Le XV de France a rendu une copie ambivalente dimanche contre l'Ecosse à Edimbourg dans le Tournoi des six nations, suffisante pour s'imposer dans l'adversité mais pas assez solide pour aborder sereinement la réception de l'Irlande dimanche au Stade de France.
Après la victoire contre l'Italie (30-12), le 4 février, l'entraîneur français Philippe Saint-André avait filé la métaphore du "verre à moitié plein ou à moitié vide". Le constat est tout aussi valable après le succès d'Edimbourg (27-13).
A l'actif des Français, une sérénité parfois impressionnante malgré le début de match tonitruant des Ecossais déchaînés et rapidement récompensés par un 10 à 0, une discipline toujours au rendez-vous (5 pénalités concédées, contre 6 données aux Italiens), une efficacité offensive confirmée et une mêlée sûre d'elle-même et dominatrice.
Mais au rayon des imperfections, Saint-André s'est montré beaucoup plus prolixe lundi, après une nuit de réflexion et quelques heures d'analyse vidéo, que lors de ses commentaires immédiats d'après-match.
Les "axes de travail" avant la réception des Irlandais sont clairement identifiés: de nouvelles difficultés en touche, trop de ballons perdus dans les rucks et 13 pour cent de plaquages manqués, un chiffre jugé rédhibitoire au niveau international.
Surtout, "le fait récurrent, contre l'Italie et l'Ecosse, c'est qu'on met vingt minutes à vraiment entrer dans la partie. Si on le fait contre les Irlandais, ça ne passera pas au Stade de France", a averti l'entraîneur français.
Si le sang-froid des troupes, né au gré des galères rencontrées lors de la Coupe du Monde 2011 en Nouvelle-Zélande, a permis de redresser rapidement la barre, le mal serait profond et puiserait ses racines dans la différence abyssale de vitesse et d'intensité entre les matches de championnat de France et le niveau international.
"Il va falloir vraiment que le rugby français ait une réflexion. Est-ce qu'on va être capable d'enchaîner quatre matches d'affilée à 44, à 50 minutes de temps effectif de jeu notamment dans la préparation, la récupération ?", s'est interrogé Saint-André, avant de conclure: "on va peut-être d'abord chercher des athlètes et ensuite leur apprendre à jouer au rugby."
Ce constat est d'autant plus pertinent que le XV de France vient seulement d'entamer une série, inédite dans le Tournoi, de quatre rencontres en autant de week-ends consécutifs, conséquence du fiasco du report de France-Irlande le 11 février pour cause de terrain gelé au Stade de France, finalement reprogrammé dimanche.
Après le XV du Trèfle, très en vue samedi face à l'Italie (42-10), les Français affronteront l'Angleterre et le pays de Galles, les deux ténors anglo-saxons du Tournoi au demeurant revanchards contre les Français après leurs éliminations en quart et en demi-finale du Mondial.
Pour l'Irlande, les Français devront se passer de l'arrière Maxime Médard, auteur du second essai français et sorti sérieusement blessé à un genou. Un autre Toulousain, Clément Poitrenaud, a été appelé lundi et a de sérieuses chances de débuter la partie comme titulaire.