par Aleksandar Vasovic et Matt Robinson
BELGRADE (Reuters) - Les électeurs serbes votent ce dimanche pour choisir leur nouveau président dans un second tour de scrutin tendu qui oppose le sortant Boris Tadic, donné favori, et le candidat de la droite populiste Tomislav Nikolic, fraîchement converti à la cause européenne.
Bien que la Serbie connaisse une stagnation économique et une hausse du chômage, Boris Tadic, 54 ans, représentant du Parti démocratique (DS) pro-européen, devrait l'emporter sur Tomislav Nikolic, du Parti progressiste serbe (SNS), pour la troisième fois depuis 2004.
Au premier tour, Tadic était sorti en tête avec 26,7% des voix contre 25,5% à Nikolic et depuis, le président sortant a pu compter sur le ralliement des socialistes de l'ancien président Slobodan Milosevic qui devraient conclure un accord de coalition avec DS à la suite des législatives.
Cette alliance empêche SNS, qui a remporté le scrutin parlementaire de justesse, de pouvoir former un gouvernement.
Ce deuxième tour de la présidentielle se dispute dans un contexte de tension d'autant plus exacerbée que l'opposition a accusé le président sortant de fraude sur un demi-million de suffrages.
"Cette fois, nous allons surveiller chaque bureau de vote", a déclaré Tomislav Nikolic après avoir déposé son bulletin dans l'urne à Novi Beograd (Nouvelle Belgrade), une entité de la capitale. "La Serbie ne mérite pas un président soupçonné de vol."
La commission électorale et les observateurs étrangers chargés de surveiller le vote n'ont pas trouvé de preuve à l'appui de ses accusations de fraude lors du premier tour.
L'opposition avait menacé de boycotter ce second tour avant de se raviser et d'accepter finalement de participer en craignant d'être accusée de vouloir déstabiliser le pays.
DOUTES
Tomislav Nikolic menace cependant de faire descendre ses partisans dans la rue en cas de défaite.
Issu de la mouvance ultranationaliste et âgé de 60 ans, Tomislav Nikolic était au gouvernement lorsque l'Otan a bombardé la Serbie en 1999, à l'époque de Slobodan Milosevic, décédé à La Haye avant la fin de son procès pour génocide devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie. Depuis sa dernière défaite électorale face à Boris Tadic en 2008, il se présente désormais comme un partisan du rapprochement avec l'Union européenne.
Des doutes subsistent dans les chancelleries européennes sur la sincérité de cette conversion alors que l'UE a accordé en mars à la Serbie le statut officiel de candidat à l'adhésion, ce qui devrait entraîner l'ouverture de négociations.
Boris Tadic joue sur ces craintes en assurant qu'une élection de son adversaire freinerait le processus de réforme et de réconciliation entre la Serbie et ses voisins de l'ex-Yougoslavie, en particulier son ancienne province du Kosovo, indispensable à une adhésion à l'UE.
"Aujourd'hui est une journée décisive", a dit le président sortant après avoir voté dans un quartier aisé du centre historique de Belgrade. "L'occasion nous est donnée de réaffirmer l'orientation du pays vers la civilisation européenne."
En raison de l'alliance probable au Parlement entre le camp de Boris Tadic et les socialistes, une victoire de Tomislav Nikolic ouvrirait certainement une période difficile de cohabitation. La Serbie est doté d'un régime parlementaire au sein duquel le Premier ministre dispose de nombreuses prérogatives par rapport au président, mais le chef de l'Etat a le pouvoir de bloquer les lois.
Les bureaux de vote ont ouvert à 07h00 et fermeront leurs portes à 20h00 avec des projections officieuses attendues vers 22h00.
Après trois heures de vote, le taux de participation était seulement de 8,4%, soit une baisse de 2,6 point par rapport au premier tour.
Pierre Sérisier et Bertrand Boucey pour le service français