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    PARIS

    Décentralisation: le Sénat rejette la création de la métropole de Paris

    Par , publié le <time datetime="2013-06-03 21:00:00" itemprop="startDate" pubdate="">03/06/2013 à 21:00</time><time datetime="2013-06-03 21:00:00" itemprop="dateModified">, mis à jour à 21:00</time>

    PARIS - Le Sénat a poursuivi lundi le dépeçage du premier projet de loi de décentralisation en rejetant la création d'une métropole de Paris après avoir réduit en cendres, à la veille du week-end, le Pacte de gouvernance territoriale.

    <figure class="ouverture"> Décentralisation: le Sénat rejette la création de la métropole de Paris <figcaption>

    La façade du Sénat, à Paris, le 14 septembre 2011

    afp.com/Jacques Demarthon

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    "J'ai comme une impression de solitude", a soupiré la ministre de la Décentralisation Marylise Lebranchu, constamment mise en minorité depuis le début de l'examen en première lecture de son texte au Sénat. 

    Les sénateurs ont adopté lundi des amendements de suppression des articles traitant de l'organisation de Paris et de l'Ile-de-France, présentés par l'UMP et les communistes (CRC). Les centristes se sont abstenus, sauf trois qui ont voté également cette suppression, mettant le PS et les écologistes en minorité. 

    Ils ont d'abord supprimé par 161 voix contre 156 l'article 10 du texte qui obligeait les départements de la petite couronne à constituer des intercommunalités couvrant tout leur territoire. Puis ils ont éliminé les autres articles qui prévoyaient la création d'une future métropole de Paris constituée de la ville, des intercommunalités de la petite couronne, plus une partie contiguë de la grande couronne. 

    L'UMP a tiré à boulets rouge contre ces articles. La commission des Lois du Sénat avait pourtant préalablement déjà bien réécrit le texte du gouvernement ne donnant que la compétence du logement à la future métropole. 

    "Ce que vous nous proposez c'est dramatique, c'est le contraire d'une métropole intégrée que de couper par exemple les Hauts-de-Seine en 4 ou en 5", a protesté Philippe Dallier. Il a appelé dans un communiqué le gouvernement à "revoir rapidement sa copie" mettant en avant une proposition de fusion des quatre départements de la petite couronne. 

    "On garde tout ce qu'il y a et on rajoute une strate, c'est aberrant", a lancé l'auteur de l'article de suppression Roger Karoutchi (Hauts-de-Seine). "Ce projet donnerait naissance à un nouveau monstre bureaucratique", a-t-il insisté dans un communiqué de presse. 

    Pourquoi tout chambouler ' 

    Les communistes se sont élevés contre le texte pour d'autres motifs. "Des coopérations existent au sein de syndicats, pour les transports, les déchets... pourquoi tout chambouler' N'obligeons pas les communes à achever à marche forcée la carte intercommunale", a expliqué Christian Favier (CRC). 

    "La sagesse serait de retirer l'Ile-de-France du projet de loi et de donner aux élus le temps d'élaborer une vision", a renchéri Vincent Delahaye (UDI-UC). 

    "Au bout de 5 et 6 ans, il n'y a toujours pas de solution qui fasse un minimum de consensus", a admis, dépité, Jean-Pierre Caffet (PS). 

    Vendredi soir c'est un autre pan important du texte qui avait été réduit à sa plus simple expression. Le gouvernement avait prévu de mettre en place une Conférence territoriale de l'action publique (CPAT), nouvel outil pour permettre au niveau régional, aux différentes collectivités et à l'Etat d'organiser leurs compétences entre elles. 

    La commission des Lois avait réduit cette instance à une simple structure "souple et légère" de dialogue et supprimé purement et simplement le "pacte de gouvernance territorial" bras armé de la CPAT. 

    En séance, les sénateurs de droite comme de gauche ont ratifié cette position rejetant inexorablement tous les amendements du gouvernement qui à défaut de revenir à son texte d'origine tentait de donner un peu de corps à cette CPAT. "Ce serait un embrouillamini!", lançait le président de la commission, Jean-Pierre Sueur (PS). Les élus considéraient également cette structure comme une nouvelle tutelle de la région. 

    Seuls les écologistes traditionnellement "régionalistes" ont soutenu la ministre. 

    Le Sénat doit maintenant examiner la création de la métropole de Lyon voulue par son maire PS Gérard Collomb et le président du conseil général du Rhône Michel Mercier (UDI), sujet plutôt consensuel. Viendra ensuite le volet brûlant de la métropole Aix-Marseille-Provence contre laquelle militent 109 maires sur les 119 des Bouches-du-Rhône. 

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  • Le délit d'offense au chef de l'Etat est finalement maintenu par le Sénat

    Créé le 27/05/2013 à 19h07 -- Mis à jour le 27/05/2013 à 19h08
    <aside>Le palais de l'Elysée, à Paris, en mars 2013

    Le palais de l'Elysée, à Paris, en mars 2013 F.DURAND / SIPA

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    POLITIQUE - Le rapporteur du texte a souligné que l'abrogation du délit ne pourra subvenir que lorsqu'un nouveau mécanisme de protection du Président sera établi...

    Le Sénat a maintenu ce lundi le délit d'offense au chef de l'Etat que les députés avaient abrogé, en attendant la réforme du statut juridictionnel du président de la République.

    Les députés avaient supprimé le 15 mai ce délit d'offense au chef de l'Etat, utilisé à six reprises sous le général De Gaulle, dans le cadre d'un projet de loi transposant plusieurs directives européennes dans le domaine de la justice. Les élus estimaient que ce délit n'était «plus justifié dans une démocratie moderne».

    La France condamnée par la CEDH

    Le délit était tombé en désuétude, avant de ressurgir dans le dernier quinquennat, en particulier quand un homme qui avait brandi en 2008 l'affichette «casse-toi pov' con» lors d'une visite de Nicolas Sarkozy, avait été condamné. La France avait été ensuite condamnée par la Cour européenne des droits de l'Homme.

    Le rapporteur du texte, Alain Richard (PS), a souligné dans un premier temps que l'arrêt européen ne remettait pas en cause le délit d'offense au président de la République en tant que tel.

    Attendre la réforme du statut du chef de l’Etat

    Il a indiqué également que l'abrogation du délit ne pouvait pas intervenir sans la mise en place d'un autre mécanisme de protection, puisqu'il s'agit de protéger la fonction de président de la République. Les membres du gouvernement bénéficient d'un tel mécanisme chargé de les protéger contre les injures et la diffamation, a-t-il fait valoir.

    Dans ces conditions, rejoint par la Garde des Sceaux Christiane Taubira, il a préconisé d'attendre la réforme du statut du chef de l'Etat. Le groupe communiste, qui voulait également supprimer ce délit d'offense et avait déposé un amendement en ce sens, l'a finalement retiré pour se ranger aux arguments du rapporteur.

    Avec AFP

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  • Accueil > Education > Le Sénat vote la "refondation de l'école"

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    Le Sénat vote la "refondation de l'école"

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    <time datetime="2013-05-25T07:58:43" itemprop="dateCreated">Créé le 25-05-2013 à 07h58</time> - <time datetime="2013-05-25T07:59:16" itemprop="dateModified">Mis à jour à 07h59</time>

     

    Après l'Assemblée nationale, les sénateurs ont adopté le projet de loi sur l'éducation, apposant une patte de gauche.

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    Vue générale du Sénat, le 13 novembre 2012. (AFP PHOTO / JOEL SAGET)

    Vue générale du Sénat, le 13 novembre 2012. (AFP PHOTO / JOEL SAGET)

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    Le Sénat a adopté en première lecture, dans la nuit de vendredi 24 à samedi 25 mai, le projet de loi de refondation de l'Ecole en y apposant la patte de sa majorité de gauche notamment sur les missions premières de l'école.

    Le texte a été adopté par 176 voix contre 171. L'opposition UMP, UDI-UC a voté contre tandis que PS, CRC (communistes), RDSE (à majorité radicaux de gauche) et écolos ont voté pour. C'est l'un des rares textes du gouvernement a avoir été approuvé par le Sénat de gauche sans l'apport de voix de droite. La partie était pourtant loin d'être jouée, les sénateurs communistes dont les 20 voix sont indispensables à une majorité de gauche très étroite ne jugeant pas le projet à la hauteur de l'ambition.

    Le ministre de l'Education, Vincent Peillon a su faire des pas vers le CRC, retirant par moment certains de ses amendements, épaulé par les sénateurs PS, la rapporteure socialiste Françoise Cartron et la présidente écolo de la commission de la Culture Marie-Christine Blandin. Matignon était opposé à certaines de ces concessions et un bras de fer au sein de la majorité a émaillé en coulisse ce débat entamé mercredi.

    Le projet de loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'Ecole de la République et qui traduit plusieurs promesses de François Hollande a déjà été adopté par les députés le 19 mars. Il prévoit la création de 60.000 postes dans l'éducation en cinq ans, réinstaure une formation des enseignants dès la rentrée 2013 avec les Ecoles supérieures du professorat et de l'Education (Espe) et donne la priorité au primaire avec notamment un renforcement de la scolarisation des moins de trois ans. Il fixe de grandes orientations et devra pour partie être concrétisé par de futurs décrets ou circulaires.

    Le Sénat a réécrit l'article 3 sur les missions premières de l'école affirmant les principes notamment de mixité sociale, de coopération entre élèves, de reconnaissance que chacun doit être considéré comme capable d'apprendre. Sur proposition d'un amendement du gouvernement, la Haute assemblée a décidé de rendre obligatoire la devise de la République "liberté, égalité, fraternité" et le drapeau tricolore au fronton des établissement scolaires ainsi que l'affichage de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789.

    "C'est une espérance qui se lève"

    Le Sénat a inscrit de nombreuses autres principes ou dispositions comme l'assouplissement de l'accès aux langues régionales, l'éducation à l'environnement, le renforcement des mesures en faveur des enfants en situation de handicap, l'expérimentation du dernier mot donné aux parents sur les redoublements...

    Concernant la formation professionnelle, le ministre a retiré ses amendements attribuant aux régions la carte des formations professionnelles initiales, qui avaient provoqué la colère des sénateurs communistes attachés au prérogatives de l'Etat. Vincent Peillon a assuré qu'il "défendra jusqu'au bout les changements pertinents introduits au Sénat". Le texte doit repartir pour une deuxième lecture à l'Assemblée avant de revenir au Sénat.

    "Profondément enrichi par le travail de la Commission, il porte une ambition nouvelle pour notre école après 10 années désastreuses" s'est réjouie Marie-Christine Blandin (EELV). Les communistes se sont félicités "d'avoir obtenu le recul des mesures de régionalisation de l'école". "La réussite et l'équité seront au coeur de l'école de demain : une école publique, laïque, inclusive" a assuré Françoise Laborde (RDSE). "C'est une espérance qui se lève" a lancé Vincent Peillon. "Elever le niveau de tous les élèves et réduire les inégalités scolaires, promouvoir une école juste pour tous et exigeante pour chacun, tels sont les engagements et qui seront tenus", a-t-il ajouté dans un communiqué.

    L'UMP et les centristes ont bataillé contre un texte qui "n'est pas la réforme du siècle" selon Jacques Legendre, lui reprochant notamment de ne pas traiter de l'orientation ni du second cycle du second degré. Pour Françoise Ferat (UDI-UC) il "comporte bien trop de déclarations d'intentions".


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  • Commission d'enquête Sénat sur le rôle effectif des institutions contre l' évasion fiscale - Avis favorables commissions des finances et des Lois

    Exposé des motifs de la résolution du groupe CRC

    L’exposé des motifs insiste particulièrement sur la responsabilité du secteur financier

    dans le déclenchement de la crise économique de 2008, en particulier sur « les produits

    de l’ingénierie financière, comme les produits dérivés, les opérations de titrisation,

    les outils de spéculation à terme ».

    Il ajoute que les banques, qui ont pour mission de « distribuer des financements

    à l’économie de manière équilibrée et pertinente », ont pourtant privilégié

    « les opérations spéculatives tous azimuts » au détriment de l’économie réelle.

    Il en déduit le fait que « la représentation nationale est en droit de demander

    quelques comptes au secteur financier ».

    En outre, l’exposé des motifs relève que « l’État continue de jouer

    un rôle déterminant dans le fonctionnement des marchés » et que diverses

    réformes ont été adoptées, avec « le renforcement, au moins théorique, des

    outils de lutte contre l’évasion fiscale » et « la négociation de nouveaux

    accords de coopération administrative avec des pays considérés comme des

    paradis fiscaux ». Il ajoute qu’il est nécessaire de « mesurer l’efficacité des

    outils » mis en place par le législateur « contre l’évasion et l’optimisation

    fiscales, quitte à en critiquer la mise en oeuvre ».

    L’exposé des motifs conteste l’attitude de certains acteurs financiers,

    en particulier de certains établissements de crédit nommément cités, car ils

    apparaissent comme s’exonérant des efforts collectifs de résolution de la crise

    économique et de réduction des déficits publics, « en jouant judicieusement

    des failles de notre système fiscal, en s’accommodant des règles et des

    principes de la loi, en tirant parti des insuffisances ou des limites de la

    coopération internationale contre l’évasion fiscale au profit des particuliers

    mais aussi des établissements eux-mêmes ».

    Extraits rapport avis Commission des Lois

    EXAMEN EN COMMISSION

    _____

    MERCREDI 17AVRIL 2013

    M. Jean-Pierre Sueur, président

    . – Le 9 avril 2013,

    notre collègue Éric Bocquet et les membres du groupe communiste républicain et citoyen

    ont demandé la création d’une commission d’enquête sur le rôle des banques et

    acteurs financiers dans l’évasion des ressources financières, ses conséquences

    en matière fiscale et sur les équilibres économiques, ainsi que sur l’efficacité

    du dispositif législatif, juridique et administratif destiné à la combattre.

    Cette proposition de résolution a été envoyée au fond à la commission des finances

    et, pour avis, à notre commission...

    Dans la mesure où il s’agit d’enquêter sur la gestion de services

    publics, et non sur des faits déterminés, il n’y a pas lieu d’interroger le garde

    des sceaux, par le truchement du président du Sénat, sur l’existence éventuelle

    de poursuites judiciaires en cours.

    La commission d'enquête sur l’évasion des capitaux et des actifs hors

    de France et ses incidences fiscales, déjà créée à l’initiative du groupe

    communiste républicain et citoyen, a adopté son rapport le 17 juillet 2012, soit

    depuis moins de douze mois. Il est patent que l’objet n’en est cependant pas le

    même, puisqu’il s’agit maintenant d’enquêter sur le rôle des banques et acteurs

    financiers dans l’évasion des ressources financières.

    Dans ces conditions, il ne me semble pas que nous nous trouvions dans le cas

    prohibé par l’ordonnance de 1958 de reconstitution d’une commission d’enquête

    dans un délai de douze mois.

    Les autres conditions de recevabilité étant remplies, je vous propose

    de considérer que la proposition de résolution est recevable.

    La commission déclare recevable la proposition de résolution.

    Quelque chose serait il en train de se passer? Les lignes en train de bouger?

    Soyons prudents en attendant de voir des mesures pour croire, mais c'est plutôt encourageant

    Ci-dessous Rapport intégral de la CDL


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  • «Délit d’obsolescence programmée» :

    les industriels se font discrets

     
    Jean-Vincent Placé veut créer un « délit d’obsolescence programmée »
     
    Etienne Baldit
    Le 23.04.2013 à 18:56     lien

    ordinateurs recyclage - AFP

    © AFP
    Jean-Vincent Placé veut créer un « délit d’obsolescence programmée ». Cette stratégie économique, visant à raccourcir la durée de vie des produits de consommation, reste difficile à démontrer et donc à sanctionner. Les industriels, eux, refusent de communiquer sur le sujet.

    Les lave-linges, téléphones ou imprimantes qui tombent en panne quelques mois après leur achat, les collants qui filent au bout de deux jours, c’est terminé. C’est en tout cas ce que veut Jean-Vincent Placé. « L’obsolescence programmée est une aberration et une impasse », affirme le président des sénateurs écologistes qui veut en finir avec cette pratique, dénoncée aussi fermement par les associations de consommateurs et les mouvements décroissants qu’elle est qualifiée de « mythe » par les industriels. Le phénomène existe depuis bientôt un siècle, mais n’a été médiatisé que récemment, en particulier grâce au documentaire « Prêt à jeter » d’Arte.

    « Sous ce terme sinon barbare, du moins bien complexe, se cache un stratagème industriel qui a de graves conséquences écologiques et sociales », a lancé Jean-Vincent Placé ce mardi, lors d’une question orale au ministre de la Consommation, Benoît Hamon, suivie d’un débat parmi les sénateurs. Cette « question restée trop longtemps taboue » s’invite pour la première fois au Parlement français, grâce à une proposition de loi du sénateur EELV, qui souhaite criminaliser cette pratique. Une récente étude de l’ADEME pointe ses impacts environnementaux : épuisement des matières premières, émissions de gaz à effets de serre, accumulation de déchets… Et selon un rapport de l’association Les Amis de la Terre, malgré un marché saturé, « les achats d’équipements électriques et électroniques ont été multipliés par six depuis le début des années 1990 ».

    37 500 euros d’amende et 2 ans de prison

    L'obsolescence programmée

     

    Conçue comme l’ensemble des techniques visant à réduire délibérément la durée de vie d’un produit afin de pousser les consommateurs à le remplacer, l’obsolescence programmée recouvre plusieurs réalités. L’obsolescence technologique correspond au progrès et à l’innovation, rendant obsolète un produit au profit d’autres, plus modernes ou efficaces. L’obsolescence « esthétique » ou psychologique, elle, renvoie aux phénomènes de mode et au remplacement d’objets encore en bon état. Enfin, l’obsolescence technique consiste à concevoir un produit en anticipant sciemment sa fin de vie, en le programmant pour qu’il tombe en panne juste après le terme de la garantie. C’est cette dernière qui est visée par la proposition de loi de Jean-Vincent Placé.

    L’élu de l’Essonne propose ainsi de créer un « délit d’obsolescence programmée », sanctionné de 37 500 euros d’amende et deux ans de prison pour les industriels la pratiquant. « Mais il ne faut pas diaboliser les entreprises, précise-t-il. Il faut donc agir sur la durée de vie des produits ». C’est sa deuxième proposition : étendre progressivement la garantie légale de deux à cinq ans. Les éventuels frais de réparation ou de remplacement seraient donc à la charge des fabricants plus longtemps, les poussant à améliorer la fiabilité de leurs produits.

    Cette mesure serait complétée par la prolongation du délai facilitant la mise en œuvre de la garantie de conformité, de 6 mois à 2 ans, dispensant le consommateur de prouver l’existence d’un défaut de fabrication. Le texte propose également un meilleur accès et une meilleure disponibilité des pièces détachées, le renforcement de l’information du consommateur et la création d’un bonus-malus sur l’écocontribution en fonction de la longévité des produits.

    « Echaudés », les industriels « ont des arguments bien rôdés »

    Joints par téléphone, ni le Groupement interprofessionnel des fabricants d’appareils d’équipement ménager, ni la Fédération des industries électriques, électroniques et de communication, ni le Groupe des fédérations industrielles, n’ont souhaité commenter ces mesures. Tout juste un attaché de presse confie-t-il que « ce n’est pas un sujet sur lequel ils souhaitent s’exprimer, ils sont échaudés ». Pour Lydie Tollemer, juriste au Centre européen des consommateurs, « ils n’ont aucun intérêt à laisser entendre que l’obsolescence programmée existe réellement. Il semble que les industriels sont les seuls à ne pas savoir ce que c’est, à ne pas comprendre que nous en débattions ». Sans doute sortiront-ils du bois à l’heure du lobbying contre cette loi…

    Pourtant, comme l’a rappelé Jean-Vincent Placé, « les impacts sociaux, économiques et environnementaux de cette pratique ont suscité les prises de position de nombreux experts, rendant caduque l’affirmation des industriels selon laquelle l’obsolescence programmée serait un mythe ». « Ce n’est pas un concept paranoïde ou complotiste, a renchéri Benoît Hamon. Ce n’est d’ailleurs pas un concept, mais une pratique documentée ». Le problème, c’est qu’elle est quasiment impossible à prouver. « Tant que nous n’avons pas de documents internes aux entreprises démontrant clairement sa mise en œuvre, on ne peut pas déterminer avec certitude s’il s’agit de défaillances ou d’une stratégie délibérée, poursuit Lydie Tollemer. Pour les industriels, ça n’existe pas. Ils ont des arguments bien rôdés. Soit les problèmes sont dus à la complexification des objets par l’introduction de composants électroniques, qui tombent plus facilement en panne, soit c’est parce qu’en réduisant les coûts pour offrir des produits accessibles au plus grand nombre, ils utilisent des matériaux de moins bonne qualité ».

    Comment prouver ?

    D’où son scepticisme quant au délit et à l’amende que veut instaurer Jean-Vincent Placé. « Il est important d’imposer une sanction, sinon la loi ne crée aucune véritable obligation. Mais il faudrait un organisme impartial d’experts, dont les financements ne viendraient ni de l’Etat, ni des industriels. Et encore, quels produits doit-on tester ? Une fois qu’ils sont tombés en panne, ou avant leur mise sur le marché ? Les plus chers, les moins chers, au hasard ? Ceux de tous les constructeurs ? », s’interroge-t-elle. Sans cela, la sanction de ce délit paraît non pas impossible, mais « difficilement applicable ».

    La juriste est en revanche convaincue par l’allongement de la durée de la garantie légale : « Les fabricants auront tout intérêt à faire en sorte que leurs produits durent plus longtemps. Ils seront plus engagés vis-à-vis des consommateurs ». Et reste à régler la question de l’enseignement, dans les écoles d’ingénieur et les formations professionnalisantes, de la stratégie de l’obsolescence, qui semble être un élément théorique courant. « Beaucoup d’anciens ingénieurs ont aussi témoigné, disant que leurs supérieurs hiérarchiques leur demandaient de produire quelque chose de suffisamment fiable pour fidéliser le client, mais pas trop afin de permettre le remplacement », selon Lydie Tollemer.


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