’étude de la taille des outils fait apparaître l'utilisation de gestes qui rappellent ceux des chimpanzés utilisant des pierres pour ouvrir des fruits à coque. On est donc peut-être en présence d’une technologie en transition, utilisée pour exploiter des plantes en forêt et précédant celle utilisée par Homo habilis pendant l’Oldowayen, il y a entre 2,6 et 1,7 millions d’années environ.

    Nous ne sommes probablement pas encore au bout de nos surprises. Sonia Harmand est certaine que les outils trouvés ne sont pas les tout premiers produits par des hominines. Bien que rudimentaires par certains côtés, ils sont trop complexes pour être le produit de chocs au hasard et il doit donc exister des outils plus anciens encore. Les recherches vont donc continuer dans le fascinant bassin du Turkana.


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  • Des chercheurs retracent l'histoire d'une femme de l'Age de bronze

    <figure class="fig-photo"> Le cercueil de «Egtved girl», un tronc de chêne évidé, se trouve au Musée national du Danemark, à Copenhague <figcaption class="fig-media-legende" itemprop="description"></figcaption> </figure>

    Les cheveux et les dents de l'«Egtved girl», une jeune femme de l'Âge de bronze découverte en 1921, révèlent l'itinéraire de sa vie.

    Le saviez-vous? Une partie de votre anatomie peut raconter votre histoire et suffit à retracer votre parcours. 2.400 km parcourus en quinze mois et un décès à plus de 800 km de sa région natale: les restes d'une femme de l'Âge de bronze ont parlé. Sa dépouille avait été découverte en 1921 dans le village de Egtved, au Danemark. Le corps de cette jeune femme d'environ 17 ans reposait dans un tronc de chêne évidé, enroulé dans une peau de bœuf depuis 1370 avant J.-C. Aucun os n'a subsité, probablement en raison de l'eau acide contenue dans le cercueil de chêne. Mais ses cheveux, dents, ongles, peau et vêtements restaient très bien conservés, et ont permis de retracer son parcours dans une étude publiée jeudi dans Scientific Reports (Nature). Cette enquête scientifique menée par une équipe internationale a permis, pour la première fois, de suivre aussi précisément les déplacements d'un de nos ancêtres de la Préhistoire.

    Une dépouille très bien conservée

    Grace aux récents progrès des techniques de traçage - analyses biomoléculaires, biochimiques, alimentaires et géochimiques - les chercheurs sont capables de cartographier la mobilité d'une personne au cours de sa vie. Ainsi, bien que surnommée «Egtved Girl», la jeune femme ne serait pas originaire du village danois, contrairement à ce que l'on a longtemps cru. Pour aboutir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé le strontium contenu dans l'émail de ses dents. Il «fonctionne comme une sorte de GPS», explique Karin Margarita Frei du Musée national du Danemark, coauteur de cette étude. Ce composant chimique, qui nous vient de ce que l'on a mangé lorsque nos dents se sont formées, permet de définir le lieu d'habitation durant l'enfance. «L'analyse des premières molaires de la jeune femme nous indique qu'elle est née et a vécu ses premières années dans une région géologiquement différente de la péninsule du Jutland au Danemark (où se trouve Egtved)», précise la chercheuse.

    <figure class="fig-photo fig-media-gauche" itemscope="" itemtype="http://schema.org/ImageObject"> Haut en laine porté par la jeune fille<figcaption class="fig-media-legende">

     

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    De même, le haut en laine et la jupe formée de bandelettes de laine et de peau de bœuf dans lesquels elle a été inhumée trahissent une fabrication hors du Danemark. «Les moutons qui ont fourni la laine ont brouté dans des pâturages similaires à ceux de la Forêt-Noire», note la chercheuse danoise.

    Originaire d'Allemagne

    La jeune femme serait donc originaire de cette région du sud-ouest de l'Allemagne, à plus de 800 km de son lieu de décès. «Je pense que cette jeune Allemande a été donnée en mariage à un homme du Jutland pour forger une alliance entre deux grandes familles», glisse Kristian Kristiansen de l'Université de Copenhague, également coauteur de l'étude. «Nous ne pouvons pas dire avec précision combien de milliers de kilomètres elle a parcouru ni être sûrs qu'elle a vécu dans la Forêt Noire ou un endroit similaire, cependant, il ne fait aucun doute qu'elle s'est déplacé sur de très longues distances», affirme Karin Margarita Frei. On sait en effet qu'à l'Âge de bronze, les relations entre le Danemark et le sud de l'Allemagne étaient étroites, notamment en raison du commerce de l'ambre et du bronze.

    Si l'émail des dents permet de reconstruire les premières années de la vie, les cheveux, ici longs de 23 cm, donnent des informations sur les deux dernières années et les ongles sur les six derniers mois. Dans le cas de la jeune femme, la partie la plus récente de ses cheveux (6 derniers mois de sa vie) et ses ongles indiquent qu'elle a fait un très long voyage peu avant sa mort. «Environ 15 mois avant sa mort, la jeune femme était dans la région de sa naissance. Elle part ensuite dans la région du Jutland. Après neuf mois passés là-bas, elle revient dans sa région natale pour y rester quatre à six mois, puis repart pour Egtved, un mois avant d'y mourir», explique Karin Margarita Frei.

    L'ensemble des résultats, estiment les chercheurs, obligent à «repenser la mobilité européenne de l'Age de bronze»: les individus bougeaient très rapidement, sur de longues distances et sur de brêves périodes de temps.


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